Akli Yahiatène ressuscite “Zzin di Michelet”

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L’auteur de la célèbre “Zzin di Michelet”, s’est livré trois heures durant, non pas seulement à gratter son instrument préféré, le luth, mais aussi à une série de souvenirs inoubliables. Le tout décoré par un humour des grands maîtres. Grand, Akli yahiatène l’est. Il l’a prouvé, encore jeudi. Malgré une grippe qui freine un peu sa voix, le chanteur est resté égal à lui-même. Il chante comme s’il a encore vingt ans. Une voix de rossignol que ne démentiront certainement pas les quelques dizaines de privilégiés qui ont eu la chance d’assister à un récital magistral. Ce n’est pas seulement un concert de musique, mais et le talent de l’animateur de l’émission, Arezki Azzouz, et celui de son invité, ont offert une soirée mémorable.Ce n’est d’ailleurs pas un hasard ni une surprise si le public réagissait, instantanément, aux gestes de Da Wakli, comme le prénomment ses intimes. Il en est de même quand jeunes et vieux forment un chœur extraordinaire autour de chacune des chansons de leur idole, dont la cote n’a jamais baissé. Aux questions de l’animateur, Da Wakli ne répond que succinctement. Il préfère, par contre, chanter. De vive voix. Am Layoun Taous, Taremant, El Manfi ou encore Jahegh bezzaf d’ameziane ont replongé le public, mais certainement aussi les auditeurs, dans une nostalgie indescriptible, pour les plus âgés, et donné à découvrir aux plus jeunes des chants et airs immortels. Même l’orchestre dirigé par le talentueux Rabah Tissilia, n’a pas démérité, puisqu’il exécute chacun des morceaux du chanteur avec brio. Akli Yahiatène fait partie de l’ancienne génération des chanteurs kabyles. La génération dite de l’émigration. Et il était émigré. Il en a beaucoup parlé. De Cheikh El Hasnaoui, Slimane Azem, El Djamoussi ou Missoum, Da Wakli n’a oublié personne. Il est un grand parmi les grands, mais il en parle avec modestie et réalisme. Il a adopté le même ton lorsqu’on l’interroge sur le fait que ses chansons ont dépassé les frontières nationales pour être reprises par des chanteurs de l’Orient comme ceux de l’Occident. Mais il se désole que ce soient les étrangers qui lui demandent la permission de reprendre ses créations et non pas ses compatriotes. Il dit même que ça lui arrive d’écouter une des chansons sans savoir vraiment qui l’a chantée.De haut de ses 70 ans, Akli Yahiatène a donné une leçon de professionnalisme et de talent. C’est d’ailleurs des gens comme lui qu’on dit que « les grands ne meurent jamais ».

Ali Boukhlef

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