800 000 trabendistes sévissent dans 700 “marchés”

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Des étals sur les trottoirs, et dans les rues les plus fréquentées, voire des zones entières dédiées exclusivement au commerce informel, qui proposent la plupart du temps des produits issues de la contrefaçon, en provenance des pays d’Asie du Sud, notamment de Chine. Le Made in China fait, en effet, rage ces dernières années, sur les étals des marchés et même dans les magasins. L’on a même vu un autre phénomène qui commence à se répandre ces derniers temps : des vendeurs et vendeuses chinois verssant dans le commerce de rue. Côté chiffres, les estimations données par telle ou telle source, pour situer ce phénomène ne brillent point par leur exactitude. Ils différent, en effet, quelque peu selon les sources, et sont souvent approximatifs. La part de l’informel dans l’économie globale, est estimée à 30% pour les uns et à plus de 40% pour les autres. L’on avance également un chiffre de 850 000 commerçants activant dans l’informel, dont 100 000 revendeurs de tabac, 1 500 marchés hebdomadaires et 18 marchés de semoules illégaux. Le ministère du Commerce et le Forum des chefs d’entreprises (FCE), ont évalué à 75 les zones informelles en activité sur le territoire national. Le Conseil national économique et social dont un de ses rapports, a indiqué que plus de 1 million de personnes travaillent au noir, dont une grande partie dans 700 marchés illégaux, soit un taux de 35% de l’activité commerciale est illégal. L’économie parallèle en dehors du fait quelle constitue un danger pour la santé des consommateurs, puisqu’elle échappe au contrôle de l’Etat, constitue également à une grande échelle le meilleur moyen d’échapper au fisc, du fait de la non-domiciliation fixe des commerçants informels. Ainsi, le manque à gagner fiscal pour l’Etat a été estimé à 60 milliards DA par an. Certains observateurs s’accordent sur le fait que les dommages financiers causés à l’économie nationale sont plus importants que ce qui est annoncé. Face à ces déferlantes commerciales illégales, l’Etat, dépassé, est incapable de réagir efficacement et fermement. Chose qui s’apparente pour certains à de la complaisance, voire à de la complicité. L’outil de contrôle brille par son insuffisance et son inefficacité. En effet, ils sont à Alger 160 agents de la Direction de contrôle des prix (DCP), face à 130 000 commerçants. Comme en témoigne les grèves successives entamées par les contrôleurs, notamment durant les périodes de Ramadhan, peu de moyens sont alloués à cet outil, pourtant incontournable et vital. L’on déplore également le risque physique encouru lors de l’exercice des missions de contrôle, car les agressions sont le lot quotidien des agents. En 2004, 32 000 interventions de la DCP ont été enregistrées, sanctionnées par 17 400 procès-verbaux. Les différentes organisations patronales, montent régulièrement au créneau pour dénoncer le laxisme des autorités face à la multiplication et à l’ampleur grandissante des activités économiques parallèles. Boualem Merakech, le président de la Confédération algérienne du patronat (CAP), dans l’une de ses déclarations, a estimé que la lutte contre l’informel doit être global et non sous forme d’actions conjoncturelles et sporadiques et qu’il est plus judicieux de contrôler l’importation qui approvisionne les marchés, que de courir derrière les vendeurs à la sauvette. Il est vrai à ce propos que l’on se débrouille comme on peut en ces temps de chômage « acéré ». La vox populi réplique souvent par cette phrase : « mieux vaut qu’ils vendent sur les trottoirs plutôt que de se livrer à des vols ». Même insuffisantes, de nombreuses actions ont été menées dans plusieurs régions en faveur de l’éradication des marchés illégaux et de leur reconversion dans des sites alloués spécialement à cet effet. Officialiser l’informel, est une politique que veut mener les pouvoirs publics. Sur un autre registre, celui de la législation, il y a lieu de noter la récente loi n° 04-02 du 23 juin 2004, fixant les règles applicables aux pratiques commerciales, qui prévoit un certain nombre de sanctions liées aux pratiques illicites du commerce. Mais lorsqu’on sait que promulguer une loi est une chose et l’appliquer en est une autre, l’on ne s’étonne point sur son devenir et le “laisser courir” des autorités…

Elias Ben

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