Les handicapés, ces laissés pour compte

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Sans association pour les défendre ou les aider, les personnes en situation de handicap se morfondent à longueur d’année, se résignant à leur sort. Si dans certaines régions, les concernés ont été en haut de l’affiche de quelques festivités avec distribution de matériel, à Aïn El Hammam, aucune activité n’est venue attirer l’attention de la population sur les personnes clouées au fauteuil roulant ou à ces déficients mentaux qui hantent les rues et «dérangent» certains par leurs vociférations, et qui amusent d’autres. Pour eux, le 14 mars, Journée nationale des handicapés, ressemble à tous les autres jours de l’année, avec toutes les difficultés inhérentes à leur situation. Certains ne savent même pas que c’est en ce jour que l’on se doit de nous rappeler de leur existence et sensibiliser la société à leur situation particulière. Les plus chanceux comptent sur leur proche pour les aider à se déplacer ou à effectuer des achats. Leurs déplacements sont limités. Ils ne peuvent pas envisager de voyager par fourgons de transport dont la malle exigüe ne peut contenir leur fauteuil. Leur horizon est limité au village ou au périmètre proche de leur maison. Même les nouvelles constructions (superettes, salons de coiffure et autres) ne prennent pas en compte cette frange de la société pour leur faciliter l’accès. Ne pouvant rester chez lui, dans le logement exigu de ses parents, A. Mohamed ne fait que longer les ruelles de la ville avec son véhicule sans moteur. Habitant à quelques centaines de mètres de la ville, il s’y rend chaque matin. Il est habitué à monter jusqu’en haut de la cité par la force de ses bras pour revenir, en «point mort» par le grand boulevard. Qu’il pleuve ou qu’il vente, il arpente l’asphalte, ne pouvant accéder nulle part sans l’aide de personnes généreuses. La hauteur des trottoirs que le fauteuil roulant ne peut franchir, ne permet pas aux personnes avec fauteuil roulant de pénétrer dans un café, un magasin ou un lieu public. Seule l’ANEM a prévu un accès aux personnes à mobilité réduite jusqu’au hall. Alors qu’au siège de la daïra, l’entrée par le parking leur permet de pénétrer dans la cour. Cependant, ils se heurteront encore une fois, aux marches d’escalier avant d’atteindre un quelconque service. Le reste des administrations sont toutes surélevées par rapport à la chaussée. Quant aux efforts de l’Etat pour l’insertion des personnes en situation de handicap, elle est réduite à «une pension dérisoire» et à «des textes qui demandent aux administrations de faciliter leur recrutement à l’ordre de 1%». Nacer, un étudiant en situation de handicap, a quitté l’université à deux reprises «renvoyé par des escaliers partout», dit-il. Cette année, il y est retourné et arrive à suivre ses études grâce à la générosité de quelques étudiants qui l’aident lors de ses déplacements. Il se démène, effectuant demande de visa d’études sur demande pour «une université qui pourrait me permettre de me mouvoir et préparer un diplôme», espère-t-il. Des cas similaires de jeunes gens et de jeunes filles, las de faire face à tant de difficultés, et qui abandonnent leurs études, sont légion.

A.O.T.

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