Cela fait 17 ans depuis que Hocine Chaibet, âgé de 15 ans au moment des faits (événements du Printemps noir 2001), était tombé sous les balles des gardes communaux au chef-lieu communal d’Aït Yahia Moussa. Ce jour-là se rappelle un témoin, la Kabylie entière s’était levée comme un seul homme pour réclamer la constitutionnalisation de la langue amazighe et la vérité sur la mort du jeune Guermah Massinissa dans une brigade de gendarmerie à Ath Douala. Les collégiens du CEM des frères Oudni sortirent dans la rue manifester aux côtés des jeunes descendus pratiquement de tous les villages de la commune. Les jeunes attaquèrent avec des pierres le camp militaire installé près du collège. Des balles partirent du côté du détachement de la garde communale. Deux collégiens furent atteints, l’un blessé et Hocine Chaibet, mortellement touché, succomba à ses blessures lors de son évacuation à l’hôpital. Il n’avait qu’un cartable. «Il tomba à plus de deux cents mètres du détachement de la garde communale», raconte un témoin oculaire. Depuis, l’affaire des gardes communaux est passée trois fois devant, notamment, le tribunal de Draâ El-Mizan. Des peines étaient requises à l’encontre des mis en cause. Cependant, la famille ne fut jamais satisfaite de la sentence parce qu’on juge que l’affaire devrait être traitée en criminelle d’une part, d’autre part, la famille réclame la reconstitution des faits. Tous les verdicts prononcés à l’encontre des mis en cause, juge-telle, étaient en-deçà de la peine méritée, car il s’agissait d’un crime et de mort d’homme. Depuis 2012, on croit savoir que l’affaire serait définitivement classée. Il est à noter que c’est la seule affaire que la justice a jugé concernant les 126 victimes du Printemps noir. Certes, dans les mois qui suivirent la mort du jeune adolescent, il y eut des actions dont la réalisation d’une plaque commémorative sur les lieux où tomba Hocine, puis, une stèle à sa mémoire, un peu plus loin. Les associations notamment «Les amis de Krim Belkacem» et la population lui rendaient hommage pratiquement chaque année, jusqu’en 2012. Depuis, personne ne vient se recueillir sur cette stèle à part les membres de sa famille qui se déplacent au cimetière du village pour s’incliner devant sa mémoire. En tout cas, 17 ans après ces événements, la ferveur qui s’en était suivie s’estompe de jour en jour. Qui se souvient de Hocine Chaibet et toutes les victimes tombées pour cette cause juste? C’est grâce à leur sang et au combat de nombreuses générations depuis la crise berbériste de 1949 en passant par d’autres dates à l’instar du Printemps berbère dont nous venons de célébrer le 38e anniversaire, que Tamazight est devenue langue nationale et officielle, et que Yennayer est officiellement décrété fête nationale et journée chômée et payée pour tous les Algériens.
Amar Ouramdane
