«Il s’agit d’une guerre de repositionnement syndical»

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Le directeur de wilaya de l’éducation, M. Bader Brahim, est convaincu que les mouvements de grève répétitifs, notamment celui du Cnapeste, qui secouent son secteur depuis la rentrée scolaire, sont, essentiellement, motivés par la volonté des syndicats protestataires de s’affermir en prévision des élections prochaines pour le renouvellement des commissions paritaires et celles des œuvres sociales.

«Il s’agit d’une guerre de repositionnement syndical à l’approche des élections du renouvellement des commissions paritaires et celles des œuvres sociales, prévues dans quelques semaines. Chaque syndicat cherche à se positionner pour gagner ces élections. Cela peut être légitime, mais il ne devrait pas se faire au détriment de la scolarité des élèves, qui est un droit constitutionnel», a-t-il affirmé lors d’une conférence de presse qu’il a animée, hier, au siège de l’Académie. L’orateur argumente son affirmation par la nature même des raisons mises en avant par le Cnapeste pour appeler à la première grève illimitée, le 24 novembre dernier. «Les raisons évoquées au début par le Cnapeste pour entrer dans une grève ouverte étaient nullement objectives. Ils ont demandé le départ des chefs de service du personnel et des moyens et le chef du bureau de l’enseignement primaire, alors que cela ne relève aucunement de la compétence des syndicats», a-t-il expliqué. Malgré cela, souligne-t-il, ces fonctionnaires de la direction de l’éducation ont démissionné de leurs postes respectifs «pour préserver l’intérêt des élèves et leur scolarité.» En outre, le DE qui n’a pas, toutefois, nié l’existence de problèmes et de lacunes au niveau du secteur de l’éducation à Béjaïa, a indiqué que ces difficultés sont communes à toutes les wilayas du pays. «Il est vrai qu’il y a des dossiers administratifs non encore assainis et des situations financières qui tardent à être régularisées, mais cela est commun à toutes les wilayas et ne pourrai en aucun cas justifier une grève illimitée», a déclaré M. Bader. Par ailleurs, ce dernier a mis ces retards dans l’assainissement des situations financières et administratives pendantes, en partie, sur le compte d’autres institutions. «Il faut savoir que nous dépendons respectivement, dans le traitement de ces dossiers, du contrôleur financier, de l’inspection de la fonction publique et du Trésor de wilaya. Chacune de ces institutions prend un temps pour traiter les dossiers que nous lui transmettons, d’où ces retards», a-t-il annoncé. L’autre argument avancé, cette fois-ci, par le S/G de l’éducation, B. Ben Mansour, pour justifier le retard accusé dans le traitement des dossiers financiers et administratifs des enseignants, est lié aux incidents de saccage dont a été victime le siège de l’Académie, ces derniers temps. «Le 20/12/2016, date de la clôture de l’année financière, le siège de la DE a subi des actes de saccages ayant touché une trentaine de ses bureaux. Aussi, le 02/02/2017, après l’adoption de la loi de finances, notre siège a été victime des mêmes actes de vandalisme. Le bureau du service des personnels a été incendié et saccagé», a-t-il affirmé.

Une commission ministérielle à pied d’œuvre

Le directeur de l’éducation a annoncé qu’une commission ministérielle est à pied d’œuvre dans la wilaya de Béjaïa depuis avant-hier. «À l’issue de la rencontre ayant regroupé Mme la ministre de l’Éducation nationale avec une délégation du Cnapeste, lundi dernier, une commission ministérielle a été dépêchée dans notre wilaya pour étudier la situation du secteur et nous accompagner dans la résolution des problèmes rencontrés. Il ne s’agit pas d’une commission d’enquête, mais d’accompagnement», a-t-il précisé. Une première commission a été envoyée dans la wilaya de Béjaïa, du 5 au 14 décembre 2017, suite à la grève illimitée enclenchée par le Cnapeste en date du 24 novembre. Cette commission a été reçue par le bureau de wilaya du Cnapeste, ce qui a conduit à la suspension du mouvement de grève. Toutefois, le syndicat protestataire est revenu, quelques jours après, à la charge, dénonçant la non-satisfaction de ses doléances. En ce qui concerne les mesures qui seront prises à l’encontre des enseignants grévistes en cas de continuité de leur mouvement de grève, le DE a indiqué qu’il appliquera la réglementation en vigueur. «J’ai déjà ordonné aux chefs des établissements de mettre en demeure les enseignants grévistes, après que la justice ait confirmé l’illégalité de cette grève. Il y aura aussi la ponction sur salaire. Si des grévistes ne réagissent pas aux deux mises en demeure, ils seront radiés, conformément à la loi», a-t-il averti. Interrogé sur ce que compte faire l’Académie de Béjaïa pour rattraper le retard accusé dans les programmes à cause de ces mouvements de grève, le DE a annoncé le recrutement d’enseignants suppléments. «Nous avons donné l’autorisation aux chefs d’établissements scolaires concernés de recruter des suppléments. Ces derniers ne vont pas remplacer les enseignants grévistes, mais ils donneront une aide aux classes accusant des retards. C’est la DE qui prendra en charge leurs honoraires», a-t-il promis.

Boualem S.

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