«L’agence a démarré dans une situation catastrophique !»

Partager

Le directeur de l’agence de gestion et de régulation du foncier urbain (AWGRFU) de la wilaya de Bouira, M. Mansouri Ali revient dans cet entretien sur les principales missions de cette agence et parle des différents projets déjà réalisés ou projetés pour l’amélioration du cadre urbain au niveau des communes.

La dépêche de Kabylie : En premier lieu, pouvez-vous nous donner un aperçu sur la création, le mode de fonctionnement et les principales missions de l’AWGRFU ?

Ali Mansouri : L’agence de gestion et de régulation du foncier urbain de la wilaya de Bouira a été créée suite à la dissolution des neuf agences foncières existantes auparavant dans cette wilaya. Ces agences foncières étaient réparties sur les communes de la wilaya, comme il existait des agences intercommunales en plus d’une agence inter-daïras. Ces agences ont été dissoutes en 2004. L’agence foncière de la wilaya a été créée et un transfert administratif, foncier, financier et de gestion des neufs agences a été fait vers cette agence de wilaya. La procédure a été établie suite à une délibération de l’assemblée populaire (APW) de la wilaya de Bouira. J’ai été désigné à la tête de cette agence vers la fin de l’année 2004. Depuis cette date, l’AWGRFU devait gérer tout le foncier urbain de la wilaya, en plus des anciens projets lancés ou prévus par les anciennes agences. C’est justement là ou l’AWGRFU de Bouira a démarré dans une situation, je dirais, catastrophique. D’abord, le transfert financier était dérisoire car les 09 agences réunies, ne nous ont transféré que 10 Milliards de centimes. A titre d’exemple, l’agence foncière communale de Bouira, qui était la plus performante, nous a transféré uniquement 190 000 DA. Sur le plan des projets hérités, 1 000 logements à l’arrêt, au niveau des communes de Lakhdaria et Kadiria avaient redémarré avec un personnel non-qualifié et non-formé pour cette mission. Nous avons aussi relevé un grave désordre dans la gestion des différentes agences : chaque agence avait sa propre grille des salaires, des chauffeurs et des femmes de ménage rémunérés comme des cadres supérieurs… Il fallait donc, en premier lieu, relancer les projets à l’arrêt, restructurer le volet administratif de l’agence et redynamiser l’activité du foncier. Mais, nous étions confrontés à un autre problème : pour redynamiser notre activité, il fallait de l’argent et nous n’en avions pas. Nous sommes donc, pendant longtemps, tourné à vide. En 2004, nous avons démarré avec un fond propre négatif, et quand un établissement démarre avec un déficit financier, c’est automatiquement sa dissolution. Malgré cela, nous avons adopté et crée de nouveaux modes de gestion pour relancer d’abord les projets à l’arrêt et recadrer et former ensuite le personnel entre 2005 et 2008. Ce n’est qu’à partir de l’année 2010 nous avons réellement démarré, avec nos propres fonds. Nos principales missions sont la gestion et la régulation du foncier urbain. Nous gérons donc les portefeuilles fonciers des 45 communes de la wilaya. Nous agissons au compte des communes. L’agence est aussi promoteur immobilier. L’AWGRFU peut acquérir et vendre des terrains, réaliser des logements en promotionnel libre, en LPA ou en LSP. Nous engageons aussi des opérations nouvelles dans le cadre de l’amélioration urbaine.

Queles sont les principaux projets que vous avez déjà réalisés ?

Parmi les actions importantes que nous avons réalisées, le déplacement de la ligne électrique de moyenne tension qui traversait toute la ville de Bouira. Nous l’avions déplacée sur un fond propre pour un montant avoisinant les 07 Milliards de centimes. Après cette opération, nous avons récupéré tous les terrains inclus sur l’espace de servitude de cette ligne, 15 mètres de part et d’autre, pour y implanter des projets structurants à l’image des 134 logements promotionnels près de la nouvelle cour de justice, le nouveau boulevard ouest de Bouira, avec des stèles, des cafétérias et des kiosques. Nous avons aussi un important projet, actuellement en phase d’étude près de l’ancienne cour de justice. Dans un autre registre, nous avons créé deux zones immobilières dans la ville de Bouira où nous avons mis à la disposition des promoteurs privés des terrains pour la réalisation des projets promotionnels, notamment le projet immobilier près de la nouvelle trémie du nord de Bouira. Nous avons aussi viabilisé des terrains accidentés au profit des promoteurs privés. Par ailleurs, nous avons réalisé un projet de 37 logements au lieu-dit Ain Graouche à Bouira comme nous avons aussi pris à notre charge la démolition de l’ancien marché de Bouira, pour la réalisation de 100 logements LPA doté d’un parking à étages. Pour ce projet, l’agence a pris en charge les commerçants dudit marché, que nous avons recasés au niveau de la cité Zemmour Mohand-Arab. Ajoutons à cela la prise en charge les commerçants de l’ancien marché près du siège de la wilaya où a été réalisée une école coranique. Le projet de 40 logements promotionnels au niveau de la cité-ouest de Bouira est aussi à inscrire à notre actif. Dans la majorité des cas, nos projets ont été réalisés sur des assiettes en terrain très accidenté, que nous avons viabilisées pour réaliser nos projets ou vendues à des promoteurs privés qui réalisent eux aussi des projets importants.

Vous réalisez aussi des logements promotionnels aidés (LPA), quel est votre apport dans l’allégement de la crise de logement dans la wilaya de Bouira ?

En matière de logement promotionnel aidé (LPA), la wilaya a bénéficié, depuis 2014, de 2 300 nouvelles unités, et l’AWGRFU a pris en charge la réalisation de 1570 logements de ce quota. Actuellement, nous avons plus de 520 logements achevés. Le reste, nous allons le terminer au cours de cette année. Il restera quelques logements que nous comptons réceptionner en 2019. La majorité de nos projets en LPA sont réalisés sur des terrains communaux. Les projets réalisés par l’AWGRFU sont dans un style urbain moderne, pas de simples bâtiments. Ainsi, nous avons prévu des parkings sous terrains dans la totalité de nos projets LPA. En plus de centres commerciaux, nous avons des locaux de service. A noter que les terrains choisis étaient accidentés et difficiles. Nous les avons viabilisés avant même le lancement des projets. C’est le cas du terrain sis au niveau de l’actuelle cour de justice où nous avons déplacé un poste transformateur pour un coût de plus d’un milliard, en plus du déplacement des réseaux de fibre optique, d’eau potable et d’assainissement. Un autre exemple au niveau de la cité Harkat o&ugrave,; pour la réalisation de 80 logements LPA, nous avons déplacé une ligne électrique de moyenne tension et un réseau de fibre optique. Je dirais donc que nous avons contribué considérablement dans la diminution de la crise de logement au niveau de la wilaya, particulièrement pour les catégories des employés et des travailleurs. Il faut ajouter que nous avons aussi réalisé des projets du type LSP, comme à Sour El-Ghozlane avec 500 logements de ce type.

Vous avez aussi un projet au niveau de l’ancienne rue Ben-Abdellah du centre-ville où vous avez réussi à éradiquer le problème de l’ancien bâti. Le ministre a déclaré, lors de

sa visite à Bouira, que cette expérience sera généralisée. Pouvez-vous nous en parler ?

C’est effectivement le plus important projet que nous avons à notre actif. Le dossier du vieux bâti de la ville de Bouira est, comme vous le savez, un dossier très compliqué. L’expérience de la rue ‘’Ben-Abdellah’’ découle d’une approche de gestion qui s’est étalée sur plusieurs années. Elle a commencé par la création d’un comité technique de la daïra de Bouira, chargé d’abord de recenser les terrains et de les répertorier. Ensuite l’Etat a commencé la réalisation des projets structurants, comme les sièges de la direction du commerce et de la direction des impôts qui ont été réalisés sur des terrains du domaine public. C’était une manière de stimuler les propriétaires privés et donner un cachet social à notre programme d’amélioration urbaine. C’est ainsi que nous avons pu implanter un projet promotionnel en partenariat avec neuf propriétaires privés. Cela a été long et complexe, car nous avons été confrontés à plusieurs situations d’oppositions et de tracasseries administratives des héritages, mais nous l’avions finalement réussi. Effectivement, le Ministre de l’habitat a décidé de généraliser notre expérience qui est unique, à l’échelle nationale, pour la résorption de l’ancien bâti. Ici même à Bouira, nous allons entamer prochainement des opérations similaires dans les daïras de M’Chedallah, Lakhdaria, Sour El-Ghozlane et Ain-Bessem. Notre démarche a réussi car elle est consensuelle : les anciens propriétaires des terrains ou des anciens bâtis trouvent aussi leurs comptes avec nos projets de plusieurs étages. C’est dans cette optique que j’ai proposé la révision des instruments d’urbanisme pour aller vers les hauts gabarits.

Vous avez été confrontés à l’opposition des riverains de la cité Ethaoura pour la réalisation de l’un de vos projets. Ce dernier est-il maintenu ?

Effectivement, ce projet est inscrit dans le cadre de l’opération du déplacement de la ligne de moyenne tension de Bouira. Je vous informe que ce projet est maintenu. L’agence vient d’obtenir le permis de construire pour la réalisation de 40 logements promotionnels, avec parking en sous-sol et des services. Ce permis est adopté par l’ensemble des services publics, y compris la DUC. L’étude est ficelée et le projet sera lancé incessamment. Je rassure les habitants de ce quartier que nous respecterons la loi d’urbanisme et que les normes de réalisation en R+3 seront respectées. Mieux, nous avons évité l’espace en face de la mosquée, où nous avons réalisé sur nos propres fonds un espace vert pour le repos et le confort des riverains. Nous ne gênons personne et nous n’avons aucun problème juridique avec les habitants.

Et pour les aménagements des zones communales d’activités (ZAC) ?

Malheureusement, c’est compliqué pour les ZAC, car nous devons entreprendre beaucoup de mesures avant l’aménagement. Il fallait récupérer les terrains inexploités pour les attribuer à des investisseurs sérieux. Actuellement les opérations d’aménagement de ces zones sont suspendues, mais nous continuons à travailler en collaboration avec Monsieur le wali, premier responsable de l’investissement, notamment pour la création de mini-ZAC au niveau de chaque commune.

Un dernier mot pour clôturer…

Pour finir, j’appelle l’ensemble des citoyens de la wilaya à encourager et protéger l’AWGRFU qui, non seulement travaille pour l’amélioration du cadre urbain de nos villes, mais emploie aussi plus de 200 personnes, en plus des emplois indirects. Nous apportons notre contribution directe au développement de la wilaya. Nous sommes disposés à discuter avec tout le monde, mais pas au détriment de nos missions. L’AWGRFU est un outil public aux mains des autorités locales, stable et innovant, qui a besoin du soutien et de la compréhension de tous. J’ajouterai dans le sillage que l’agence de Bouira a été choisie comme promoteur-pilote du centre du pays pour le lancement d’une nouvelle formule de logement : le LLP (logement locatif promotionnel). Une nouvelle formule de logement qui sera prochainement lancée par le Ministère de l’habitat.

Entretien réalisé par Oussama Khitouche

Partager