La commémoration du 59ème anniversaire de la mort du colonel Amirouche s’est déroulée hier, à son village natal, Tassaft Ouguemoun, dans la commune d’Iboudrarène, en présence du ministre des Moudjahidine, Tayeb Zitouni.
Une foule nombreuse, composée d’officiels, d’élus, d’artistes, de représentants d’associations, de la famille révolutionnaire et de la société civile était présente sur place à l’occasion. Plusieurs gerbes de fleurs ont été déposées, pour l’occasion. Le ministre, lors de sa prise de parole, a, d’emblée rappelé la dimension nationale et toute la symbolique qu’incarne ce héros de la Révolution : «c’est une occasion chère à tous les algériens. Celui qui nous rassemble aujourd’hui, ici, est un héros de la guerre de libération nationale. A travers lui, nous commémorons les martyrs, les moudjahidine et la guerre. Nous commémorons, l’Algérie, la mémoire nationale, le passé et le présent, c’est ça Amirouche.» Le ministre, insistera sur la portée du message du colonel Amirouche et son impact aujourd’hui. Affirmatif, il a précisé qu’il est un message «pour l’unité et la solidarité. Pour les valeurs et les principes de ce pays». M. Zitouni, relatant le parcours du combattant, lança à l’intention de «ceux qui veulent semer le doute», leur signifiant que «le message d’Amirouche est celui-ci : il est né à Tassaft et mort à M’sila.» Le responsable, enthousiaste devant la marée humaine présente déclare «en vous voyant ici aujourd’hui, hommes et femmes, enfants et grands, je dis, en toute responsabilité, que l’Algérie va bien (…) et son avenir le sera autant (…) Votre présence est un message clair pour tous ceux qui veulent semer le doute. Ceux qui aiment l’Algérie doivent l’aimer avec son passé, avec son Histoire, et doivent être fiers d’elle et des héros qui l’ont faite, ceux qui ont libéré ce pays.» Et d’ajouter par quelques messages politiques : «On n’a pas de problèmes entre algériens, toute l’Algérie est indépendante, on ne s’entend pas sur la gestion, mais on s’accorde tous sur les principes fondamentaux de notre pays. L’Algérie va bien, il suffit de la gérer avec loyauté… La sécurité est là grâce à l’armée (…) On doit se libérer de nos pièges (…) Comment travailler comme un seul homme pour défendre nos constantes nationales, pour lesquelles se sont sacrifiés les martyrs ? C’est le but de ces commémorations.» S’adressant à l’assistance, le ministre des moudjahidine, loue le passé révolutionnaire de la Kabylie : «vous, les enfants de Kabylie, votre responsabilité est grande, la majorité des officiers de la Révolution étaient de cette région, c’est une vérité historique.» Au nom de l’Etat, il fera savoir que «les portes sont ouvertes pour l’écriture de l’Histoire, l’enregistrement des témoignages et le recensement. Il n’y a ni tabous, ni interdits, il n’y a pas de lignes rouges, sauf celles des constantes et de l’unité nationale!» Le wali Mohammed Bouderbali, dans son intervention, a relaté le parcours du combattant que fut le colonel Amirouche. Il a appelé à suivre son exemple, rappelant que «c’est un devoir, aujourd’hui, d’entretenir sa mémoire en participant à la bataille de la construction et en défendant les constantes nationales et les fondamentaux du pays.»
Une nouvelle statue pour le colonel prochainement
Le fils du colonel Amirouche, président de la fondation qui porte son nom et député indépendant à l’APN, a, quant à lui, fait savoir que «le rapport qu’Amirouche a pris avec lui, en partant en Tunisie, nous a été remis par les Français (…) On a pu avoir le nombre de maquisards qu’il y avait à la wilaya III à ce moment là. Ils étaient 12 000 combattants. Par la suite, il y avait l’opération Jumelle qui avait duré deux mois. 8 000 maquisards ont trouvé la mort…» Nordine Ait Hamouda a souligné la nécessité de relater les vérités historiques, notamment, quand on parle du colonel Amirouche. Dans le même sillage, il précisera : «On ne peut pas parler de la mort d’Amirouche sans évoquer certaines vérités. Ce que lui ont fait les Algériens après l’indépendance, la France ne l’a pas fait. Boumediene l’a déterré de Boussaâda, l’a mis en prison jusqu’en 1983 (…) Hitler n’a pas fait ça !» Le fils du colonel Amirouche s’est insurgé contre la falsification de l’Histoire. «Il faut écrire l’Histoire d’Amirouche telle qu’elle est, on ne peut pas sectionner l’Histoire, on prend le bon et le mauvais, il faut qu’on assume toutes les erreurs qu’on a commises… L’une des erreurs que j’ai commise moi-même, et pour laquelle je demande pardon, c’est la statue d’Amirouche. J’ai cru avoir raison contre tout le monde. J’ai désarmé Amirouche, parce que certains m’ont dit qu’il était un homme politique, plus qu’un homme d’armes. La population s’est indignée, je m’engage devant vous à changer cette statue et rendre à Amirouche ses armes.» Le président de la fondation Amirouche a interpellé le ministre pour «faire attention aux livres d’Histoire que nous destinons à nos enfants. Certains faits sont erronés et certaines dates fausses. On ne peut pas glorifier Okba et oublier Kosseila. Tant qu’on n’aura pas une vision apaisée de notre Histoire, nous continuerons à douter de notre identité. Amirouche est né ici, a grandi à Chlef. Il a milité à Relizane, dans l’oranais, et à la fédération de France avant qu’elle ne porte ce nom. Il est mort à Boussaâda. Son image, son parcours à eux seuls nous dictent le devoir de militer pour l’unité de ce pays et la grandeur de cette nation.» Le député prévient toutefois : «Si nous sommes prêts pour ça, nous ne sommes cependant pas prêts à laisser le moindre pouce de notre liberté, de notre langue et de notre culture, ça, il faut qu’on le sache.» A noter que la fondation Amirouche a honoré, lors de cette commémoration, des Moudjahidine qui ont accompagné le colonel durant son parcours. Pour rappel, Amirouche est né le 31 Octobre 1926 à Tassaft, et est mort au Sud de Boussaâda le 28 Mars 1959. Kamela Haddoum.

