«Nos soucis ce sont les créances, les ouvrages agressés, les oppositions…»

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Le directeur de la SDC de Bouira, M. Abdelouahab Zedam, récemment installé, parle des réalisations et des perspectives de l’institution, ainsi que des contraintes rencontrées sur le terrain.

La Dépêche de Kabylie : Où en sont les créances de la SDC ?

Abdelouahab Zedam : Les redevances non-payées pèsent très lourd sur la gestion de la SDC. Une grande partie des créances est détenue par les abonnés domestiques, pour un montant de 388 MDA sur un total de 957 MDA. L’agence commerciale de M’Chedallah détient à elle seule 112 MDA, 12 % des créances globales de la Direction de distribution. Les APC détiennent 155 MDA, les administrations 59 MDA et le secteur privé nous doit 171 MDA. Les APC et les administrations détiennent près de 40% des créances et cela s’accumule depuis plusieurs années. Il faut savoir que certains abonnés domestiques ne se sont pas acquittés de leurs factures depuis 2006. Une consommation de 2006 payée en 2018 est une pénalité pour nous. Nous avons tracé un plan de coupures contre les abonnés récalcitrants et ce n’est pas de gaité de cœur que nous avons agis ainsi, c’était le recours ultime pour faire rentrer l’argent dans nos caisses. Je réitère toutefois la disponibilité de la SDC à négocier des calendriers de paiement avec les citoyens pour peu qu’ils fassent preuve de bonne volonté. Un échéancier peut être établi pour que les paiements s’échelonnent par mois ou par trimestre.

La SDC est-elle toujours confrontée aux piratages ?

Nous connaissons un taux de perte en électricité de l’ordre de 11,42%. Mais il existe également un autre phénomène qui impacte négativement les résultats de la Direction de Distribution, à savoir la fraude. Nous avons enregistré 195 cas avérés et avons mobilisé nos services afin de mettre fin à ces pratiques malsaines. Notre service juridique a procédé au dépôt de 195 plaintes. Au cours de l’année 2017, nous avons enregistré 67 incidents, dont l’origine étai des atteintes de tiers sur le réseau électrique, avec 27 incidents sur le réseau basse tension et 40 sur le réseau moyenne tension. Pour le gaz, 42 incidents ont été enregistrés et les atteintes des tiers représentent 100 % du nombre total des incidents.

Les différents plans d’urgences ont-ils été menés à terme ?

Pour le programme de renforcement du réseau électrique engagé par l’entreprise pour une meilleure qualité et continuité du service, de nombreuses réalisations ont été faites notamment pour les postes transformateurs. A Bordj Okhris, nos services ont procédé au renforcement du poste transformateur alimentant la localité d’Ouled Okhris, à Lakhdaria au renforcement du poste transformateur alimentant la localité de Tiliouine et de celui alimentant le quartier de Baba Aissa. A El Adjiba, on a renforcé le poste transformateur alimentant la localité de la Crête-Rouge, à Bechloul celui alimentant la localité d’Ouled Anboub, à M’Chedallah celui alimentant la localité de Beni Yakhlef, à Oueld Rached celui alimentant la localité Ouled Abd Allah et enfin à Haizer celui alimentant la localité de Mzaabel. Pour ce dernier, il s’agit d’un projet ayant fait l’objet d’une opposition depuis 2013 et qui n’a connu son aboutissement qu’en 2017, après recours à la force publique. Toutefois, d’autres investissements ont été consentis dans le cadre de la restructuration des réseaux existants, avec le bouclage des réseaux et la création de nouvelles lignes électriques en vue d’améliorer la qualité du service. Je vous citerai, entre autres, la création d’une ligne moyenne tension (MT) à partir du poste 220/60/30 KV Thamer, en vue de renforcer les capacités de puissance de la ville de Bouira. Un programme lancé en 2013 et qui n’a vu son aboutissement qu’en 2017, là aussi suite à de multiples oppositions. Nous avons aussi créé deux postes de répartition au niveau de Harket, à Bouira, et l’ancienne ville de Bouira, avec la création de nouveaux réseaux souterrains (MTS) de huit lignes électriques souterraines. Ce projet a pour but de mieux répartir la puissance distribuée et, du coup, l’amélioration de la qualité et la continuité du service de la ville de Bouira. Il y a eu aussi la création d’une nouvelle ligne moyenne tension aérienne (MTA) qui servira de bouclage entre les deux lignes électriques issues du poste 60/30 KV Sour El Ghozlane alimentant les localités de Dechmia et Dirah. L’enveloppe financière allouée à ces projets est de l’ordre de 238, 75 millions de dinars.

Le problème des oppositions se pose-t-il toujours ?

Oui hélas. Certes, il y va de l’exercice du droit de propriété, mais il est paradoxal que les citoyens réclament le développement et l’amélioration de leur vie de tous les jours, par le consentement d’investissement très coûteux, à travers la construction des réseaux et autres ouvrages, alors qu’ils ne veulent pas céder les couloirs de servitude devant accueillir ces installations, pourtant incontournables. Nous pouvons citer le cas du renforcement du poste transformateur à Koudiat dans la commune de Bechloul. Ce projet a été annulé après avoir épuisé les solutions possibles malgré l’intervention des autorités locales, particulièrement celle du P/APC de Bechloul. De même pour le renforcement du poste transformateur à Fraksa, dans la commune d’Oued el Berdi, où les travaux ont été engagés en 2017 mais furent mis à l’arrêt. Il a été reporté sur le budget de l’année 2018. Idem pour le renforcement du poste transformateur à Hazama, commune de Lakhdaria, où les travaux ont été engagés en 2017 mais le projet est là aussi à l’arrêt et a été reporté sur le budget 2018. Nous avons enregistré une opposition sur le passage des lignes à Ahnif et Ighrem dans le cadre de l’électrification rurale pour le compte du programme d’Etat. Nous connaissons aussi des oppositions qui concernent les projets structurants comme celui du raccordement en énergie électrique de la station de pompage de Sonatrach de Beni Mansour. Pour le projet d’adduction en eau potable à partir du barrage Tilesdit, le raccordement en énergie électrique des stations SP2, SP3, SP4 est aussi à l’arrêt. Ces stations sont actuellement raccordées, provisoirement, à partir des lignes existantes, mais ceci crée des perturbations sur le réseau de distribution publique en raison des puissances importantes de ces stations. Même topo pour le projet d’adduction en eau potable à partir du barrage Koudiat Acerdoune, avec le raccordement en énergie électrique des stations SP2, SP3, qui est à l’arrêt. Nous avons raccordé ces stations, là aussi provisoirement, à partir des lignes existantes. Situation qui créée des perturbations sur le réseau de distribution publique en raison également des puissances importantes de ces stations. Pour le raccordement de la zone d’activités d’Aomar, les travaux sont en cours de réalisation, mais nous avons enregistré des oppositions sur plusieurs tronçons, de même pour le raccordement de la zone d’activités de Sour El Ghozlane dont les travaux sont en cours de réalisation malgré l’apparition d’oppositions sur la partie moyenne tension (MTA). Ce sont-là des difficultés qu’on rencontre souvent sur le terrain suite aux nombreuses oppositions catégoriques des citoyens quant au passage de nos ouvrages sur ou sous leurs propriétés. Cette situation demeure un handicap pour la concrétisation de nos réalisations dans les délais prescrits. Donc, créances, agressions d’ouvrages et oppositions sont autant de contraintes rencontrées au quotidien par la SDC.

Quelques chiffres en matière de réalisations au cours de l’exercice 2017 ?

En matière de raccordement en gaz naturel, le programme d’Etat avance plutôt bien et notre direction a mis en service durant l’année 2017 et jusqu’au 31/12/2017, pas moins de 395 Km de réseaux de gaz naturel au profit de 5 753 foyers, et ce dans le cadre de PQLS (Programme des quartiers des lotissements sociaux) et DP (Programme de Distribution publique gaz). En matière de raccordement à l’électricité, et ce jusqu’au 31/12/2017, ce sont 22 km de réseau d’électricité, pour 243 foyers, qui ont été réalisés. De ce fait, le taux de couverture en électricité est de 98% et le taux de pénétration en gaz au niveau de la wilaya est de 76%. Le coût financier de ces projets importants et ambitieux est de 511,288 millions de dinars (MDA). Pour l’été 2018, nous avons prévu le renforcement du poste transformateur alimentant les localités de Cheraga et Ouled Kfifa, le renforcement du poste transformateur alimentant Ighil Boumourene, à Ait Laaziz, le renforcement du poste transformateur alimentant Sidi Yahia, à Aïn Bessem, ainsi que le renforcement du poste transformateur alimentant la localité de Laazib, à Chorfa. Ceci dit, nous interviendrons également sur les lignes électrique, avec la création d’une nouvelle ligne moyenne tension (MTA) à partir du poste 60/30 kv Illiten, pour renforcer la capacité de la puissance électrique au niveau de la daïra de M’Chedallah, ainsi que la création d’une nouvelle ligne moyenne tension (MTA) à partir du poste 60/30 Kv Illiten, pour renforcer la capacité de la puissance électrique au niveau de la région d’El Adjiba. Nous mettons en œuvre l’ensemble de nos moyens techniques humains et financiers pour satisfaire nos abonnés dont le nombre ne cesse d’augmenter. Pour l’électricité, le nombre d’abonnés basse tension (BT) est de 185 032, alors que le nombre d’abonnés moyenne tension (MT) est de 1 166, ce qui donne un total de 186 198 abonnés. Pour le gaz, nos services enregistrent 114 327 abonnés basse pression (BP) et 184 abonnés de moyenne pression (MP), soit un total de 114 511 abonnés.

Entretien réalisé par Hafidh Bessaoudi

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