«J’ai découvert des pratiques contraires à toute logique»

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Le maire d’Aghbalou, M. Hamoum Nacer, élu sur la liste RCD avec sept sièges sur les 15 que compte cette commune de haute montagne, située au nord-est de la wilaya de Bouira, revient dans cet entretien sur les insuffisances qu’enregistre la municipalité et son plan d’action pour y remédier.

La Dépêche de Kabylie : Quel constat avez-vous fait à votre arrivée à la commune ?

Hamoum Nacer : Nous avons relevé beaucoup d’insuffisances sur tous les plans. Il y a le plan humain, matériel et celui de l’organisation du travail. Sur ce dernier plan, j’ai constaté une désorganisation dans le travail et dans le fonctionnement des services de l’APC. Cela s’est répercuté sur la gestion de la commune et la prise en charge des préoccupations de la population. Sur le plan matériel, j’ai noté des carences au niveau du parc roulant. Déjà il n’existe pas une structure digne de ce nom pour abriter ledit parc. La bâtisse qui l’accueille est vétuste. Sur le plan des moyens, le parc roulant est ancien, sous équipé et demande à être renouveler et surtout à être renforcer. À titre d’exemple, nous disposons seulement de deux camions pour le ramassage des ordures dans une commune de 22.000 habitants et qui compte 7 villages et plusieurs zones éparses. Cela est très insuffisant. Le matériel actuel est chinois et la pièce de rechange est rare. Il y a aussi un problème de manque de moyens humains. Actuellement, le gros du personnel de la commune est absorbé par les écoles primaires pour des tâches de nettoyage, cuisine et gardiennage. Il y a une partie du personnel qui s’occupe de la régie communale des eaux. Toujours sur le plan des ressources humaines, la commune manque également des cadres pour gérer les différents services. L’autre insuffisance que j’ai relevée concerne la vétusté des réseaux d’assainissement et des rejets qui demandent à être repris. Beaucoup de réseaux ont été réalisés il y a de cela quelques années mais, depuis, il y a eu un boom urbain et des extensions du tissu. Un autre problème, et pas des moindres, celui de l’approvisionnement en eau potable. Cela est valable tant pour la ressource que les ouvrages de stockage. La commune enregistre des carences sur le plan de l’aménagement et de la collecte des déchets ménagers.

Y a-t-il un plan pour remédier à toutes ces insuffisances ?

Oui, bien évidemment. J’ai un plan pour prendre en charge les problèmes qui se posent. Certains de ces derniers exigent à être traiter progressivement et je vais m’atteler à les régler au fur et à mesure. Par contre, il y a des insuffisances qui nécessitent un traitement en urgence. Sur le plan du fonctionnement par exemple, des mesures s’imposaient. À ce titre, j’ai adopté une approche pédagogique car il faut un temps d’adaptation. Il y a ce que j’appelle la période de tolérance au cours de laquelle le personnel découvre et se familiarise avec la méthode de travail des nouveaux élus et du P/APC. Ceci dit, cela ne m’a pas empêché de recadrer certaines choses. J’ai découvert des pratiques contraires à toute logique. Je peux citer à ce propos la question des récupérations. Certains fonctionnaires comptabilisent 100 jours de récupération. À mon avis, les agents de l’administration ne disposent pas de récupération. J’ai demandé d’assainir la situation pour mettre fin à cette gabegie. Sur le plan du travail, j’ai institué des briefings chaque dimanche pour améliorer le fonctionnement des services. J’ai instauré une nouvelle méthode de travail et j’ai fait en sorte de réorganiser tous les services.

Vous avez évoqué un problème d’approvisionnement en eau potable. Qu’en est-il réellement et y a-t-il des solutions en vue ?

Comme je l’ai expliqué au départ, nous avons à la fois un problème de la ressource et de stockage. S’agissant des ouvrages de stockage, nous avons un projet de réhabilitation d’un réservoir au chef-lieu communal dont la réalisation se fera incessamment. Après mon installation, j’ai demandé d’abord une étude du sol avant le démarrage des travaux du réservoir. Les essais étaient concluants ce qui va permettre le lancement des travaux. Il y a aussi un projet de réservoir de 300 m³ implanté à Selloum qui viendra renforcer les capacités de stockage. Là encore, j’ai demandé l’arrêt momentané des travaux car il n’y avait pas une étude de sol faite au préalable. En plus de cela, il y a un projet de réalisation d’un nouveau réservoir au chef-lieu. Ce projet est accordé dans le cadre des programmes PSD et il est géré par la direction des ressources en eau. Le projet n’est pas encore lancé mais une fois achevé, il sera d’un grand apport en termes de capacité de stockage. Il a y aussi un château d’eau réalisé à Bouaklane. Sur le plan de la ressource, le wali nous a accordés un projet de réalisation d’un forage qu’on a décidé de réaliser sur les hauteurs du chef-lieu. On compte le lancer l’été prochain. Et encore un autre forage dont les travaux sont achevés. Ce puits demande à être nettoyé avant sa mise en service. Il est question aussi de l’adduction de la source Tala N’dahmane. En outre, nous comptons réhabiliter deux forages à Takerboust. Un privé nous a proposé un terrain pour réaliser d’une bâche à eau. Nous avons aussi fait plusieurs propositions de projets dans le cadre des PCD de 2018 dans le secteur de l’hydraulique dont certains concernent la réalisation de nouveaux réservoirs d’eau et la réhabilitation des réseaux AEP à travers les villages de la commune. J’espère que toutes ces opérations vont aider à améliorer la situation.

La collecte des déchets ménagers connait des insuffisances ces dernières années. Y a-t-il eu des actions pour y remédier ?

Dès mon installation, je me suis penché sur ce problème et je me suis attelé à réorganiser la collecte. La première action que j’ai décidée était de revoir la cadence de la collecte. J’ai demandé à ce que la collecte soit assurée à raison de deux rotations par jour au lieu d’une avant. Cela est valable pour le chef-lieu communal que pour les autres villages. Parfois, dans certains villages, une seule rotation suffit. Pour les zones éparses comme Ammouche et Houari, Fdhoussa et Chokrane, la collecte s’effectue désormais à raison de deux fois par semaine. L’autre travail que j’ai exigé des services du ramassage est l’entretien de l’environnement, notamment par le nettoyage des fossés des canettes et autres bouteilles d’alcool. Les déchets sont acheminés vers le CET d’Ahnif. Nous payons l’entreprise Nadhif par année suivant le tonnage. Cependant, nous enregistrons un manque flagrant de moyens de collecte et nous attendons d’éventuelles dotations en camions de la wilaya. Je tiens aussi à faire remarquer que nous comptons renouveler les bacs à ordures dont beaucoup se sont détériorés. Nous allons opter cette fois-ci pour les bacs en aluminium.

D’autres priorités ?

En plus de ceux déjà cités, nous accordons une attention particulière au volet assainissement. Il est question de la prise en charge des réseaux de la périphérie de Takerboust, Bahalil et Ath Hamdoune. Nous avons fait beaucoup de propositions dans ce sens dans le cadre des PCD en vue de la prise en charge de cette problématique. Je peux citer aussi les problèmes liés à l’éclairage public que nous nous attèlerons à régler le plus rapidement possible. L’autre priorité concerne l’électrification rurale. Nous avons beaucoup de besoins dans ce volet. Il y a également le raccordement au gaz. J’ai eu à discuter avec le wali à propos de cette préoccupation. Je lui ai expliqué que seulement 40% de la population est raccordée à cette énergie au chef-lieu communal. Nous espérons qu’on nous accordera une cagnotte pour pouvoir procéder à des extensions au réseau gaz naturel. Actuellement, les services de la SDC sont en train de préparer les fiches techniques nécessaires. Et aussi les préoccupations liées à l’aménagement urbain que nous classons dans les priorités. Enfin, nous jugeons nécessaire de disposer d’un nouveau siège d’APC pour une meilleure organisation de travail. Je tiens juste à souligner que nous avons fait 42 propositions de projets PCD pour traiter toutes ces priorités.

Qu’en est-il de l’habitat rural ?

On nous a accordé un quota de 50 aides à l’habitat rural pour cette année 2018. Un quota que nous jugeons insuffisant pour répondre à d’importants besoins estimés à plus de 1000 demandes. Nous espérons des quotas plus conséquents pour satisfaire toutes les demandes. Nous avons soumis cette doléance au wali qui a affirmé que le quota accordé à Aghbalou demeure le plus important que celui accordés aux autres communes. Ceci dit, nous nous engageons à repartir dans la transparence la plus totale ce quota de logements. D’ailleurs, j’ai demandé aux services du logement de me recenser toutes les demandes enregistrées et d’établir une liste de demandeurs suivant l’ordre chronologique de dépôt de dossiers. La liste des bénéficiaires prendra en compte l’ancienneté des dossiers et cela se fera au prorata des villages. Pour chaque village, les dossiers seront classés selon un ordre chronologique suivant la date de leur dépôt. En procédant ainsi, nous allons garantir plus de transparence et d’équité.

Un mot pour conclure…

Je veux juste réitérer mon engagement à travailler en étroite collaboration avec le mouvement associatif dans le cadre d’une gestion participative. Les acteurs associatifs seront consultés et ces derniers vont m’apporter des éclairages sur les urgences à prendre en charge.

Entretien réalisé par Djamel Moulla

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