Un vibrant hommage a été rendu, avant-hier, à douze chahids de la famille Sidi Maamar de Bouhinoune, village relevant de la commune de Tizi-Ouzou.
La salle de conférences n’a pu contenir tous les présents. Ils sont venus des quatre coins de la wilaya et même des wilayas limitrophes. De nombreux intervenants se sont succédé pour apporter leurs témoignages poignants sur ces douze valeureux chahids de la famille Sidi-Maamar. Au cours de son intervention, le directeur du musée dira : «Nous remercions tous les invités ici présents. Ces chahids sont tombés dans le champ d’honneur pour l’Algérie entière. Des moudjahidines d’ici sont allés mourir ailleurs, à travers l’Algérie. Cette Histoire doit être sue par nos enfants». Pour Abderrazak, membre de la famille Sidi-Maamar «Sur les 84 chahids de Bouhinoune, 12 sont de la famille Sidi Maamar. Hachour Mohamed Ouramdane, (SG de l’ONM) aurait souhaité que les élèves scolarisés des collèges et lycées soient présents à cet évènement. Il dira : «160 moudjahidines de cette région sont tombés au champ d’honneur à Sakiet Sidi Youcef (frontières Tunisiennes)». Le P/APC de Tizi-Ouzou, Aït Menguellet Ouaheb insiste sur «l’écriture de l’Histoire doit être faite par les véritables acteurs et auteurs de cette guerre.» Et de proposer la baptisation du nouveau stade de Tizi-Ouzou au nom des douze (12) chahids Sidi-Maamar». La proposition est appuyée par le représentant de l’APW qui précise : «L’écriture de l’Histoire doit d’être juste et la vérité doit être dite». Au cours de son intervention, Si Ouali Aït Ahmed apporte un autre témoignage : « La France a été battue militairement au Vietnam mais en Algérie, elle l’était doublement : militairement et politiquement, sans compter les dépenses astronomiques englouties par cette guerre : mille milliards par an ». Au cours de son intervention, Aït Ahmed n’omet pas de citer Imache Amar et l’Etoile Nord Africaine. «Moufdi Zakaria a composé l’hymne national grâce à Abane Ramdane. La wilaya 6 fut créée grâce à la wilaya 3 par Ali Mellah. La Mitidja a procédé au déclenchement du 1er novembre 1954 avec 127 hommes partis d’ici, de cette wilaya», dit-il. Il cite un problème d’actualité : « la régionalisation ! Pourquoi pas ? Elle organisera le pays ! ». M. Djani Mohamed apporta son témoignage poignant sur le chahid Rouget qu’il connut en 1948. Tout au long de son récit, ce vieux n’a pu retenir des sanglots : « Il était un excellent organisateur des rangs dans les maquis», souligne-t-il. Sur les 12 chahids de la famille Sidi Maamar, il y a trois frères : Mohand Chérif, Mohand Idir et Rabah, deux cousins (frères) Mohand et Saïd et les sept autres sont aussi des cousins. Une collation a clôturé cet hommage dans la fraternité et la convivialité.
Mohand-Saïd Sidi Maamar, fils de Chahid
«Aujourd’hui, nous leur rendons hommage»
Cet évènement est préparé depuis quatre mois. Les moudjahidine et les responsables de l’organisation nous ont tous et toujours demandé de rendre hommage à ces 12 chahids d’une même famille. Aujourd’hui nous leur rendons hommage. Parmi ces Chahids, il y avait ceux qui faisaient partie de l’Organisation Secrète (OS) d’Aït Ahmed. Sidi Maamar Moh dit Rouget (1924/1957). Il était un excellent organisateur. Il se chargea de l’organisation des rangs des moudjahidine à Médéa. Il passa de lieutenant à chef de région. Si El Hocine : 1914-1957 (dit : Hélicoptère, un surnom donné par Ouamrane étant donné la rapidité avec laquelle il se déplaçait sur plusieurs km). Si Belkacem (1929-1957) tombé lors de la bataille qui a eu lieu en Août 1957, à Hasnaoua durant laquelle de nombreux moudjahidines sont morts, mais aussi de nombreux militaires français. C’est Krim Belkacem qui avait donné le prénom Krim Belkacem au nouveau-né de Si Belkacem. Krim Belkacem éleva Si Belkacem de sergent à sergent-chef. Sidi Maamar Mohand Idir (1916-1958) a trouvé la mort dans l’affaire dite «affaire Lacoste», le 08 Février 1958 à Sakiet Sidi Youcef (Tunisie). Ses restes ne sont pas retrouvés. Sidi Maamar Si Méziane (1940-1960) parti d’Akfadou jusqu’au Maroc en compagnie de 140 moudjahidines pour ramener des armes et des munitions, repérés, l’aviation ennemie déversa sur eux un déluge d’obus. Blessé, ne pouvant rejoindre ses compagnons, il leur demanda de le laisser sur place, où il mourut.
Chabane Hamcha, directeur du musée régional
«Rendre hommage aux chouhada, c’est les faire revivre»
Sur les instructions du ministre des Moudjahidine, Tayeb Zitouni, nous organisons cet hommage. Aujourd’hui, ce sont les 12 chahids de la famille Sidi-Maamar. Rendre hommage aux chouhadas, c’est les faire revivre. Ces martyrs sont morts pour toute l’Algérie, c’est de leurs vies qu’ils ont payé l’indépendance de l’Algérie, toute l’Algérie. L’indépendance a été arrachée de haute lutte. Le peuple algérien était uni pour un noble objectif : son indépendance quel que soit le prix. Le 8 Mai 1945 est à l’origine du 1er Novembre 1954. Le peuple était conscient, même les enfants se sont sacrifiés pour ce pays.
M.A.Tadjer