Nouvelle étoile montante de la chanson moderne kabyle, Idris Bellabas parle de son album Anda kem et des aléas du secteur artistique.
La Dépêche de Kabylie : Une petite présentation pour les lecteurs…
Idris Bellabas : Je suis né le 25 juillet 1988 au village Ahriq, dans la région de Bouzeguène. J’ai commencé la chanson depuis une dizaine d’années, même si j’ai été bercé par la musique depuis ma tendre enfance, car j’ai été élevé dans une famille d’artistes. J’ai une préférence pour le style occidental, notamment le Folk-Rock. J’ai eu la chance de travailler avec Karim Abranis, je lui suis redevable de m’avoir permis d’assouvir ma passion.
Que nous diriez-vous de votre album ?
Il est constitué de 7 titres. C’est un travail de longue haleine. Nous avons passé une année à le réaliser, j’y ai introduit plusieurs sonorités et j’ai touché à plusieurs styles musicaux comme le folk rock, le blues, etc. Mes compositions musicales reflètent parfaitement mes influences. J’écoute les Abranis, Cheikh Sidi Bémol, Ali Amrane, entre autres. Ils sont, en quelque sorte, mes idoles, en plus, bien sûr, des stars mondiales. En ce qui concerne la conception de cet album, je tiens à signaler que c’est un travail de groupe, le résultat d’une coopération et une collaboration entre plusieurs musiciens et techniciens de ce domaine. Quant à la thématique, j’ai abordé des sujets sociétaux, qui traitent du quotidien de mes contemporains. Dans «Ur d i yi-d-hedder fellas», j’aborde le chagrin amoureux, dans le deuxième titre «Anida-kem», il est question du manque, de l’absence. Le troisième titre «Rrundivu» (Rendez-vous), rentre dans le registre humoristique, même s’il aborde un sujet très sérieux. «Nudeɣ-kem» parle du passé, dans un style blues. «Akka i yi-semman», un titre funk, parle de mon vécu, il est très personnel, même intime. La sixième chanson «La yettru wul» soulève un cocktail de soucis et de contraintes auxquels sont confrontés les jeunes dans notre société, des sujets tabous dans une société à dominante traditionnelle. «Asafu», le dernier titre, se veut une petite analyse de certains sentiments et ressentis qui empoisonnent la vie quotidienne de chacun de nous, comme la jalousie, l’hypocrisie, l’égoïsme… J’espère que le public appréciera.
Ce style, c’est pour ouvrir l’horizon à la langue kabyle ou enrichir la chanson kabyle?
J’ose espérer atteindre ces deux objectifs. Je veux transmettre ma langue aux autres, à plus de gens possible, et intégrer de nouvelles sonorités et d’autres styles à la chanson kabyle. J’aimerais faire découvrir la musique universelle à ceux qui ne la connaissent pas encore. Toutefois, mon album est habité de sonorités kabyles, j’y ai utilisé la mandole, le bendir, etc.
Qu’en est-il des contraintes de l’enregistrement et de l’édition ?
Je dois dire que l’on souffre sur le plan financier. L’enregistrement, à lui seul, nous coute les yeux de la tête. J’ai choisi un bon studio et des musiciens talentueux, donc je dois débourser un peu plus. Et quand on pense que notre travail sera piraté dès sa sortie, on imagine bien les conséquences.
Est-il réellement difficile pour un jeune chanteur de s’imposer, même avec des produits de qualité ?
Absolument, c’est très difficile de se faire un nom de nos jours. Nous n’avons pas une vraie industrie dans le secteur de la chanson. Il y a aussi le problème de publicité. Beaucoup de jeunes talents sont restés dans l’anonymat, faute de soutien et de scènes. Je dirai que les médias jouent un rôle primordial dans la promotion des chanteurs. Et dans cette optique, j’essaie, tant bien que mal, de faire moi-même un travail de coulisse.
Des scènes pour bientôt vous concernant ?
Oui, il y aura des scènes, bien sûr. D’ores et déjà mon éditeur m’a communiqué quelques dates. Je commencerai à Béjaïa. Et ce n’est pas fortuit, le public béjaoui est en effet très branché sur ce genre de style. Le public de la grande Kabylie penche plutôt pour le folklorique, le traditionnel. Ça n’est bien évidemment qu’un point de vue. J’aimerais aussi bien sûr me produire à Oran, Constantine et Alger.
On vous laisse conclure…
Permettez-moi de profiter de cette occasion pour adresser un grand merci à mon frère Idir qui m’a poussé et encouragé à suivre ma passion. Ma reconnaissance va également à Lahlou Hammoudi, Samir Sebban, Hamid Sahmi et Yanis Brahimi, qui m’aident et m’assistent. Je remercie par ailleurs La Dépêche de Kabylie qui se fait un devoir d’encourager les jeunes talents.
Entretien réalisé par F. H.