«Tout donner pour honorer mon pays»

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Nadir Namane, l’athlète de Maâtkas médaillé d’or lors du tournoi international de kempo professionnel du Caire (du 21 au 25 février dernier) et champion du monde en 2016, revient dans cet entretien sur le tournoi du Caire et parle de ses ambitions futures, notamment le championnat du monde qui se déroulera en Hongrie et les tournois internationaux à Dubaï, Koweït-city à Riyad, auxquels il participera.

La Dépêche de Kabylie : Comment a été le tournoi du Caire ?

Nadir Namane : Avant de répondre à votre question, permettez-moi de remercier les Égyptiens pour le bon accueil et leur hospitalité. Ils ont franchement été à la hauteur. Le tournoi a été d’un grand niveau, d’autant plus qu’il y’avait de grandes nations du Kempo, comme l’Egypte, le Pakistan, le Bengladesh, la Russie, l’Argentine et l’Angola. Mon match, je l’ai géré de manière efficace. Le premier round, je l’ai consacré à l’analyse de mon adversaire angolais qui était assez coriace. Au 2e round, j’ai essayé surtout de le fatiguer et au 3e, j’ai mis le paquet avec des rafales de coups ayant contraint l’adversaire à abandonner la partie avant la fin du temps réglementaire. Du coup, j’ai pris la médaille d’or et la première place dans la catégorie de 73 kilos.

Votre sentiment après cette consécration en terre égyptienne ?

L’entonnement de l’hymne national dans la salle était un instant unique, empreint de beaucoup d’émotion. Un moment que l’on ne vit que rarement. Le sentiment du devoir accompli, d’avoir fait honneur à l’Algérie et d’avoir réalisé quelque chose de grand vous font transporter dans la pleine satisfaction et le bonheur. Drapeau algérien sur les épaules, je n’ai pas pu m’empêcher de me projeter dans l’avenir, car cette première place me qualifie au tournoi de Dubaï qui sera organisé au 2e trimestre de 2018 et au championnat du monde de Hongrie. C’est vous dire que je n’entends pas m’arrêter en si bon chemin.

Puisque vous parlez des compétitions futures, comment vous préparez-vous ?

Déjà j’ai pris une petite semaine de repos. Maintenant, je me prépare avec la JSC Maâtkas avec mon club Idurar de Tizi-Ouzou. Je vais également m’entraîner avec l’équipe nationale pour préparer mes rendez-vous de Dubaï et de Hongrie. Je suis conscient de la difficulté de ma mission mais j’entends tout donner pour honorer notre pays et le Kempo algérien. La volonté existe et j’espère que le reste viendra, il y va de la réputation du sport algérien.

Vous voulez certainement parler de moyens…

Exactement, car à ce stade de la compétition, à savoir le championnat du monde, la volonté à elle seule ne suffit pas. Il me faut un minimum de moyens de préparation, de récupération, de formation et un soutien psychologique. Je sois aussi me mesurer davantage à des athlètes de niveau mondial. Et cela ne saurait se faire sans stages bloqués à l’étranger. Bien sûr, toutes les volontés de m’offrir une bonne préparation seraient les bienvenues. Je suis sûr qu’avec mon entraîneur et mon coach, on ira loin même avec le minimum. Je tiens aussi à rappeler que j’ai eu plusieurs titres nationaux et internationaux, mais il n’y a eu que la DJS, l’APW de Tizi Ouzou et notre fédération qui m’on apporté leurs soutiens. Hélas, c’est insuffisant pour le modeste étudiant que je suis. Je fais d’ailleurs appel au ministère de la jeunesse et des sports pour nous venir à l’aide.

Le kempo fait-il vivre ?

Hélas, non. Le Kempo et les arts martiaux ne font pas vivre en Algérie, et ce, quels que soient votre rang et palmarès. D’ailleurs, je ne compte pas beaucoup sur ça. Je suis étudiant en 3e année électrotechnique à l’université Mouloud Mammeri. J’entends décrocher ma licence pour sécuriser mon avenir, c’est un peu difficile à cause de ma participation à plusieurs tournois. Mais j’essaie de m’organiser au maximum, bien que ce ne soit pas toujours possible. On ne fait pas d’omelettes sans casser des œufs. J’aurais aimé vivre du Kempo pour pouvoir me focaliser sur la pratique sportive et percer davantage. J’espère que la situation changera pour le bien du sport national.

A votre avis, que faut-il pour attirer plus de jeunes à la pratique sportive ?

La première chose, c’est, à mon sens, l’encouragement de l’élite sportive, car lorsqu’un jeune voit qu’il y a des sportifs (hors football) qui réussissent, ils sont automatiquement attirés. Ensuite, il faut plus de structures et de complexes sportifs. La formation des entraîneurs et des encadreurs est essentielle pour vulgariser la pratique sportive et hisser le niveau du sport national. Il faut une véritable politique de développement en la matière. Notre jeunesse peut, si on lui garantie le minimum et des cadres organisés, briller sur la scène sportive internationale, comme ça été le cas du football, du handball, du judo, de l’athlétisme et de la boxe, pour ne citer que ces disciplines.

Et si on revenait à vos débuts dans le sport ?

Mes débuts remontent à l’âge de 10 ans. J’ai intégré un club de boxe chinoise à Maâtkas, où j’avais fait aussi du Kung Fu, du vo Viêtnam. En 2010, j’ai participé à mon premier championnat d’Algérie de Kempo. Depuis, j’ai eu plusieurs titre dans différentes disciplines des arts martiaux. En 2013, j’ai définitivement opté pour le Kempo et depuis, chaque année, je gagne le championnat d’Algérie. En 2016, j’ai réussi à décrocher le titre de champion du monde et, dernièrement au Caire, la médaille d’or du tournoi MMA professionnel. À présent, je mets le cap sur plusieurs tournois internationaux et surtout le championnat du monde de Hongrie.

Entretien réalisé par Hocine Taib

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