Les infirmiers, les médecins ainsi que les sages-femmes exerçant au niveau de l’établissement public hospitalier (EPH) Mohammed Boudiaf de Bouira, ont observé, hier matin, un arrêt de travail de deux heures, suivi d’un rassemblement de protestation devant le bloc des urgences de l’hôpital.
Cette nouvelle action de protestation, qui a regroupé l’ensemble des corps de la santé, a été décidée la veille par les employés de l’hôpital afin de dénoncer «la dégradation de leurs conditions de travail au sein de l’hôpital de Bouira.» Les protestataires que nous avons rencontrés hier matin sur les lieux, ont aussi dénoncé l’absence de réaction des responsables de l’hôpital et de la Direction de la santé de la wilaya face à leurs revendications. Ils avancent, aussi, que leurs conditions de travail ne cessent de se dégrader malgré leurs nombreuses actions de protestations et alertes adressées aux responsables du secteur. Toujours selon les protestataires, les services médicaux de l’hôpital de Bouira manquent cruellement de moyens humains et matériels, mais surtout de médicaments et de traitements nécessaires. Un manque flagrant qui se répercute négativement sur le traitement des malades, selon-eux : «Nous sommes obligés à chaque fois de reporter des dates de consultations et de traitements de nos malades, en raison de l’absence de médicaments nécessaires. Pour les cas urgents, ce sont les proches des patients qui achètent avec leurs propres moyens certains traitements dont nous ne disposons pas. Le ravitaillement des services par les médicaments demeure défilant, et non seulement les patients sont pénalisés, mais aussi nous infirmiers et médecins, car nous nous retrouvons à chaque fois face à l’incompréhension, voire la colère, des patients et de leurs proches qui nous accusent de ne pas vouloir les soigner, alors que c’est faux !» explique un médecin exerçant au service d’oncologie. Selon notre interlocuteur, les patients traités au sein de ce service sont les plus affectés par cette pénurie de médicaments : «Rien que ce matin (hier matin ndlr), nous étions obligés de reporter d’un mois toutes les dates des séances de chimiothérapie, en raison de l’absence prolongée des traitements nécessaires. Les malades souffrent et l’administration ne réagit toujours pas à nos nombreuses doléances, malgré la disponibilité des médicaments au niveau de la pharmacie centrale des hôpitaux», a-t-il encore ajouté. En plus du manque des médicaments et des moyens, les protestataires ont, par ailleurs, soulevé d’autres revendications et préoccupations. Ils ont, ainsi, tenu à dénoncer le retard du paiement de leurs salaires qui dure depuis le mois de décembre dernier. Ces derniers ont aussi soulevé l’éternel problème d’insécurité à l’intérieur de l’hôpital et plus particulièrement au sein du pavillon des urgences. Selon-eux et malgré les nombreux cas d’agressions physiques perpétrés contre le corps médical enregistrés ces derniers mois, aucune nouvelle mesure pour le renforcement de la sécurité n’a été entreprise par l’administration : «On a subi trois agressions physiques contre des médecins et des infirmiers en une seule semaine. Nous sommes toujours confrontés au même problème au niveau du pavillon des urgences et nous craignions le pire. Nous avons proposé l’ouverture d’une nouvelle unité des urgences indépendante dans la ville de Bouira pour désengorger celle existante et aussi pour réduire la pression sur l’hôpital. Malheureusement, la directrice de la santé ne nous a même pas reçus pour qu’on puisse lui expliquer notre proposition», dira un infirmier, membre du syndicat des paramédicaux (SAP). Interrogé à propos du retard de paiement des salaires, le directeur de l’EPH, M. Djamel Boutmeur, a avancé qu’il s’agit d’un problème d’ordre administratif qui sera réglé dans les prochains jours : «Comme nous avions recruté de nouveaux médecins dans notre organigramme, une nouvelle démarche de comptabilité était nécessaire en plus des rectifications de comptabilité exigées par le contrôleur financier, mais ce problème sera réglé dès aujourd’hui (hier mardi ndlr)», a-t-il expliqué. À propos du problème d’insécurité au sein du pavillon des urgences, le même responsable a déclaré que des démarches pour le renforcement des agents de sécurité au sein de ce service ont été entreprises. À noter pour la fin que des cadres de la Direction de la santé et de la population de Bouira ont été dépêchés sur les lieux de la protestation, pour dialoguer avec les contestataires, qui eux, campaient toujours sur leur position à l’heure où nous mettions sous presse. Oussama Khitouche