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La campagne de greffage bat son plein

Au moment où certains paysans n’arrivent pas à finir la cueillette des olives, d’autres sont déjà à pied d’œuvre dans les champs pour une toute autre raison. Depuis quelques jours, en effet, les agriculteurs s’adonnent à l’opération de greffage, particulièrement de l’olivier et du cerisier. Avec l’adoucissement des températures, les bourgeons ont éclaté et les paysans risquent de ne pas trouver de boutures pour greffer leurs merisiers. C’est la course contre la montre. «J’ai plusieurs dizaines de pieds à greffer avant qu’il ne soit trop tard», déclare un vieux retraité qui s’est reconverti en fellah. Les plus prévenants ont déjà constitué des réserves de greffons qu’ils stockent dans des endroits frais ou au réfrigérateur. Certains pensent, tout de même, que «les merisiers greffés avec des boutures fraîchement coupées dans la journée ont plus de chance de réussir». De toute façon, «lorsque la saison est favorable, le taux de réussite est important, pourvu que les greffons soient intacts au moment de leur pose», insiste un autre paysan. Les habitués des champs y passent des journées entières pour effectuer le maximum de greffes. Aucun pied mature ne sera omis par les arboriculteurs qui citent les difficultés liées à cette opération qui nécessite beaucoup de temps et d’efforts. «Il faut d’abord nettoyer convenablement les abords du merisier pour éviter que les herbes folles n’altèrent le futur arbre. Pour les grandes superficies, nous devons mettre à contribution tous les membres de la famille, comme pour les olives, afin d’accélérer le travail, surtout lorsque les propriétés sont éloignées et accidentées», dit Si Saïd qui aide, gracieusement, tous les agriculteurs qui le sollicitent. Mais les paysans ne sont pas au bout de leurs peines. Une partie, selon les saisons, des pieds greffés échouera. Il faudra surveiller ceux qui auront été «réussis», pendant plusieurs années. Ils donneront quelques fruits au bout de la troisième année. Ce n’est qu’une fois qu’ils auront atteint l’âge adulte, soit près d’une dizaine d’années, qu’ils seront alors rentables. Entre-temps, leurs propriétaires doivent prier pour que la neige, les incendies et les parasites ne les détruisent pas. C’est dire que «même si certains pensent que c’est une activité lucrative facile, l’arboriculture est un travail de longue haleine. Mais si l’on aime les champs, la récompense viendra lorsque vous verrez, avec bonheur, les cerises ou les olives, fruit de votre travail, pendre aux arbres», ajoute notre interlocuteur.

A. O. T.

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