Encaisser sa pension de retraite à l’agence BADR de la ville de Sidi Aïch relève de la croix et la bannière. Les titulaires d’une pension en devises, dont les comptes sont domiciliés au niveau de cette banque publique, subissent régulièrement les effets pervers d’une situation dont ils ne sont nullement responsables. En effet, peut-on constater, chaque troisième décade de mois, correspondant à la période de versement de leurs indemnités, donne lieu à une véritable curée. L’agence est prise d’assaut par une foule compacte de retraités affluant de toutes les communes environnantes. Dès la pointe du jour, de longues files se forment à l’entrée de la bâtisse. «Sincèrement, j’appréhende les fins de mois, car disposer de mon maigre pécule n’est pas de tout repos», maugrée un vieillard de Sidi Ayad. «Il faut se lever aux aurores, emprunter une navette de transport publique et s’astreindre à de longues heures d’attente devant la banque. Voilà ce que nous endurons à chaque virement de notre retraite», se lamente un retraité de Tibane. «Les responsables de la banque se doivent de réaliser que nous n’avons plus vingt ans pour endurer tout ce supplice et supporter les rigueurs du climat, sans pour autant être sûrs de retirer notre argent», lâche à la cantonade, un autre retraité appuyé sur sa béquille. En dépit de cet afflux massif au quotidien, une discipline et un ordre impeccables règnent à l’intérieur de l’agence. «Nous faisons du mieux que nous pouvons pour satisfaire le plus grand nombre. Mais je dois avouer que nous sommes souvent submergés par l’ampleur de la tâche, car les retraités veulent tous retirer leur argent le même jour», confesse un préposé au guichet. «Nos clients retraités n’ont qu’à différer leurs opérations de retrait et le problème est réglé. La solution est d’une banalité extrême, mais très peu de gens y recourent», suggère-t-il.
N. M.