86 militants démissionnent

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Rififi au RCD de Béjaïa. Dans une déclaration datée du 5 février dernier, 86 militants ont annoncé leur démission de la section d’El-Kseur du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD).

Cette démission collective fait suite à la suspension de dix militants activant dans ladite section, expliquent les signataires de la déclaration dont nous détenons une copie. «Il est clair que toute démarche entreprise en dehors du cadre des structures élues n’est qu’intrigues, coups bas et viols de la souveraineté. Le militant a le droit, et la liberté, de participer à la vie politique, à la gestion des affaires publiques et à leur contrôle. Les instances organiques, tel que prévu par les statuts et le règlement intérieur du parti, sont censées protéger la souveraineté des assemblées générales dans toutes les résolutions et décisions prises en leur sein», lit-on dans le document. Les démissionnaires du RCD énumèrent les raisons de leur retrait : «A la veille du 5e congrès du parti, on apprend que des lettres de suspension provisoires des rangs du RCD ont été signifiées par le président du bureau régional de Béjaïa à 10 camarades, sans que les causes ne leur soient communiquées. La seule lecture possible : interdire à ces militants de participer au 5ème congrès du RCD prévu du 9 au 10/02/2018. Ce n’est pas parce qu’on possède un cachet humide qu’on peut établir n’importe quel document ! Le message est clair : le parti est devenu un appareil et une propriété privée. A El-kseur, dix militants des plus dévoués ont été suspendus. En réalité c’est le RCD d’El-Kseur qui a été suspendu». Les démissionnaires disent être arrivés à la conclusion suivante : «L’espace de fonctionnement à l’intérieur des structures politiques n’est plus le lieu idoine où le militant et le citoyen peuvent exposer leurs doléances et exprimer leurs convictions». Les 86 démissionnaires du RCD rappellent, «avec amertume», les conditions dans lesquelles se sont déroulées les dernières élections locales : «Lors de la première assemblée relative aux élections communales de novembre 2017, et dans l’optique de remédier aux lacunes constatées par le passé, les militants ont pris la décision d’opérer un tournant décisif et un changement dans l’approche qui était de mise jusque-là. C’est à ce moment-là qu’un militant, cadre dirigeant du parti, s’y est opposé, lorsqu’a fait surface l’affaire du logement octroyé à un commis de la République non résidant à El-Kseur en 2012, induisant le P/APC en erreur. Il était question de faire appel à l’élite intègre locale et de mener une réflexion pour un meilleur programme de développement de la commune. A cet effet, une commission a été élue à la majorité écrasante de l’Assemblée générale, et fut chargée de faire le travail. Après deux mois, une deuxième assemblée fut organisée, la commission présenta son travail et fut reconduite pour l’élaboration de la liste et du classement final. Au fur et à mesure que les noms figurant sur la liste des candidats étaient connus et les procédures démocratiques et transparentes constatées, un engouement était suscité parmi la population d’El-Kseur donnant le RCD gagnant à la majorité. Mais quand la féodalité locale et l’archaïsme se sont affolés face à ce que pouvaient devenir leurs intérêts, une machination fut mise en place par les ennemis du RCD pour casser la liste, établie à l’unanimité par une commission élue. Qu’un militant ou un citoyen porte son choix sur l’homme issu de sa tribu ou de son village est en soi compréhensif. L’imposer au détriment de la majorité devient un dérapage dangereux pour la cohésion sociale. La machination s’est faite avec la complicité de certains membres du conseil national et du bureau régional du parti, parmi eux bien sûr des militants RCD d’El-Kseur. Ainsi, toute la liste a été refaite par la commission de recours au niveau wilaya, sans aucun justificatif valable. Dix-huit parmi les vingt-cinq candidats de la liste ont retiré leurs dossiers de candidatures pour ne pas cautionner le hold-up de la souveraineté de l’AG des militants. Ce jour-là le RCD a perdu non seulement les élections communales et de wilaya mais aussi tout espoir de redressement et toute crédibilité citoyenne». Les ex-militants d’El-Kseur disent même avoir saisi Mohcen Belabbès, le premier responsable du RCD, mais en vain : «Le premier responsable du parti a été saisi officiellement par écrit et une entrevue a été faite avec lui durant la compagne électorale. Malheureusement, ce dernier a banalisé l’affaire et aucune suite ne nous a été donnée. Après les élections, plusieurs autres tentatives ont été faites auprès du bureau régional et du président du parti pour essayer de trouver une issue à ce conflit, sans résultat. Apparemment et malheureusement, au RCD, le simple militant n’a pas droit à la parole ni ne doit s’occuper des affaires du parti», écrivent-ils. C’est pour toutes ces considérations que les 86 militants de la section d’El-Kseur (dont une vingtaine sont membres fondateurs) se déclarent démissionnaires du RCD, car, disent-ils, «avons perdu tout espoir de voir le RCD exercer une vraie démocratie. Néanmoins notre démission organique ne nous absout pas de notre responsabilité en tant que militants politiques. Nous resterons à la disposition de nos concitoyens et de tous les militants pour la construction d’une Algérie forte et prospère», concluent-ils.

Rachid Z.

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