Décidément, le printemps ne veut pas s’installer et l’hiver semble jouer les prolongations.
Les deux dernières 48h ont été marquées, dans la wilaya de Béjaïa, à l’instar d’autres régions du nord du pays, par d’abondantes intempéries et une tempête de neige, accompagnées de fortes rafales de vents, qui ont causé beaucoup de dégâts. Des routes transformées en cours d’eau, des villages inondés et plongés dans le noir à cause des coupures d’électricité, des réseaux routiers bloqués, des chutes d’arbres, des crues d’oueds provoquant des inondations, des affaissements de terrain et des murs effondrés sont, entre autres, les dommages enregistrés ces deux derniers jours suite aux pluies torrentielles. Hier encore, la RN12, reliant la wilaya de Béjaïa à Alger, a été fermée au niveau d’El Kseur à cause de la montée des eaux de l’Oued Soummam. Ce tronçon routier a été complètement bloqué des deux sens. Les automobilistes étaient contraints de faire un long détour via la RN75 pour rejoindre ou quitter le chef-lieu de wilaya en partance vers la vallée de la Soummam. La Direction des travaux publics de Béjaïa (DTP) a annoncé, avant-hier, qu’elle ne pouvait pas intervenir, tant que les intempéries n’ont pas cessé. Néanmoins, les équipes de la DTP, soutenues par les unités de la Protection civile et les services de la municipalité ont réussi, avant-hier, à déboucher un tronçon de la RN26, longeant les communes de Sidi Aïch et Takrietzs. Ce tronçon a été entièrement inondé par les eaux de pluies, des heures durant, faute d’avaloir et de réseaux de drainage des eaux pluviales adéquats et entretenus. Le trafic routier était très difficile ces deux dernières journées. Des automobilistes, pris dans des embouteillages monstrueux, ont souffert le calvaire. D’autres axes routiers ont été bloqués par la neige, à l’image de la RN26A, liant la daïra d’Akbou à la wilaya de Tizi-Ouzou, via le col de Chellata. La circulation automobile était également très perturbée sur les RN 9 et 12 reliant respectivement la wilaya de Béjaïa à Sétif, par Kherrata, et à Tizi-Ouzou, via Adekar, à cause de la neige et du verglas. Les équipes de la DTP étaient sur le qui-vive et à pied d’œuvre pour déneiger ces routes et désenclaver les localités coupées du monde suite à la fermeture de routes par des amoncellements de neige. De son côté, la Protection civile de Béjaïa a effectué pas moins de cinquante interventions pour l’évacuation de routes, d’habitations et autres infrastructures envahies par les eaux de pluies. Ainsi, les sapeurs-pompiers ont été appelés au secours pour l’épuisement des eaux au niveau de la cour de l’auberge de Melbou, à l’entreprise ICOTAL Béjaïa, au Campus d’Aboudaou et au camp du recasement de Saket. Ces endroits étaient littéralement inondés par les eaux pluviales.
Tout Draâ El Caïd plongé dans le noir
Tous les villages de la commune de Draâ El Caïd, sise à 70 km environ à l’Est du chef-lieu de wilaya, ont été plongés dans le noir, avant-hier soir, à cause d’une coupure d’électricité occasionnée, selon la chargée de communication de la SDE de Béjaïa, par la chute de conducteurs électriques suite aux violentes rafales de vent survenues, dimanche dernier. Des rafales de vents ayant atteint ou dépassé les 60 km/heure ont fait tomber des lignes de moyenne tension et déraciné des arbres, privant ainsi quelque 3 500 clients d’électricité. Toutes les équipes de la SDE, a affirmé la même source, ont été réquisitionnées pour rétablir le courant électrique et réparer les pannes signalées aux quatre coins de la wilaya. Jusqu’à hier matin, une partie des clients de la SDE dans la commune de Draâ El Caïd est restée sans électricité, alors que les agents de la SDE, assistés par des privés, s’attelaient à rétablir le courant malgré les conditions climatiques défavorables et le froid glacial. Selon la SDE de Béjaïa, il restait encore 28 conducteurs électriques à réparer hier matin.
Plusieurs affaissements de terrain
Les dernières intempéries ont également provoqué plusieurs éboulements, notamment en régions montagneuses. Dans la commune de Tizi N’Berbar, un éboulement est survenu au village Tiboualamine, menaçant particulièrement une habitation d’effondrement. L’un des membres de la famille occupant cette maison en danger a lancé un cri de détresse à l’adresse des autorités locales : «Ma famille est en danger. Cet affaissement et ces chutes de pierres ne date pas d’aujourd’hui. Chaque hiver, nous nous déplaçons chez les cousins par crainte d’éboulement pouvant provoquer l’effondrement de notre maison. Les services concernés ne bougent pas pour prendre au sérieux ce problème, malgré nos réclamations. Ils mobilisent juste un engin pour libérer le chemin communal au profit des véhicules. Il faut savoir qu’il y a aussi des élèves qui prennent ce chemin chaque matin en allant vers le primaire et le CEM», a souligné ce citoyen. Des affaissements de terrain ont été, également, enregistrés dans les communes de Kherrata, El Flay, Tibane, Akfadou et Boulimat.
Le mur des Hammadites effondré
Le mur des Hammadites, datant du onzième siècle et sis sur la route dite des Oliviers, n’a pas résisté aux fortes intempéries et rafales de vents ayant marqué la wilaya de Béjaïa ces deux dernières 48h. Ce mur, déjà fragilisé, selon M. Bennacer, président de l’association œuvrant pour la protection du patrimoine historique de la ville de Béjaïa, s’est partiellement effondré. Ce militant associatif lance un appel à l’adresse des responsables locaux du secteur de la culture pour intervenir en urgence, en vue de sauver ce qui reste de ce vestige historique, témoin de la présence des Hammadites à Béjaïa. Par ailleurs, plusieurs habitations ont connu des dégâts suite à ces intempéries. Dans la commune d’Akbou, la toiture de deux maisons s’est effondrée. Les services de l’APC ont procédé à l’évacuation vers une école primaire des deux familles occupant ces logements précaires, dans l’attente de leur trouver une solution, a indiqué une source locale.
Boualem S.