Le titulaire du titre international du MMA, Nadir Smaini, revient dans cet entretien sur son parcours dans les arts martiaux et son grand palmarès, ainsi que son désir d’évoluer en équipe nationale.
La Dépêche de Kabylie : Votre titreau Caire vous a fait grand plaisir, n’est-ce pas ?
Nadir Smaini : En effet, le titre international du tournoi MMA en Egypte a un goût spécial et je dirai unique car la manière dont je l’ai gagné m’a réjoui. Face à un athlète du pays organisateur, avec toute la pression au tour du combat et l’encouragement des supporters à sens unique, il faut savoir se placer au-dessus de tout ça, ce n’est pas facile. Ensuite, en entrant dans le match, j’ai tout de suite mis le paquet, coup sur coup et premier arrêt de l’arbitre qui a dû compter mon adversaire. Dès la reprise, j’ai enchaîné sans discontinuer et exactement à la 40e seconde du premier round, mon adversaire est hors combat grâce à une droite bien ajustée à la mâchoire. Il a été sonné, je le revois encore en train de chanceler. C’est enfin un rêve réalisé. Gagner l’or en Egypte face à un Egyptien reste pour moi et pour tous les sportifs un exploit. C’est pour cela que ce titre a un gout spécial.
Votre palmarès est assez riche malgré vos moyens dérisoires. Comment expliquerez-vous cela ?
Inutile de vous rappeler que j’ai réussi à être champion d’Algérie à six reprises, j’ai été également vice-champion à deux reprises, j’ai eu un titre international en Tunisie et en Egypte et j’espère que le meilleur est à venir parce que je ne vais pas me décourager même si mes moyens sont dérisoires pour un athlète de haut niveau. Pour ne rien vous cacher, parfois, j’exerce comme maçon pour vivre. J’ai une licence en psychologie mais pour décrocher un boulot, c’est une autre histoire. C’est en ce sens que je sollicite de l’aide pour pouvoir pratiquer mon sport à l’aise. Je ne demande pas la lune, juste un boulot avec mon diplôme. J’ai fait le serment d’honorer mon pays dans le domaine des arts martiaux. Malheureusement, chez nous, les moyens sont tous orientés vers le sport roi. Et pour quel résultat !
Comment se présente la compétition de Dubaï ?
Ce sera surement d’un haut niveau, mais je suis persuadé que je ferai un bon résultat car les arts martiaux coulent dans mes veines. En plus, à Dubaï, il y a une prime conséquente donc je suis doublement motivé. Je m’entraine un peu partout, à Tizi Rached, à La salle Saïd Tazrout de Tizi-Ouzou avec l’entraineur Berkaine Brahim et avec le club Ithri à Ait Aissa Mimoun avec Kheloui Ahmed. Je ne lésine pas sur les efforts. Mes entraineurs et mes coéquipiers m’aident aussi et m’encouragent pour améliorer mes techniques et mon endurance. Je sais que je ferai tout pour aller le plus loin possible et par là honorer mon pays sur la scène mondiale. Toutefois, il me faut un minimum de moyen de préparation, de récupération et de motivation.
Comment étaient vos débuts dans les arts martiaux ?
J’ai débuté à l’âge de 12 ans dans la discipline du Taekwondo à Djebla. J’ai appris les techniques de frappe de jambe pendant 18 mois. À Tikobaine, j’ai pratiqué ensuite le Kick Boxing et à 16 ans, j’étais champion de wilaya à ait Mendes dans la daïra de Boghni. Les événements de 2001 ont mis fin aux compétitions mais j’ai continué à m’entrainer tout seul. Avec la reprise des compétitions, j’ai intégré le club Thiziri, avec lequel j’ai participé dans toutes les compétitions au niveau wilaya, régional et national. C’est là que j’ai gagné plusieurs titres de champion. Je suis d’ailleurs toujours avec le même club en tant qu’entraineur adjoint et athlète. Donc, ma carrière est longue de plus de deux décennies. Ma déception est que même après avoir gagné six titres de champion d’Algérie, on ne m’a appelé en équipe nationale. J’ignore pourquoi mais ça me reste au travers de la gorge.
Un appel à lancer aux responsables du sport national ?
Absolument, je les appelle à regarder le sport dans sa globalité et à accorder plus d’importance aux différentes disciplines qui existent et qui peuvent honorer et représenter dignement le pays dans les compétitions internationales. Aussi, je voudrai remercier M. Kheloui Ahmed qui non seulement m’a ouvert sa salle de musculation pour m’entrainer gracieusement mais aussi pour ses encouragement et son soutien. Pour les jeunes sportifs, je leur conseille de pratiquer du sport, c’est bon pour le moral, pour le corps et l’esprit et c’est instructif.
Entretien réalisé par H. T.

