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Le campus d’Amizour, un beau gâchis !

Trois années après sa réception, le campus d’Amizour, réalisé à coups de milliards, est toujours inexploité faute d’un consensus entre la direction de l’université Abderrahmane Mira de Béjaïa et son corps enseignant sur la vocation à lui donner et le genre de formation qu’il devrait accueillir.

Dernièrement, des enseignants de cette université, affiliés au Conseil national des enseignants du supérieur (CNES), ont été destinataires d’un document qui leur a été envoyé, informe-t-on, par le doyen de la faculté de technologie, portant sur le mode d’emploi ou un canevas pour établir un projet d’établissement universitaire. Pratiquement et en gros, il a été demandé aux enseignants ayant reçu ce document d’engager une réflexion sur un projet d’élaboration d’un établissement universitaire. Une démarche, en somme, qui n’est pas du goût des enseignants destinataires de ce canevas. «Existe-t-il un mode d’emploi pour établir un projet d’établissement universitaire ? Telle est la question qui se pose aux collègues de l’université de Béjaïa, qui viennent de recevoir (…) une invitation électronique pour une réflexion individuelle et collective à un projet d’établissement universitaire et d’entériner les propositions pour le 30 avril 2018», lit-on dans une déclaration parvenue à notre rédaction. Les rédacteurs de ce document s’élèvent contre une éventuelle volonté de l’administration rectorale «d’utiliser ce canevas pour faire passer ses choix au détriment d’un dialogue franc et serein». «Veut-on utiliser les PV des différents comités scientifiques pour entériner une décision déjà prise par le recteur et annoncée lors de son intervention sur la chaine Berbère TV ou simplement relancer la machine du bricolage qui a coûté au contribuable et à l’État des centaines de millions de dinars avec le fiasco général de l’exploitation du Campus d’Amizour qui perdure depuis trois années de suite ?» s’est-on interrogé. Les auteurs de cette déclaration reprochent à l’administration de l’université de Béjaïa «son entêtement» à chercher à imposer son choix, malgré «l’évidence des options» dictées par la réalité du terrain. «Où va l’université de Béjaïa avec une direction qui a perdu et le nord et la boussole ?» demandent encore ces enseignants, tout en exprimant le souhait que les hauts responsables du secteur de l’enseignement supérieur interviennent pour favoriser «le choix de la raison». «En espérant que les pouvoirs publics prennent les devants d’une future catastrophe surtout avec la livraison proche du second campus d’El Kseur, nous avons pleine confiance en un retour à une gestion cohérente et surtout innovante avec des projets nouveaux et porteurs à la région comme une école nationale du supérieure, une école d’agro-alimentaire, un institut national de Tamazight, une école des sciences maritimes, une école d’hôtellerie et de tourisme, un institut d’histoire, un pôle des sciences de la vie regroupant la médecine, pharmacie, vétérinaire et chirurgie dentaire. Ces projets sont à même de régler tant de soucis de formation pour la région et feront le bonheur de la communauté et de la société civile. Le rectorat ne peut justifier son refus de ces options de choix que par son entêtement à vouloir imposer un avis caduc relevant de « taghanante »», a-t-on espéré.

B. S.

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