La Moudjahida Ourdia Hocine s’en est allée !

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Lundi dernier, une grande Moudjahida d’Ighil Imoula s’est éteinte à l’âge de 93 ans, des suites d’une longue maladie, à l’hôpital Krim Belkacem de Draâ El-Mizan. Elle s’appelle Ourdia Hocine, née Lounis Saâda. Cette militante et combattante, avec le grade honorifique de lieutenant de l’Armée de Libération Nationale (ALN), est née en 1925 à Ighil Imoula, dans la commune de Tizi-N’Tletta, relevant de l’ex-commune mixte de Draâ El-Mizan. Elle vécut comme tous les habitants de l’époque : dans la misère et les privations en tous genres, d’autant une grande tragédie secoua le monde, alors qu’elle n’était qu’à la fleur de l’âge. C’était la deuxième guerre mondiale avec ses destructions massives, ses maladies, sa famine et les événements tragiques et génocidaires du 8 mai 1945. Ce fut après que son père, Mouloud, contraint par l’administration coloniale à l’emprisonnement, puis à l’exil, que le goût de la résistance et du combat contre le colonialisme s’éveilla en elle. Même si elle n’était pas lettrée, elle comprit que le temps était venu pour elle de s’engager dans le mouvement national, sachant que le projet de Messali El Hadj s’était, alors, propagé dans les montagnes du Djurdjura et dans son village natal, fief de centaines de militants, d’où le choix, par la suite, d’y tirer la Proclamation du 1er novembre 1954. L’autre raison qui la poussa à prendre cette voie n’était autre que la famine. Après la fin de la seconde guerre mondiale, les familles n’avaient rien à mettre sous la dent, si bien que les hommes allèrent à la quête du pain quotidien ailleurs. C’est ce que fit, en 1946, son époux, Ahcène, qui prit le chemin de l’exil, plus précisément en Belgique, dans l’espoir d’assurer quelque pitance à sa famille. Au moment de l’effervescence au sein du mouvement national, Nna Ourdia croisa sur son chemin de grands chefs de l’époque. On citera Krim Belkacem, Amar Ouamrane, Ali Mellah, Mohamed Zamoum et son frère Ali. Dès 1948, elle fut chargée du courrier et de la collecte des fonds avec celui qui allait être le colonel Mohamed Zamoum, dit Si Salah, originaire, comme elle, d’Ighil Imoula, ce village où fut tirée en milliers d’exemplaires la Proclamation du 1er Novembre 1954. On raconte que le jour «J», Nna Ourdia était au rendez-vous avant de rencontrer sur son chemin ses frères de combat, dont Ben Boulaid, Ben M’hidi, Amirouche et Abane Ramdane, qu’elle soigna dès son arrivée à la tête de la Révolution en 1955, à Ighil Imoula. Tout comme les héroïnes de la guerre de libération nationale, elle s’acquitta de son devoir patriotique tout autant que les combattants du sexe opposé. Elle était la pionnière en matière de lutte pour le recouvrement de l’indépendance dans cette vaste contrée du Djurdjura. Elle marqua ainsi Ighil Imoula de par son parcours exceptionnel. Elle est toujours citée en exemple non seulement chez elle, mais aussi dans d’autres contrées d’Algérie. Au lendemain de l’indépendance, Hocine Ourdia passa toute sa vie dans son village, aux côtés des siens. Tout le monde dit qu’elle était une femme de caractère, aimée dans son village, à Mechtras et ailleurs. «A la veille de l’inauguration de la stèle du 1er Novembre à Ighil Imoula, Kateb Yacine, un ami de la famille et d’Ali Zamoum, voyait en Hocine Ourdia, Baya Hocine et d’autres femmes comme elles de grandes dames qui ont ouvert un autre chemin sur le sentier de la liberté qu’il faudrait poursuivre», témoigne un ami de la famille. Nna Ourdia s’en est allée, emportant avec elle une page de notre glorieuse histoire, mais elle restera à jamais un exemple pour les futures générations, notamment féminines. Elle a été inhumée au cimetière de Tizi U Ghanim (Tizi N’Tletta) aux côtés des siens, en présence d’une foule nombreuse, comprenant des moudjahidine, l’ayant accompagnée à sa dernière demeure.

Amar Ouramdane

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