«L’état algérien a retrouvé ses repères»

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Le directeur du Centre national pédagogique et linguistique, CNPLET, Abderrazak Dourari, considère que l’officialisation de tamazight est le fruit de plusieurs luttes politiques et culturelles. Des luttes et une reconnaissance qu’il faudra capitaliser, fera-t-il comprendre lors d’une conférence animée, avant-hier, à Tizi-Ouzou.

Pour M. Dourari, l’officialisation de tamazight dans la Constitution de février 2016 «intervient après de nombreux cumuls de luttes politiques et culturelles», précisant son point de vue en citant le printemps berbère et le printemps noir. «Ces luttes ne sont pas propres à nous», notera-t-il. Dourari regrette qu’une des luttes menées par la population de la Kabylie se soit soldée par la mort de 127 jeunes. Les différentes étapes et non des moindres et le plus souvent atroces ont tout de même abouti à cette reconnaissance de l’identité. Elle débuta en 1996, avec la reconnaissance dans la Constitution algérienne de l’amazighité comme composante de l’identité nationale, puis reconnue comme deuxième langue nationale en 2002 et enfin son officialisation en 2016, a-t-il retracé. Pour le conférencier, cela «constitue un basculement vers l’algérianité et un chamboulement total dans la société». «Aujourd’hui, les Kabyles savent qui est l’ami et qui est l’ennemi», dira-t-il encore. Cette reconnaissance historique touche le volet démocratique, déjà instauré dans Tadjemaâ à travers tous les villages, et ce basculement provoquera, sans aucun doute, l’avancement du statut de la langue amazighe, renforcera l’amazighité et par ricochet la démocratie dans notre pays qui pourra être fier de son multiculturalisme, a encore développé le directeur du CNPLET. Dourari avancera avec une note de satisfaction : «L’État algérien a retrouvé ses repères, a reconnu ses profondes racines et s’est défini par rapport aux autres pays arabes en revoyant ses copies. C’est un défi qui aboutira et la démocratie linguistique s’imposera par la production. Sans ça, nous casserons notre langue», dira le conférencier. Les débats ont été plus que fructueux et les intervenants ont longuement abordé le volet du caractère d’écriture : «Il ne faut pas unifier le caractère d’écriture et la décantation se fera avec la production écrite. C’est un problème pédagogique que les intervenants posent et c’est aux spécialistes et membres de la future Académie berbère qu’échoient la responsabilité et la décision pour les caractères. Les variantes sont nombreuses et il ne faut pas perdre de vue leur impacte dans l’avancée de la langue», conclura-t-il.

M A Tadjer

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