«Il est temps de me consacrer plus à mon art»

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De passage pour une petite semaine en Algérie, où elle est venue se ressourcer et voir sa famille et ses amis, nous avons eu le bonheur de recevoir, la semaine dernière, à notre édaction, la chanteuse Lycia qui a répondu à quelques questions concoctées à la hâte.

La Dépêche de Kabylie : Avant tout, voudriez-vous vous présenter brièvement à ceux de nos lecteurs qui ne vous connaîtraient pas ?

Lycia : Je suis originaire d’Ath Yenni. Je suis une jeune chanteuse interprète. Mon père et ma mère sont également chanteurs, connus sous le nom des Nabeth. J’ai pour ainsi dire grandi dans la chanson que j’ai aimée dès que j’ai ouvert les yeux. Mais j’ai aussi d’autres penchants artistiques tels que le dessin, le théâtre, le cinéma (j’avais le rôle de Wezna dans le film «Vava inuva» en 2007). Je ne m’étais pas orientée complètement vers la vie artistique, car j’avais à me soucier en premier lieu de mes études. Je suis ingénieur en biologie, option contrôle de la qualité et analyses. Je vis en France.

Parlez-nous de votre expérience dans la chanson…

Ayant grandi, comme je viens de le dire, dans une famille de chanteurs, et étant dotée, d’après ce qu’on dit (rire), d’une belle voix, je chantais avec mes parents, j’ai fait des duos avec mon père, que ce soit dans ses spectacles ou dans ses enregistrements. D’ailleurs, en 2005, nous avons enregistré deux CD. Depuis, installée en France, j’ai fait quelques scènes.

Votre chanson Arriyid ilsiw a rencontré un grand succès qui préludait à une remarquable carrière, mais rien ne suivit. Pourquoi cette éclipse ?

J’allais y venir. En effet, la chanson que vous citez a eu un écho formidable, et dire que c’est mon père qui devait la chanter et je ne devais que l’accompagner, un simple duo comme le reste. Mais les circonstances ont fait que mon père a retiré sa voix pour qu’il ne reste que la mienne. Pour ce que vous appelez si justement une éclipse, elle est due à plusieurs causes : les études, l’émigration, le travail et ma famille, puisque je devais m’occuper de mon enfant. Ceux qui sont installés en France vous diront comme il n’est pas facile de faire autre chose en plus du boulot. Néanmoins, et pour être franche, ni le temps ni les propositions n’ont manqué à un moment donné, mais je suis très exigeante en tout, notamment en ce qui concerne ce que je veux présenter au public. La scène et la chanson m’ont atrocement manqué, j’avais le sentiment d’être un poisson hors de l’eau, mais je ne voulais pas chanter juste pour chanter, je voulais le faire bien.

Peut-on parler d’un retour de Lycia ?

Oui, sans le moindre doute. Sachez que j’ai participé, aux côtés d’une pléiade de chanteurs dont Idir, à l’album de Améziane Kezzar, prévu initialement pour le 18 avril dernier, mais qui ne sortira finalement qu’en mai. J’y interprète la chanson intitulée «Bururu». Il s’agit d’un double CD de chants païens de Kabylie (Izlan n at wagrakal). Comme je le disais plus haut, la chanson me hante, m’habite, elle m’est vitale, tout comme à mes parents qui ont toujours chanté pour l’amour de la chanson. Maintenant que j’ai, en quelque sorte, trouvé mes marques, du fait que je me suis entourée d’une équipe de musiciens qui répondent au profil que je cherchais, le vrai retour ne va pas tarder. Je vais vous confier un scoop : je suis aussi venue enregistrer un produit exclusivement personnel dont la préparation a débuté en 2017. Les textes sont liés entre autre à l’expérience de la vie, mais pas que ça, il y aura aussi de la belle musique. Au cœur de mes exigences réside justement l’intransigeance sur tout ce qui a trait à l’aspect technique et acoustique. La qualité, me semble-t-il, doit à présent constituer notre première préoccupation. Il est encore prématuré de m’avancer sur une quelconque date de parution, mais on s’y attèle sérieusement.

S’agit-il donc d’une réelle reprise de carrière ?

Oui, quoique je ne prétende pas en avoir une. Ce qui est certain, c’est que j’ai décidé de mettre fin à ma «traversée du désert». Il est temps d’essayer de me consacrer un peu plus à mon art. Une fois ce produit sur le marché, d’autres suivront, la volonté ne manque pas et toutes les conditions me paraissent réunies pour vivre un tant soit peu ma passion.

On vous laisse conclure…

Hé bien, je commencerai par vous remercier de m’ouvrir vos colonnes pour renouer avec ces fans que vous me prêtez (autre rire). C’est aussi un honneur pour moi, chanteuse kabyle, de m’exprimer dans un journal de ma Kabylie, cette Kabylie qui m’est très chère et qui me manque tout comme me manquent ses enfants. Merci encore et à bientôt.

Propos recueillis par H. M.

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