Le braconnage dénoncé

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«Les jeunes chasseurs tuent pour tuer», s’écrie Younès, président l’association «Agama» pour la défense de l’environnement du village de Takhlidjt, dans la commune d’Ath Bouyoucef. Face à la chasse intensive et anarchique, toutes saisons confondues, les défenseurs de l’environnement sont déconcertés par le non-respect des règles de la chasse. Ils tentent de sensibiliser les chasseurs de leur commune, espérant les «ramener à la raison» en leur expliquant le rôle de chaque élément dans l’équilibre écologique. Lorsqu’ils pénètrent dans la forêt, ils tirent à vue sur tout animal sauvage qui s’y trouve et l’abandonnent aux charognards. «C’est comme si leur but était de disséminer les bêtes qui habitent les bois. Rien ne les dissuade d’accomplir leur sale besogne», disent les amis de la forêt. Selon les défenseurs de la nature, les braconniers de la région d’Ath Bouyoucef se donnent rendez-vous par dizaines, pour «ratisser» toutes les forêts environnantes. Chaque fin de semaine, une vingtaine de tueurs d’animaux sauvages envahissent, avec leurs chiens, la forêt où chaque issue est gardée par un chasseur. La bête, débusquée par les chiens, n’a plus aucune chance d’échapper à une pluie de balles qui s’abat sur elle. Les tireurs ne distinguent pas le mâle de la femelle pleine ou qui allaite encore une portée récente. La mort d’une laie entraîne automatiquement celle de sa progéniture, vouée à servir de repas aux chacals ou à mourir de faim. En fin de journée, le butin se chiffre souvent à une dizaine de sangliers. Les amateurs de gibier découpent quelques morceaux, alors que le reste est abandonné sur place pour servir de festin aux charognards. Pourtant, la loi, ou même la dignité du chasseur d’antan, ne permet pas certains dépassements. «Chez nous, on parle de ‘’dnouv’’ (malédiction)», dit un vieil homme, outré par ces battues en période de récolte des olives. Les anciens chasseurs disent qu’«on ne tirait pas sur les femelles pleines ou sur celles qui allaitent des petits, comme on s’interdisait d’abattre n’importe qu’elle bête au moment où elle se désaltère». Des exemples qui devraient inspirer les jeunes chasseurs d’animaux sauvages qui tirent sur tout ce qui bouge et même sur ce qui ne bouge pas. Notons que les paysans se plaignent des battues organisées en cette période de récolte des olives : «Les sangliers traqués par les chasseurs et leurs chiens arrivent jusqu’à nous. Nous sommes obligés de grimper sur les arbres de crainte d’être attaqués par ces bêtes en furie», se plaint une vieille dame.

A.O.T.

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