Le chanteur Mourad Adouane parle, dans cet entretien, à cœur ouvert de son parcours artistique et de son expérience au cinéma.
La Dépêche de Kabylie : Qui est Mourad Adouane ?
Mourad Adouane : Je suis né à Iberbachen, dans le village Adouane, à la fin des années 1960. La manière avec laquelle j’ai abordé l’art est commune à nombre d’artistes de l’époque. Passionné dès mon jeune âge par la chanson, j’avais façonné, à l’aide d’un bidon et du fil de pêche, ce qui me paraissait une parfaite guitare. Avec ma famille, nous sommes descendus an 1979 à la ville de Béjaïa pour s’y installer. 10 années plus tard, j’ai décidé de foncer et d’enregistrer mon premier album à Tizi-Ouzou, sorti en 1989.
Vous n’avez renoué avec la scène qu’à partir de 2009. Pourquoi tout ce retard ?
C’était dû,; notamment, au manque de moyens, financiers surtout. J’avais des chansons prêtes à présenter au public, mais ce qui devait suivre n’y était pas. Et pour être franc, je n’ai jamais été celui qui occupe les devants de la scène à la recherche d’un gain ou d’autre chose. Le fait de ne pas précipiter les choses permet aussi de mieux élaborer ce qu’on est sur le point d’éditer.
Dans la quasi-totalité de vos albums, vous chantez les sentiments…
Effectivement, à l’instar de l’album de 2001, imprégné de mélancolie, à travers lequel j’ai rendu hommage à ma défunte mère, au rebelle qu’on avait assassiné 3 ans plutôt et aux jeunes qui sont tombés durant les tragiques événements du Printemps noir. Pour revenir à mon style, je dirais que peut-être d’une part, c’est le fait d’avoir grandi orphelin qui me pousse à transmettre à mon public toute l’affection et tout l’amour dont m’a privé la vie. D’autre part, c’est la nature-même de tout artiste qui se respecte. On a toujours tendance à combattre la haine et à semer les bons sentiments.
Vous avez sorti dernièrement une chanson dédiée à l’orphelin…
Oui, bien qu’elle ait vu le jour dans un contexte un peu particulier. C’est un ami à moi, réalisateur, qui était en quête d’une chanson pour le générique de son film. En puisant dans mes tréfonds, et en m’inspirant de l’histoire du film en question, j’ai pu l’enregistrer. Ce film est prêt, il passera à la télévision incessamment.
Vous avez aussi chanté le MOB…
Et comment ! J’ai grandi à Béjaïa. À l’image de la JSK, le MOB n’est pas seulement l’une des équipes phares de Béjaïa et de toute la Kabylie, mais aussi un porteur de l’identité de tous les Imazighen. Je lui avais dédié cette chanson à l’occasion de son accession.
Comment avez-vous décidé de créer une boîte de production ?
À vrai dire, je n’ai jamais pensé le faire. Mais, après avoir constaté la situation à laquelle sont confrontés nos jeunes talents dans ce monde de l’édition, je me suis dit : «je vais m’engager comme éditeur et leur apporterai mon soutien». Cette maison d’édition me sera également utile dans la mesure où je ne chercherai plus après les éditeurs pour sortir mon produit. Dorénavant, je m’autoéditerai !
Un mot sur la chanson kabyle contemporaine ?
Il y a de belles choses qui se font, à la faveur de la disponibilité de moyens modernes, bien que j’aie constaté, que ce soit du côté du public ou de celui des chanteurs eux-mêmes, qu’on se base beaucoup sur des textes légers, voire pauvres.
Vous avez joué dans plusieurs films. Racontez-nous cette expérience…
Oui. Si je me souviens bien, j’ai joué jusque-là dans cinq productions, dont «Aziz akken yeb3u yili», «Asirem», et autres. C’est vraiment passionnant et amusant à la fois, surtout lorsqu’il s’agit de quelque chose de noble à transmettre aux spectateurs.
Parlez-nous de votre prochain album ?
J’en suis aux dernières retouches. J’y ai introduit 10 chansons, qui traiteront, entre autres, de l’amour, du social, de la politique, etc. On a convenu de lui donner comme titre «Wi as-yennan truh». En principe, on compte le sortir dans un ou deux mois, peut-être même en plein Ramadhan.
Un dernier mot pour finir…
J’adresse un coucou à tous mes fans où qu’ils soient. Soyons solidaires.
Entretien réalisé par M. K.