Le capitaine Abdelhafid Adouane ressuscité

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Un vibrant hommage a été rendu, samedi dernier, au maquisard Abdelhafid Adouane, dans la municipalité d’El-Flaye, relevant de la daïra de Sidi-Aïch.

Initiée par l’Organisation nationale des moudjahidine de la wilaya de Béjaïa, l’APC d’El Flaye, en collaboration avec la famille Adouane, et l’Association pour la promotion de l’activité culturelle de la même localité, cette journée a enregistré la présence d’une foule nombreuse. Parmi elle, de nombreux anciens maquisards, à l’instar de Medjkoune d’Ighzer Amorkrane, Challal Kaci d’Aourir Ath Hsyene (Akfadou), le colonel Dellys Abdellah, Saoud Saïd dit «Lothcus» et deux compagnons d’armes du défunt dans la région de Msila. L’ancien président de l’APN, Karim Younès, et la fille de Krim Belkacem étaient également présents à l’hommage rendu au valeureux maquisard d’El Flaye qu’était Adouane Abdelhafid, issu d’une famille qui s’est sacrifiée pour la libération de l’Algérie du joug colonial. En effet, Hadj Rabah, (qui est-ce ?), fut exécuté le 2 mai 1959. Sa mère Fadhma a été emprisonnée, torturée et humiliée par l’armée coloniale en la faisant défiler dénudée dans les rues du village. Le Moudjahid Adouane compte aussi trois frères ayant activement pris part à la lutte de libération, à savoir le moudjahid Abdelmalek, un ancien condamné à mort et ancien responsable de l’OCFLN en France, Hanafi, exécuté en avril 1959 par l’armée coloniale, et Fodil emprisonné de 1960 à 1961 dans le sinistre camp de Bourbaâtache. Né le 24 mai 1932 à El-Flaye, Adouane Abdelhafid rentra en Algérie, après deux années passées en France, suite au déclenchement de la révolution, pour rejoindre les rangs de l’ALN. Selon des témoignages de ses anciens compagnons d’armes, le défunt, qui a trouvé la mort dans un accident de la route le 6 novembre 1983 dans sa région natale, avait rejoint les rangs de l’ALN en 1956 et participa à l’accrochage d’Ighzer Boulhadj, dans la commune de Tibane où l’armée coloniale a subi de lourdes pertes. Lors de cette opération, Si Abdelhafid s’est distingué par sa bravoure, son sang-froid et ses qualités d’organisation, a-t-on témoigné. Avant sa mutation en décembre 1956, de la région 2 (Zone 2), à la région de M’sila et Bordj Bou-Arreridj, le défunt a participé à plusieurs opérations, notamment l’accrochage de Zountar en mai 1956, Mezouara et Imaghdassen en juillet 1956 et plusieurs actions de sabotage dans la région des Aït Ouaghlis et Aouzellaguen. À M’sila, le sergent chef Si Abdelhafid, chargé du renseignement et de la sécurité, a eu un rôle majeur et déterminant dans la préparation et la réussite des opérations militaires menées par l’ALN. Entre autres, l’embuscade menée contre le groupe Belounis à Diyalem, dans la commune de Sidi El Djir (M’sila) en 1957, l’embuscade de Djouadria, toujours à M’sila, en juillet 1957 et de multiples autres opérations de sabotage et harcèlement de l’ennemi durant la période de 1957 à février 1958, dans les régions de Boussaâda, Bordj Bou-Arreridj et M’sila. Si Abdelhafid, qui s’est aussi héroïquement distingué par ses qualités d’organisateur et de meneur d’hommes, a pu convaincre le sergent Chef Mohamed Zernouh, du poste militaire d’El Hourane, de rallier les rangs de l’ALN, facilitant aux djounoud de cette dernière la prise de ce poste stratégique. Le colonel Amirouche dépêchera, alors, trois bataillons pour soutenir ce groupe en charge de la prise de ce poste. L’opération en question est considérée comme l’une des plus importantes menées par l’ALN. A l’issue de cette opération, l’Armée de libération nationale a fait 24 prisonniers, dont le lieutenant Olivier Dubois, et récupéré un arsenal d’armes et de munitions qui ont été acheminés vers l’Akfadou. Pour sa bravoure et sa participation active à la prise du poste d’El Hourane, Si Abdelhafid a été décoré par le colonel Amirouche. C’est dans un ratissage d’envergure de l’armée coloniale à Delta Merabet, dans la commune d’Ouled Mansour (M’sila), que Si Abdelhafid sera arrêté. Dans un premier temps, il sera emprisonné à Constantine avant d’être transféré, en janvier 1961, à la prison d’El Khemis de Béjaïa où il sera détenu jusqu’à sa libération, le 19 mars 1962. Après sa libération, il rejoint les rangs de l’ANP et sera promu aspirant. Il suivra une formation de 18 mois en Égypte comme radariste. A son retour en Algérie, en décembre 1964, il sera nommé sous-lieutenant. Promu au rang de lieutenant en 1967 puis capitaine en 1971, Si EL Hafid Adouane trouva la mort dans un accident de la route dans la région de Sidi-Aïch, le 6 novembre 1983. Il sera nommé commandant à titre posthume. Plusieurs festivités commémoratives en hommage au défunt maquisard ont été observées dans la municipalité d’El Flaye. Au programme, un tournoi de pétanque et de football, une exposition de photos des martyrs du village, un concours portant sur la meilleure biographie du défunt moudjahid, avec la participation des cinq écoles primaires de la commune… Dans la matinée de la journée, recueillement et dépôt d’une gerbe de fleurs sur la tombe du défunt maquisard au cimetière du village ont été au programme. Dans la salle des fêtes Ounissa de la même localité, avant la projection d’un documentaire sur le parcours du défunt, le secrétaire général de l’ONM de Béjaïa, le premier responsable de la direction des moudjahiddine de Béjaïa et de nombreux compagnons d’armes se sont succédé à la tribune pour des témoignages sur le rôle du maquisard durant la guerre de libération, mettant l’accent sur les qualités humaines du défunt : «son engagement à servir dignement le pays, sa bravoure, sa disponibilité, son efficacité, sa discrétion, sa simplicité…».

F. A. B.

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