S. Ait Hamouda
Un festival du film amazigh est fait pour jauger les efforts investis par les cinéastes pour promouvoir un cinéma qui n’existe que par une poignée de films. Certes, on se demanderait s’il s’agit en la demeure de cinéma ou de vidéo. La réponse n’est pour l’heure pas encore tranchée. Il y a des apprentis réalisateurs qui vous servent une vidéo réalisée en moins de temps qu’il faut pour le dire, et ils sont heureux et satisfaits de leur boulot. D’abord, il y a la sélection qui se déroule sans les soucis de cadrage, de lumière et des éléments basiques du film en général, qu’il soit cinéma ou vidéo, et aussi de la langue. La langue à cet égard est fondamentale, selon toutes les variantes amazighes. Qu’elle soit chaouie, mozabite, targuie ou kabyle, elle doit être intelligible par tous, limpide et simple. Le réalisateur doit avoir suivi une formation suffisante pour faire un film de bonne qualité qui soit à la mesure de l’attente du public. Et le public chez nous est connaisseur bien qu’il ne voie pas beaucoup de films. Il aime le cinéma. Cependant, la sélection a été un peu sévère pour cette édition. L’on n’a gardé qu’une vingtaine de réalisations sur des tas de films plus ou moins acceptables. C’est une bonne chose que ne semble pas agréer M. Mihoubi, ministre de la Culture, qui souhaite que la sélection soit plus souple. En donnant du temps au temps, on serait plus exigeant à l’avenir. Il est vrai que pour encourager la production amazighe, il faut un peu produire des navets. Et les navets seraient à coup sûr prometteurs d’un bon crû avec pedigree de production nationale garanti. Les bons films sont faits par des réalisateurs qui ont du talent et Tamazgha n’en manque pas, c’est sûr ! Mais ces talentueux cinéastes où trouveront-ils un jury qui les encourage, qui les aide à produire des films de qualité, en attendant de passer de fourre-tout d’expression amazighe à cinéma amazigh tout court ? Mais là c’est une toute autre histoire…
S. A. H.
