Tout comme dans les autres villes du pays, Draâ El Mizan ne déroge pas à la règle, à quelques jours de la célébration du Mawlid Ennabaoui (naissance du prophète Mohamed QSSSL), les trottoirs sont achalandés de pétards de tout calibre. En effet, dans une petite enquête que nous avons menée, les avis recueillis ici et là diffèrent d’une personne à une autre. “Quand j’avais l’âge de six ou sept ans, il n’y avait pas de pétards. On ne célébrait la naissance de notre prophète que la veille du jour même qui coïncidait avec son anniversaire. Dans tous les villages, les femmes sortaient en groupes et chantaient. La nuit venue, chaque famille préparait un repas spécial : généralement, c’était du couscous et de la viande ou du poulet. Et puis, nous passions la nuit à chanter des chants religieux glorifiant le prophète”, nous a raconté à ce propos une vieille, la doyenne d’un village d’Ath Yahia Moussa.Et d’ajouter au sujet des hommes : “Nos maris aussi fêtaient cet événement, mais de façon tout à fait différente. Ils allaient dans les lieux éloignés des villages. Car dans le nôtre, il n’y avait pas de Zaouia. Avec les disciples, ils participaient toute la nuit à psalmodier le Coran accompagné de tadhakir jusqu’à la prière d’El Fedjr”. Autre époque, autres mœurs. Aujourd’hui, cette fête a évidemment perdu de signification. Dans certains foyers, elle se transforme en deuil. Selon des informations locales, à chaque fête du mouloud, des dizaines d’enfants sont blessés par ces explosifs payés chèrement par leurs parents. A ce sujet, il faudra signaler au passage que ces “dynamites” s’il convient de les nommer ainsi, coûtent entre cinquante dinars et deux cent dinars pour une plaquette. Si ces petits engins sont à l’origine de nombreux blessés, parfois allant jusqu’à la cécité, il en demeure que d’autres désagréments sont généralement plus gênants. A commencer par ces tapages nocturnes. D’ailleurs, de jour comme de nuit, ces pétards provoquent des paniques au sein des paisibles citadins. Et cela ne sous-entend pas que les villages en sont épargnés. Tout cela nous amène à poser cette question : “D’où viennent tous ces explosifs, pourtant interdits depuis l’avènement du terrorisme ?”. N’y a-t-il pas moyen de mettre fin à ce phénomène qui prend de plus en plus d’ampleur ? Cela éviterait beaucoup de problèmes. Il n’y aura plus de blessés à cette occasion. Moins de dépenses pour les familles. Et peut être, encore, gagner sur le plan économique. En définitive, un événement religieux ne peut être célébré que selon des principes religieux, loin de toute autre interprétation. Il est temps d’appliquer la loi dans toute sa rigueur en interdisant l’entrée de ces pétards sur le territoire national sous toute forme.
Amar Ouramdane
