L’hôpital de Tizi Ouzou ou les écuries d’Augias

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La mort du jeune Massinissa Hadj-Arab le 7 mars dernier dans des conditions ayant révolté sa famille et ses proches, et venue comme pour mettre au jour la fièvre qui couvait au sein de l’institution depuis plusieurs mois. Alors que des mouvements de protestation sont menés pour exiger “la lumière” sur la mort du malade, atteint par un pneumo-thorax, la direction a riposté par une silence pesant. Mieux, celle-ci est allée jusqu’à provoquer une assemblée générale, sous la couverture du conseil scientifique de l’hôpital, pour inciter les hospitaliers à “s’organiser contre les harcèlements venant de l’extérieur”. Hier, pas plus de 112 personnes, dont 57 blouses blanches, ont observé un piquet de grève. Une action décidée en assemblée générale avant-hier, dont personne ne voulait être au-devant. Pour preuve, aucune déclaration n’a été rendue publique pour éclairer l’opinion sur les raisons d’une telle démarche. Les médecins, les infirmiers et autres personnels du CHU ayant participé au sit-in d’hier, nous ont étalé des propos aussi incohérents les uns que les autres. Autant dire que les grévistes ont mal accordé leur violons au sujet de cette grève qu’ils disent illimitée.Certaines sources nous ont avoué que ce mouvement de protestation est “orchestré par la direction de l’hôpital afin de soutenir le directeur intérimaire plus que jamais fragilisé par des dysfonctionnements signalés dans les différents services de l’hôpital”. Des dysfonctionnements qui ébranlent beaucoup plus le Sanatorium du Belloua, où l’on signale la défection quasi-quotidienne des médecins de garde. Un document portant liste de garde médicale en notre possession atteste de cette anomalie. Le bruit qu’a provoqué la mort de Massinissa Hadj-Arab a incité l’inspection générale du ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière à dépêcher deux inspecteurs qui ont auditionné, avant-hier, les médecins de garde du Sanatorium. Hier, une commission d’enquête, composée de trois personnes s’est rendue au CHU pour s’entretenir avec la direction et le personnel hospitalier. Aucune information n’a filtré à ce sujet. Selon notre source, l’enquête portera essentiellement sur les conditions du transfert du jeune malade de l’hôpital le Belloua vers le CHU, au cours duquel il avait succombé. Ici même, l’on parle de la défection du médecin de garde, à telle enseigne qu’il aura fallu à un agent de chambre d’accompagner le malade dans l’ambulance pour effectuer une radio. Dans le résumé clinique de sortie établi par le CHU, et signé par le médecin traitant, “le décès survenu le 7 mars 2005 à 18h, est dû à une complication aiguë”. Mais dans le document, en notre possession, point de signalement du médecin de garde qu’on dit s’être absenté ce jour-là. L’avocat de la famille du défunt, Me Hadj-Arab a, dans sa réatation à propos de la grève d’hier, qualifié “la grève imposée par le directeur pour le personnel d’une forme de diversion pour tromper l’opinion publique”.Tout en s’interrogeant “si la pneumo-thorax tue”, l’avocat s’en prend au directeur qui “parle d’harcèlement alors que se pose la question qui harcèle qui?”, car poursuit-elle, “Nous avons uniquement demandé le compte rendu médical et la liste des médecins de garde”.Le comité de quartier les Gênets, qui s’est senti ciblé par la grève d’hier, a quant à lui, réagi par une déclaration rendue publique.Il y écrit “pour lever toute équivoque, le comité du quartier les Gênets, organisateur des deux sit-in, tient à informer l’opinion publique que ces deux actions ne visaient nullement le personnel médical du CHU de Tizi Ouzou, mais le directeur général par intérieur qui ne se soucie apparemment pas de la santé des citoyens”. Les rédacteurs de la déclaration tout en dénonçant “la situation chaotique dans laquelle se trouve le CHU, exigent une commission d’enquête pour faire toute la lumière sur la mort de Hadj-Arab Massinissa”.Au-delà de ce deuxième revmue-ménage, causé d’abord par l’écartement de l’ex-directeur, le Dr Mansouri en août 2004, et par le décès tragique du jeune Massinissa, le centre hospitalo-universitaire de Tizi Ouzou est devenu plus que jamais une sorte d’écuries d’Augias où l’on doit effectuer l’un des travaux d’Héraclès.

M. A. T.

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