La Dépêche de Kabylie : En tant que fils et président de la fondation, que pourriez-vous dire 56 ans après l’assassinat de votre père ? Qu’est-ce que cela représente pour vous aujourd’hui ?
Ali Feraoun : Cela fait un demi-siècle déjà que nous fêtons cet anniversaire qui est aussi celui des six inspecteurs. C’est devenu une tradition en Kabylie et même en Algérie. On a commencé la commémoration la semaine dernière. J’ai été sollicité à Béjaïa, Bouira et Alger. J’ai eu l’occasion de donner une conférence à la faculté des lettres et de la sociologie à côté de la Japonaise qui a traduit le livre de Feraoun «Le fils de pauvre» en japonais. La commémoration prend de plus en plus une dimension nationale et ça nous réjouit. Je ressens cela comme un devoir de protéger la mémoire de Feraoun et de transmettre son héritage. C’est surtout ça le défi avec la nouvelle génération. D’ailleurs, ça me réjouis de voir aujourd’hui des enfants s’intéresser à Feraoun et à son œuvre.
En dehors de ces journées commémoratives, que fait la fondation pour préserver justement sa mémoire et transmettre son œuvre ?
On a un projet ambitieux qu’on est en train de réaliser. Il s’agit d’un centre de documentation Mouloud Feraoun. Nous avons, avec l’aide de l’institut français, numérisé tous les manuscrits de Mouloud Feraoun ainsi que les archives. Nous sommes actuellement en attente d’un local pour mettre ce travail à la disposition de la population. La fondation fait aussi un travail d’édition et de réédition. On a aussi des conférences à travers plusieurs wilayas. Notre objectif cette année est de réparer l’image de Mouloud Feraoun. Les éditions du Seuil ont modifié volontairement le message de Feraoun dans ‘Le fils du pauvre’ donc son image et ce selon les critiques littéraires des Américains et Français.
Avez-vous saisi la justice dans cette affaire ?
Non puisque cela a été fait du vivant de Feraoun. Seulement, nous avons la bonne édition. Celle qui n’a pas été falsifiée. Casbah la publiée. Elle commence à être connue par les Algériens. Elle a été faite en 1958. J’ai signé un contrat pour que ce soit la seule qui soit publiée. Il a fait l’étal des lieux en Kabylie et en Algérie en général. La conclusion du fils du pauvre était que la seule façon de s’en sortir après les événements du 8 Mai 1945, était de prendre le destin en main et aller vers la guerre.
Propos recueillis par K. H.

