Les habitants des régions isolées demeurent les plus lésés en matière d’Internet. Sans le filaire qui stagne avec les mêmes abonnés depuis des décennies, les habitants des daïra d’Aïn El Hammam, d’Iferhounene et d’Ath Ouacif sont contraints de payer au prix fort cette nouvelle technologie. Malgré leurs efforts, les opérateurs privés n’arrivent pas à offrir un produit qui puisse satisfaire les consommateurs qui déboursent de grandes sommes pour un service dont la durée ne va pas au-delà de quelques jours. Le traditionnel opérateur national, Algérie Télécom, qui avait alléché une grande clientèle avec une recharge à mille dinars dont la validité court durant un mois avec débit réduit, s’est aligné avec les privés, laissant en rage des milliers de clients. Ses nouvelles propositions sont loin de faire l’unanimité. Hormis la recharge à 3500 dinars, qui est suivie d’un débit illimité après la consommation de 15 GO acheté, les autres sont limitées dans le temps. «Il est, de ce fait, difficile de parler de l’Internet à la portée de la population avec un coût annuel de plus de 40 000 dinars, représentant l’équivalent de plus de deux fois le SMIG», dira un fonctionnaire. On ne parlera pas des autres offres destinées comme d’habitude aux gros salaires seulement. Si certains clients peuvent restreindre leur consommation et par là leurs dépenses, il ne peut en être de même pour ceux dont la profession ne peut souffrir de l’absence de l’Internet ne serait-ce que l’espace d’une brève coupure. Les étudiants, et même les collégiens ont besoin de l’Internet pour les recherches faisant partie de leur programme. «Leurs parents ne sont pas tous riches et à l’école l’Internet est réservé à l’administration. Je ne peux pas exiger de tout le monde de payer deux heures au cybercafé», confiera un professeur de collège. Alléchés par les premières offres à 1000 dinars par mois, les Algériens dans leur majorité ne peuvent plus se passer de cette nouveauté qui «accroche» les populations des régions les plus reculées. Ne pouvant plus faire face aux nouveaux tarifs, ils n’ont d’autre choix que de s’en désister. Certains sont à l’affût de la moindre offre devant les satisfaire même partiellement. Ils migrent d’un opérateur à l’autre à la recherche de la meilleure offre du marché. Le «flashage» des modems pour les adapter à toutes les puces des opérateurs de téléphonie mobile vont bon train dans les ateliers des spécialistes. Les nouveaux «réajustements» opérés l’an dernier par Algérie Télécom n’ont créé que mécontentement auprès de sa clientèle qui voit l’Internet s’éloigner chaque jour un peu plus des Algériens aux faibles revenus. Il ne faut donc pas s’étonner qu’en matière d’accession au village planétaire, le pays est classé parmi les derniers de la classe à l’échelle mondiale.
A.O.T.