Le directeur du centre des enfants handicapés mentaux de DBK parle de son plan d’action et des besoins urgents de son établissement.
La Dépêche de Kabylie : A quand remonte la création de ce centre ?
Iltache Mohamed Seghir : Le centre est le premier créé au niveau de la wilaya de Tizi-Ouzou, en 1983. Il y a eu ensuite celui de Boghni, puis celui du chef-lieu de wilaya (près du CEM Hamoutène). Au tout début, le centre se réduisait à une simple bicoque et un terrain nu que l’APC nous a accordé. Quatre enfants seulement était pris en charge. Les équipements très rudimentaires. Nous avons très vite axé notre travail sur la formation de jeunes éducateurs spécialisés, avec le concours de la Fédération Nationale. Durant l’année scolaire, ces jeunes travaillaient au niveau du centre et pendant les vacances, ils étaient en formation pour se perfectionner.
Comment les choses ont-elles évolué au sein du centre ?
Des fonds nous ont été alloués, soit par l’Etat, soit par des bienfaiteurs que nous remercions ici pour leur aide à chaque fois que nous les sollicitons. Ils nous ont permis d’agrandir le centre, nous avons pu avoir une administration, des salles pour enfants, une cuisine et un réfectoire. Aujourd’hui, le centre accueille 65 enfants issus de toute la daïra de Draâ Ben Khedda, de la ville de Tizi-Ouzou, d’Irdjen et de Naciria (Boumerdès).
Qu’en est-il de l’encadrement actuellement ?
Les enfants sont encadrés par 4 psychologues (deux cliniciennes et deux orthophonistes), deux éducatrices spécialisées dans ce genre de handicap. Elles ont 29 ans d’expérience. Deux éducatrices affectées par la DAS, dans le cadre du DAIS, une cuisinière et un éducateur physique. Parmi tout ce personnel, 4 fonctionnaires seulement sont titulaires : deux éducatrices spécialisées, la secrétaire et l’éducateur sportif, le reste est sous contrat. Ils font deux ans et demi ici puis s’en vont et sont remplacés par d’autres et ainsi de suite, ce qui ne nous arrange pas. Nous formons des gens avec une bonne acquisition du métier, puis la DAS les reprend en cessant leur contrat pour être affectés ailleurs et remplacés par d’autres. Ce jeu est une perte de temps. Les autorités doivent revoir cette stratégie.
La DAS accède-t-elle à vos demandes en personnel ?
Le recrutement est gelé. Actuellement, il y a une convention qui est passée entre la DAS et l’ANEM et une faveur est faite pour les centres de cette catégorie d’enfants pour leur affecter des éducatrices spécialisées. Nous attendons les résultats !
Quels-sont les besoins urgents du centre ?
Nos besoins sont en effet urgents et nombreux. Il y a d’abord les tests de psychologie qui sont extrêmement chers et nous ne pourrons jamais les acquérir par nos propres moyens. C’est un outil de travail important qui servira à tester les connaissances et la mémorisation chez les enfants. Nous souhaiterons que le ministère de la Solidarité fasse un effort et nous dote de cet outil indispensable. Aucun centre, aucune association ne peut avoir ce matériel par ses propres moyens. Il nous faut aussi un bus pour le ramassage scolaire, afin de faciliter le déplacement des enfants. Nous étions une quinzaine d’associations à être reçues au ministère de la Solidarité, il y a déjà plusieurs années. Nous avions été inscrits pour l’acquisition d’un bus et d’un projet d’une salle de psychomotricité. A notre grand étonnement, notre microbus a changé de destination, une fois arrivé à Tizi-Ouzou. Quant à la salle, tout le dossier administratif et tous les documents ont été finalisés et remis à qui de droit. Depuis, aucune suite. Ça devient inquiétant!
Un autre projet que vous attendez et qui ne voit toujours pas le jour ?
Effectivement. Nous sommes bénéficiaires d’une assiette de terrain (dont une copie du choix de terrain nous a été remise et nous attendons le document de l’affection du projet) pour la construction d’un centre d’apprentissage protégé (CAP) près du siège de la daïra. Le dossier est au niveau de l’agence foncière de wilaya. Ce centre sera dédié à la fabrication d’objets par les enfants, tels le macramé, les balais, les nappes brodées… entre autres travaux manuels. Nous ne pouvons avancer une date pour son démarrage, nous n’en avons aucune idée.
Un mot sur l’association du centre ?
Sans aucune exagération, l’association du centre est l’une des associations qui active le plus. Elle est composée de treize éléments du centre et c’est moi qui en suis le président. Une autre association, celle des parents d’élèves, est elle aussi très active. Chaque année, un bilan est élaboré et présenté devant l’assemblée générale qui l’approuve ou apporte des correctifs.
Nous vous laissons conclure…
Ce centre appartient à tous les enfants inadaptés mentaux de la daïra et de ses environs. Il a besoin d’une véritable prise en charge, tant par les autorités locales que par le ministère de la Solidarité que nous interpellons, afin qu’ils nous aident à acquérir le matériel nécessaire, les tests pédagogiques, un bus et aussi à entreprendre des démarches auprès des autorités pour accélérer le lancement des projets inscrits. Nous espérons qu’un geste viendra nous soulager, surtout que nous sommes à la veille de la Journée mondiale du handicapé qui coïncide avec le 14 mars de chaque année.
Entretien réalisé par M. A. Tadjer

