Une union dans la division

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La crise interne que vit le Front des forces socialistes (FFS) ne cesse visiblement pas de s’accentuer, malgré la réconciliation de forme que le parti a tenté d’exposer au lendemain du houleux Conseil national.

Il est nécessaire de rappeler que ce Conseil national avait tranché sur la tenue d’un congrès extraordinaire «spécifique» qui n’aura qu’à valider la nouvelle composante du présidium. Au lieu de rassurer la base, la scission semble plus que jamais consommée entre les deux clans en conflit. Une scission qui se traduit sur le terrain par des faits qui ne trompent pas, en dépit de ce deal contracté lors du dernier conseil national extraordinaire. L’option du congrès extraordinaire ne semble, en effet, pas du tout apaiser la situation entre les deux clans. Bien au contraire, le ton semble de plus en plus grave au sein du vieux front de l’opposition. «Une guerre non déclarée semble être menée par celui qui devait pourtant rassembler», dit avec gravité un ancien militant du parti, élu au sein d’une assemblée communale de Kabylie. Sans le nommer, le militant faisait allusion au premier secrétaire du parti, Mohamed Hadj Djilani. Pour nombre d’autres militants, l’attitude de ce dernier est «incompréhensible», lui qui multiplie les apparitions publiques avec le révolté Ali Laskri. «Au moment où il est attendu de lui, en sa qualité de seul représentant légitime du parti après la dissolution de l’instance présidentielle suite à la démission de Laskri, d’œuvrer pour l’intérêt général du parti, de tenter de faire le consensus entre les deux parties et de bannir le clanisme pour redonner son esprit sain au FFS, il a lui-même pris parti et choisi de rouler pour un clan», regrette un député du parti en exercice. Cette accusation est ouvertement proférée par les militants acquis à la cause de l’autre clan, celui de Baloul, mais aussi par d’autres qui refusent de s’inscrire dans cette logique de «division». D’autres vont encore plus loin, accusant le premier secrétaire de faire dans la «propagande et la promotion de sa personne» et ce «au détriment de l’avenir et de la survie du parti».

Le deal a-t-il été rompu?

Pour les observateurs de tous bords, les multiples sorties organisées par le premier secrétaire en cette période critique dans la vie du parti, constituent le parfait signe de Hadj Djilani à vouloir doubler l’autre clan et lui imposer un état de fait, de par la légitimité que lui confère son statut de premier responsable du parti. Le fait d’associer à chaque fois à ses sorties Ali Laskri et ses partisans accentue de plus en plus le fossé. En effet, la démarche est interprétée comme une prise de position claire de la part du premier secrétaire pour le clan Laskri. Reste à savoir si les absences répétées des éléments de l’autre camp relèvent d’une exclusion volontaire ou subie. Les exemples de ces «activités qui sèment la discorde», comme certains militants les qualifient, ne manquent pas. Pas loin qu’avant-hier, le duo, Hadj Djilani-Laskri était à Tizi-Ouzou pour deux activités partisanes où les Baloul, Hocine Haroun, Klalèche ou encore le P/APW Aouchiche, pour ne citer que ces cadres du parti de la wilaya, ont brillé par leur absence. C’était à Draâ Ben Khedda, à l’occasion de la journée du militant et l’anniversaire de la mort d’Ali Mécili, et pour un hommage à un ancien militant du FFS, en l’occurrence Hadj Amar Anber, à Boghni. L’assistance même s’est limitée aux partisans de Laskri et ses supporters dans cette wilaya. Les divergences sont-elles inconciliables au point où même la commémoration de la mort d’Ali Mécili n’a pu réunir les deux camps? Militants et observateurs n’y voient en tout cas aucun signe annonciateur d’un quelconque apaisement à la veille de la tenue du congrès extraordinaire qui aura lieu, doit-on le rappeler, le 20 avril prochain. Bien au contraire, c’est là un autre élément qui vient confirmer toutes les appréhensions déjà soulevées au lendemain de l’autre sortie précédemment effectuée, au siège du parti à Tizi-Ouzou, par ce même duo Hadj Djillani-Laskri. Une sortie qui devait à l’origine, ébruite une source, regrouper les 54 secrétaires de sections et qui s’est transformée en visite de «courtoisie» à laquelle seuls des militants pro-Laskri ont assisté face au boycott de l’autre tendance. Il est utile de noter que toutes ces sorties, menées par le premier secrétaire, sont intervenues au moment où l’autre clan faisait pression pour son départ. Ce qui est interprété donc comme une «résistance» de ce dernier, voire une «obsession» de sa part à être maintenu à ce poste. Une envie qu’il a exprimée d’ailleurs lors du dernier Conseil national. Pressenti pourtant pour figurer dans la liste des candidats à l’instance présidentielle, cette option, d’après nos sources, ne satisfait nullement Hadj Djilani qui n’est pas prêt de céder les clés du parti, surtout pas avec ce soutien appuyé du clan Laskri. En attendant, dans l’autre camp, on n’a jusque-là pas dévoilé toutes les cartes. Voilà qui augure d’un congrès extraordinaire pas vraiment de tout repos, le 20 Avril prochain. Ce dernier s’annonce houleux, décisif et rien ne permet de penser qu’il constituera la sortie de crise tant attendue.

Kamela Haddoum.

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