«Contrecarrer les assauts des obscurantistes»

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à l’invitation de l’association des journalistes et des correspondants de la wilaya de Bejaia (AJCB), le pédagogue Ahmed Tessa, auteur de quatre ouvrages sur l’éducation et ex conseiller au ministère de l’Education nationale, a animé, dans l’après-midi d’avant-hier, mardi, à la maison de la Culture de Bejaia, une conférence-débat sur le thème « l’école algérienne entre modernité et fatalité de l’archaïsme.» D’emblée, le conférencier compare l’école algérienne actuelle aux entreprises économiques publiques de fin des années 80 o&ugrave,; suite à des grèves à répétition de longues durées, ces entreprises jadis rentables ont perdu leurs clients et sont devenues subitement déficitaires au point de ne plus assurer les salaires des travailleurs. L’Etat a fini par les brader presque au dinar symbolique. Les opérateurs privés qui ont acquis ces entreprises pour une bouchée de pain se sont tout de suite mis à licencier parfois plus de la moitié du personnel pour les rendre à nouveau rentables. L’école algérienne qui a commencé sa dégringolade dans les années 80 et 90 risque de connaitre le même sort. Les élèves et les enseignants risquent de trouver un jour au portail d’entrée de l’établissement, non pas un proviseur ou un directeur, mais un patron avec un fouet à la main. « Et ce jour n’est pas loin », dramatise un tantinet l’orateur pour attirer l’attention de son auditoire. Le conférencier impute l’origine de cet archaïsme à l’orientation politique de l’éducation en 1962 et au système colonial maintenu dans ce qu’il a de plus mauvais qui s’est ajouté aux choix pédagogiques décidés. Que faire alors ? s’interroge l’intervenant. L’antidote, prescrit-il, serait d’appliquer les normes internationales en matière de gestion pédagogique d’une école concernant notamment le recrutement du personnel, la formation de ce personnel, les programmes, les méthodes d’enseignement et l’évaluation. Une réforme du système éducatif a été initiée en 2003 mais, comme aucune mesure concrète n’a été prise, l’école a continué à naviguer à vue jusqu’en 2015 où une conférence nationale sur l’éducation a été organisée à Alger. Des recommandations pour une école algérienne de qualité ont été formulées. Mais ceux qui ont pour mission de tirer l’école algérienne vers le bas, les partisans de l’arabisation à outrance, qui, eux, ont leurs enfants scolarisés à l’étranger ou dans des écoles privées où l’on enseigne surtout Voltaire et Rabelais, ceux-là même qui sont contre la généralisation de la langue tamazight, ont empêché l’application de ces recommandations. Dans son élan, le conférencier a fini par reprocher à la société civile, aux associations, aux syndicats, à la presse et même aux partis politiques de ne pas s’être suffisamment engagés pour contrecarrer les assauts de ces amateurs de l’obscurantisme.

B Mouhoub.

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