Le colloque sur la vie et l’œuvre d’Ibn Khaldoun, qui s’est tenu à Béjaïa, a suscité l’intérêt du public, notamment des étudiants. S’il est vrai qu’Ibn Khaldoun est un penseur universel, qui a donné à l’histoire, une place qu’elle n’avait pas jusque-là dans l’organisation du savoir, la débarrassant de toute spéculation philosophique, il reste avant tout, pour nous, Maghrébins, l’auteur de “l’Histoire des Berbères”, maintes fois éditée et traduite, dont pour le français, la traduction du baron de Slane, au 19ème siècle. “L’histoire des Berbères”, traite de l’histoire du Maghreb, depuis les origines (telles que se les figuraient les auteurs arabes classiques) jusqu’au 14ème siècle. Ce n’est pas un exposé suivi des événements, mais une histoire généalogique des tribus berbères et des dynasties qu’elles ont produites. Cette méthode d’exposition brise la chaîne chronologique mais elle permet de mieux présenter chaque dynastie, plusieurs d’entre elles étant contemporaines, sans oublier que certaines tribus ont fourni des dynasties différentes. S’il est vrai qu’Ibn Khaldoun n’a pas toujours été objectif, comme le lui commande sa célèbre conception de l’histoire (voir ses remarques désobligeantes sur la langue berbère), son ouvrage, pour la connaissance de l’histoire des Berbères est indispensable, et il constitue, pour certains événements ou personnages, notre seule source. On comprend qu’il soit toujours d’actualité.
S. Aït Larba