Tagma, un village martyr

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C’est une leçon d’Histoire que viennent de donner les habitants du village Tagma, dans la commune de Feraoun, aux nouvelles générations, sur la résistance et le sacrifice de leurs aïeux, et ce, à travers cette journée de commémoration du 62ème anniversaire des événements du 27 mars 1956, vécus par ce village Martyre et toute la région de l’Oued Amassine. Vendredi dernier, un programme riche a été concocté par les organisateurs qui n’ont négligé aucun détail pour faire de cet événement, un rendez-vous marquant. Cette commémoration a d’ailleurs réuni la famille révolutionnaire, les jeunes du village et les autorités locales. Le village, déjà connu pour sa propreté, a été embelli pour la circonstance, notamment au niveau de la placette principale devenue théâtre de la manifestation du jour. Des témoignages chauds sur cet événement qui avait fait deux martyrs et beaucoup de blessés, et provoqué la destruction du village suite à une offensive militaire terrestre et aérienne de l’armée française. Louafdine Mohand Arezki, Moudjahid du village, résume en quelques mots cette offensive : «C’était au matin du samedi 27 mars 56 que l’armée française attaqua cette région, dont notre village, par des parachutistes et des soldats de l’armée de terre dont le nombre, selon les dires, avoisine les 4000. Beaucoup de martyrs sont tombés ce jour là dont deux fils de notre village qui a été aussi la cible des bombardements qui se sont soldés par sa destruction et un exil massif». Des témoignages se succèdent pour faire savoir à quel degré l’armée française tenait à détruire ces petits villages qui servaient de bases-arrières aux Maquisards de l’ALN, sachant que si ce n’était le sacrifice, le courage et la détermination des villageois, dans leur soutien à la révolution, celle-ci n’aurait pas eu beaucoup de chances de résister. Une gerbe de fleurs a été déposée à la mémoire des 9 martyrs du village. Mais, le plus important événement de cette commémoration était l’inauguration du Musée du village réalisé par les habitants eux-mêmes. Il s’agit bien d’une première : construire, le Musée historique de Tagma. Une modeste structure certes, mais d’une grande symbolique et d’une importance certaine pour les historiens qui s’intéressent à la région, ainsi que pour les étudiants à la recherche d’éléments de notre lutte et de notre Histoire. On y trouve déjà un tas d’ouvrages relatifs à notre Révolution ainsi qu’à d’autres événements marquants de la nation algérienne, mais, ces contrées montagneuses ont certainement encore beaucoup d’autres choses à «raconter» sur l’héroïsme et la bravoure des enfants de cette terre abreuvée de sang. Nadir Touati

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