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«Nous rencontrons énormément de problèmes»

Dans cet entretien, le président de l’association A-Rahma d’aide aux malades atteints du cancer, M. Mahmoud Ouazar, revient sur les nombreuses difficultés que son association rencontre sur le terrain.

La Dépêche de Kabylie : Est-ce facile de diriger une telle association ?

Mahmoud Ouazar : C’est un combat de tous les jours. Nous rencontrons énormément de problèmes, notamment au niveau des centres anti-cancer. J’ai eu, dernièrement, deux réunions importantes, avec des représentants du ministère. Nous avons évoqué les problèmes que notre association rencontre, notamment en ce qui concerne les rendez-vous au niveau des centres anti-cancer, en attendant la mise en service de celui de Draâ Ben Khedda.

Sur quoi a porté cette rencontre ?

On nous a surtout rassuré que le Centre anti-cancer de Draâ Ben Khedda soulagera les malades de notre région et de toute la wilaya et ouvrira normalement ses portes dès le mois de juin prochain. C’est un engagement d’un haut responsable. Cela soulagera les centaines de cancéreux au niveau de notre wilaya, et plus particulièrement ceux de Draâ El-Mizan. Il a affirmé que les trois accélérateurs tout neufs sont déjà arrivés et que la structure de base de la radiothérapie de Draâ Ben Khedda est pratiquement achevée. Cette bonne nouvelle nous a réchauffé le cœur. Personne ne peut ignorer que c’est une lourde responsabilité de prendre en charge un cas de cancer. Lorsqu’un malade vient à notre siège, c’est un parcours du combattant qui commence pour trouver une place dans un centre anti-cancer. Au début, nous avions quelques problèmes avec les responsables du CAC de Sétif, mais avec l’intervention de l’ex-ministre de la Santé, M. Boudiaf, tout est rentré dans l’ordre. Tous les cas y sont pris en charge et je profite de cette occasion pour remercier les médecins du centre anti-cancer de Sétif, et les responsables de la maison d’accueil. Il faut savoir aussi que la conjoncture économique actuelle ne nous facilite pas la tâche, mais cela ne nous décourage pas.

Y a-t-il des malades qui n’obtiennent pas de rendez-vous ?

Dieu merci, les derniers viennent de terminer leur cure. Ils suivent des soins et ont tous des rendez-vous réguliers, dans les délais. Nous avons eu plus d’une dizaine de cas en 2017, pris en charge à Sétif. Maintenant, il n’en reste plus un. A chaque nouveau cas, il faut faire des mains et des pieds pour arracher un rendez-vous de chimiothérapie, puis de radiothérapie. L’ouverture du CAC de Draâ Ben Khedda, je le répète encore une fois, est plus qu’urgente, il délivrera et soulagera les milliers de malades de notre wilaya. Je lance un appel aux citoyens, pour qu’ils nous aident, chacun selon ses moyens, qu’ils aident toutes les associations qui activent dans ce domaine. Sans leur aide et celle de l’État, notre association ne peut rien. Cela dit il y a un détail important qui me revient à l’esprit!

C’est quoi ?

Les 8 et 9 juillet dernier, nous avons organisé le deuxième séminaire sur le dépistage du cancer, au lycée Ali Mellah de Draâ El-Mizan. Mais, ce jour-là notre région était cernée par les feux de forêt, si bien que le camion mobile chauffait et était obligé de repartir. Beaucoup de femmes n’ont pas eu la chance de se faire dépister. J’ai donc demandé lors de ma rencontre avec les gens du ministère à ce que le 3ème séminaire soit organisé à Draâ El-Mizan. J’ai tout de suite eu le ok et on m’a même demandé d’établir le plus vite possible la fiche technique, afin de la déposer sur le bureau du ministre. Si tout va bien, il aura lieu d’ici avril prochain. Nous sommes en contact avec des professeurs de renommée internationale pour assurer des communications. Ce sera une occasion pour toutes les femmes de se faire dépister.

Y a-t-il une réelle demande ?

Évidemment. Dernièrement, à l’occasion de la célébration de la fête internationale pour les droits des femmes, j’ai animé une conférence sur le cancer du sein à la maison de jeunes de Frikat. Beaucoup de femmes y ont assisté et nous ont exposé leurs inquiétudes. Elles nous ont expressément sollicités pour organiser au plus vite ce séminaire. Il est vrai néanmoins que la sensibilisation est insuffisante. Des milliers de femmes, notamment dans les zones rurales, tombent malades sans le savoir. Il est vraiment urgent de multiplier les campagnes de dépistage. J’espère que le prochain séminaire sera bénéfique d’autant plus que nos partenaires ont donné leur accord de principe d’agir ensemble.

Quelle conclusion faites-vous pour clore cet entretien ?

Il ne faut pas dormir sur ses lauriers. C’est un lourd fardeau, mais, j’estime que nos sacrifices ne sont pas vains. Chaque cancéreux a son histoire et il faut être à l’écoute. Ce qui importe pour nous c’est que le malade soit soulagé et satisfait. Je lance un nouvel appel aux autorités locales pour qu’elles se joignent à nous et nous soutiennent, c’est une mission humanitaire et de santé publique qui incombe à tout le monde.

Entretien réalisé par Amar Ouramdane

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