«Seule l’académie est habilitée à trancher»

Partager

«Certaines parties utilisent la question identitaire pour déstabiliser l’union du pays, ce qui ne sera jamais toléré». C’est avec cette phrase affirmative que le ministre de l’Intérieur, Noureddine Bedoui, a répondu, avant-hier, aux questions des députés islamistes qui lui reprochaient l’utilisation du caractère latin par son département ministériel dans la rédaction du premier communiqué officiel portant sur l’opération Hadj 2018. Le député en question, à savoir Salah Zouiten, a considéré que par ce choix, «le ministère de l’Intérieur a tranché sur le caractère d’écriture de la langue amazighe». Le ministre a souligné, à ce propos, que «seule l’académie de la langue amazighe, en voie de création, est habilitée à trancher sur cette question», affirmant que pour le premier communiqué, «il ne faut pas se focaliser sur l’aspect technique, mais sur la dimension identitaire consacrée à travers l’officialisation de cette langue par le président de la République». Le ministre a rappelé l’intérêt que porte son département à l’égard de la promotion de la langue amazighe en Algérie étant une langue nationale et officielle. Revenant sur la question du choix du caractère, il a réaffirmé : «La question du choix des caractères adéquats pour l’écriture de tamazight ne peut être tranchée que par l’académie. Un projet de loi est en cours de préparation et sera validé par le conseil des ministres prochainement.» En réponse à un député toujours de la même tendance, sur l’intérêt de la transcription de tamazight en tifinagh, un caractère qu’il a considéré «méconnu» des Algériens, au détriment du caractère arabe, le ministère a indiqué que «tamazight est une langue nationale et officielle, dont tous les Algériens sont fiers». Ajoutant : «On compte la promouvoir pour démonter la dimension amazighe de la société algérienne.» Le ministre de l’Intérieur, Noureddine Bedoui, fera savoir que d’autres communiqués et documents vont suivre dans les langues nationales et officielles du pays, à savoir l’arabe et le tamazight, avec les trois caractères : le tifinagh, l’arabe et le latin, rappelant que la préservation des composantes de l’identité nationale consolide l’union du pays et sa cohésion sociale des paramètres qui, dans le passé, ont permis à l’Algérie d’éteindre le feu de la fitna. Toujours lors de son intervention devant les parlementaires, Bedoui a fait savoir que des instructions ont été données aux autorités locales pour que les enseignes des établissements publics et les institutions soient écrites en tamazight en plus de l’arabe. Pour rappel, des députés islamistes de Nahda et El-Adala n’ont pas caché leur colère contre le ministre de l’Intérieur Nouredine Bedoui, dont les services ont utilisé les caractères latins pour la rédaction d’un communiqué en tamazight sur la campagne du Hadj 2018, au début de l’année. Depuis, tamazight a été cible de plusieurs attaques de la part des députés islamistes, dont l’une est présidente d’un parti. Les propos de Bedoui sonnent comme une réponse directe à ces individus, dont les intentions sont «malsaines» à l’avis de l’ensemble des observateurs et l’opinion publique.

Kamela Haddoum

Partager