Les habitants des régions montagneuses continuent d’avoir recours à «thiwizi», chaque fois qu’ils doivent effectuer un travail nécessitant beaucoup de mains d’œuvre. C’est en cette période de travaux des champs que «thiwizi» est pratiquée fréquemment. Les propriétaires d’oliveraies, ne pouvant terminer le ramassage des olives à temps, font appel à des amis et aux proches pour se joindre aux membres de leurs familles. Des hommes plus nombreux, des femmes et des enfants dont le rôle n’est pas négligeable dans certaines tâches, participent à cette journée considérée comme une fête par les volontaires. «Sans ces gens de bien, on serait encore dans les champs au mois de mars», dira un retraité qui vient de terminer sa récolte d’olives. Les grands propriétaires comme lui, en retard à cause des intempéries, saisissent la moindre journée de beau temps pour hâter le travail grâce à la solidarité des leurs. L’éloignement des champs où on se rend à pied, ne rebute pas les paysans qui y vont avec plaisir. Sur place, on se répartit par groupe et on instaure une sorte de concurrence pour récolter le plus de sacs possible, à la grande satisfaction des propriétaires qui ne lésinent pas sur les moyens pour nourrir leurs hôtes. Des beignets, des gâteaux, du lait, du thé et du couscous garni à la viande ou au poulet sont servis à volonté. Ne dit-on pas que «ceux qui travaillent ont grand appétit». Généralement, la récolte des olives prend fin avec le coucher du soleil. D’autres actions du même genre mais plus contraignantes, se déroulent périodiquement dans les villages où les responsables organisent des opérations de Thachemlit, durant les fins de semaine. Bien qu’elle soit obligatoire à tous les membres de la communauté dépassant l’âge de dix huit ans, Thachemlit est toujours d’actualité même si certains n’y adhèrent que pour ne pas être marginalisés. Pour éviter de demander souvent aux travailleurs de sacrifier leurs jours de repos, dans certains villages, les volontaires sont répartis par groupes qui ne sont assujettis à ce travail collectif qu’une fois par mois. C’est grâce à ces initiatives que de nombreuses réalisations ont vu le jour sans que les villageois n’aient à payer des maçons ou des manœuvres. Malheureusement, ce système d’entraide n’est pas ressuscité dans tous les villages. Les agglomérations les plus peuplées étant celles qui sont difficiles à gérer, n’arrivent à exécuter des actions d’intérêt commun que grâce à des jeunes réunis en association culturelle et autres. Une autre forme d’organisation, sans aucune contrainte, se met en place. Les volontaires y adhèrent librement, et personne n’est astreint à payer une amende ou autre pour cause d’absence. Il faut tout de même reconnaître que le concours «Rabah Aissat» du village le plus propre a réveillé les consciences, et on assiste de plus en plus à des actions d’entraide.
A.O.T.
