S. Ait Hamouda
La Fête de la victoire c’était hier ! Que l’on se souvienne de ce jour qui a mis fin à 132 ans d’avilissement, de situation de sous humanité, d’expropriation et tout le toutim. Quand on se rappelle le 19 mars 1962 où on allait aux meetings qu’organisait l’ALN, et l’on prenait conscience du sacrifice des Algériens. On prenait aussi la mesure de la Révolution et de ce qui la représentait à nos yeux d’enfants qui découvrent l’Algérie subrepticement, comme si nous revenions d’un long cauchemar qui n’a fini que ce jour, nous apercevons qu’enfin nous sommes libres comme le sont les oiseaux. Mais comme il y a un mais, ce qui devrait être la panacée s’est avéré une illusion qui a mis du temps pour se fondre dans l’unité du pays. Quoi que nous disions, enfants, était une vérité. Mais la démarche fuyait de nos pas, non mesurés, pour atteindre la réalité que nous ne maitrisions pas. Toutefois, ce bonheur inénarrable était à son comble. Des sourires partout, des joies démesurées d’enfants. La vérité sort de la bouche des chérubins aux pieds nus, mal habillés, mal instruits mais conscients que ce que nous avons vécu était le mal à l’état pur. À l’obscure nuit coloniale pointe le jour brandit au soleil comme un poing. À la noirceur de ce matin, vint la clarté de cet instant béni de tous les saints que la terre n’avait pas connue auparavant. Il y avait une clarté éblouissante, un soleil comme nous n’avons pas vue avant, splendide, irradiant, rayonnant comme jamais, surtout les défilés spontanés de foules inimaginables. L’Algérie était belle, plus belle que tout les pays du monde. Nous nous embrassions, comme des frères et sœurs en ce jour décalé parce que c’est un jour spécial dans sa radicalité inédite. Ce jour était l’Algérie mise au monde aux forceps, douloureusement par un peuple qui ressemble à tous les peuples mais qui a ceci de particulier : sa bravoure, son sens du sacrifice. Ce jour est un ensoleillement spécifique, c’est le jour où l’Algérie est revenue au monde…
S. A. H.
