C’est une éventualité envisagée par les pouvoirs publics, à se référer aux déclarations du ministre de l’Industrie, El Hachemi Djaâboub, lors de l’inauguration du premier Salon international de l’industrie du bois et dérivés «Expobois 2005», qui se tient du 29 mars au 1er avril 2005, au Palais des expositions, Pins Maritimes (Alger). «Sur cet ambitieux programme, pourquoi pas une partie en bois?», lancera le ministre de l’Industrie lors de la visite qu’il effectuée à la partie du Salon réservée aux chalets et autres maisons construites entièrement en bois. Voilà qui va peut-être régler — du moins en partie — le problème de la réalisation du million de logements, programme cher au président de la République. Puisque il est estimé que les capacités nationales de réalisation sont insuffisantes. Ajouter à cela les délais courts pour l’érection d’un logement de ce type. A titre d’exemple, deux blocs de 03 salles de cours sont montés en seulement un mois. Reste que le coût de cession des ces constructions est quelque peu dissuasif. C’est sans doute l’expérience des chalets en bois qui ont servi au relogement des sinistrés du séisme de 2003 qui a mis la puce à l’oreille de nos responsables. En effet, 23 000 chalets en bois (dont 19 000 fabriqués par des sociétés publiques) ont été construits pour accueillir les rescapés du séisme. Par ailleurs, l’Algérie produit, selon les chiffres fournis par Djaâboub, de 15 à 20 % de son liège et de 10 à 15% de son bois. «Nous dépendons et nous continuerons à dépendre de l’importation de ces matériaux», dira le ministre, qui soulignera néanmoins que l’industrie du bois et dérivés est «une filière d’avenir, surtout le liège, qui est chez nous une ressource naturelle quasiment inexploitée». L’Etat fera en sorte, poursuit-il, d’encourager et de développer davantage cette filière, notamment par le reboisement. Selon certaines explications et précisions fournies au ministre lors de sa visite, les concessions d’une durée d’une année pour l’exploitation des forêts productrices de liège sont jugées «peu attrayantes» par les étrangers. «Il faudrait au minimum une concession d’une décennie pour que l’opération soit rentable», souligne-t-on. Il y a donc lieu de revoir la réglementation dans ce sens, explique-t-on au ministre. D’autre part, le premier responsable du secteur de l’Industrie a insisté sur la prise en charge du volet de la fabrication et de la transformation du bois, en misant notamment sur la formation dans les métiers utilisateurs de cette matière première, à l’exemple de la menuiserie et de l’ébénisterie. «Nous allons mettre en place des conventions, avec la participation de plusieurs ministères, pour le recyclage et la formation d’une main d’œuvre qualifiée, car les potentialités existent», notera Djaâboub. Le ministre de la PME et de l’Artisanat, Mustapha Benbada, qui était hier l’invité de l’émission de la chaîne 3, «l’Invité de la rédaction», a annoncé que l’Algérie a importé 318 millions USD en 2004 en bois contre 290 millions USD en 2003. «Une évolution exponentielle de la consommation», observe-t-il. «L’Algérie n’est pas un pays sylvicole. Nous avons une superficie limitée de forêts», souligne-t-il. Les besoins de l’Algérie en matière de bois sont estimés par M. Benbada à 1,3 million m3 par an. Selon le premier responsable du secteur de la PME et de l’Artisanat, il ne s’agit pas de savoir comment arriver à élever le niveau de la production en bois, «puisque nous ne sommes pas un pays à vocation sylvicole», mais de s’appliquer à «faire de cette filière un secteur à valeur ajoutée». De quelle manière ? «En exploitant cette matière première dans la production et la transformation et par là, la création d’emplois. Au lieu de s’attarder sur la production d’une ressource qu’on n’a pas», répond le ministre. Ce dernier voit dans le vaste programme de 1 million de logements une opportunité à saisir pour booster et redynamiser la filière transformation, étant donné que «80% de nos importations en bois sont absorbés par le secteur du bâtiment et de la construction». Il lancera un appel aux promoteurs pour mettre sur pied des ateliers de transformation et d’ «éviter ainsi le recours systématique à l’importation».A propos de la filière liège, qui a «régressé» ces dernières années en raison de plusieurs facteurs liés à la situation sécuritaire et autres, Benbada, dira que «l’Etat doit continuer ses efforts, puisque nous avons de réelles capacités». «Nos exportations de liège ont reculé», fait-il remarquer. Il annoncera, par ailleurs, que l’Entreprise nationale d’exploitation du liège est en contact avec une société portugaise afin d’aboutir à une joint-venture dans ce domaine. Quant au Salon du bois et dérivés, il faut savoir qu’il compte, selon les organisateurs, quelque 80 exposants, dont certains étrangers spécialisés entre autres dans l’exploitation des forêts, scieries, menuiserie générale et construction en bois, mais aussi en équipements et autres outils de menuiserie et ébénisterie. Les deux premières journées sont réservées pour les professionnels et le reste pour le grand public.
Elias Ben