À Larbâa Nath Irathen, les prix des fruits et légumes ont atteint des sommets inaccessibles aux petites bourses et même aux moyennes.
En effet, dans la localité, et comme certainement un peu partout ailleurs, le sujet majeur des discussions, n’est autre que les prix des fruits et légumes qui dépassent tout entendement, et ce pour bien «annoncer» le mois sacré qui vient à peine de commencer. Cela, au moment où les prix devraient connaitre des baisses pour réduire, ne serait-ce que le temps de ce mois de piété, un tant soit peu le fossé du pouvoir d’achat qui sépare tout le monde de la frange des nécessiteux et des démunis. D’autant plus, la marchandise est disponible et en abondance. Mais, force est de constater que nous revivons toujours les mêmes situations que les pouvoirs publics se promettent chaque année de combattre et d’endiguer. En vérité, ce mois ne profite qu’aux barons du profit et autres spéculateurs sans scrupules, qui ont rodé et huilé le circuit pour en tirer le maximum. Effectivement, partout à travers la ville, les prix sont les mêmes. Un quadragénaire accompagné de sa femme et de ses deux enfants nous dira, dépité, qu’il est impossible de faire les courses à pareils prix. «La courgette à 160 da, la tomate 150 da, la salade 120 da, l’haricot vert entre 250 et 300 da, comment voulez-vous s’offrir quoi que ce soit quand on ne gagne que 18000 da par mois? Sans parler des autres charges, des autres factures comme l’électricité, l’eau, le gaz, le téléphone, c’est révoltant !» S’exclame le malheureux, qui est bien loin d’être le seul. Pourtant, s’accordent à dire tous les présents, l’ensemble des médias ont servi de porte-voix aux fameux responsables prétendant pompeusement que les produits de large consommation, les fruits et les légumes seront disponibles et abordables, et voilà le résultat ! Une vielle femme emboite la pas au père de famille plaignant et ajouta à l’adresse de ce dernier : «Toi au moins tu peux t’abstenir et refuser ces prix, moi je suis obligée de me soumettre ! Mon mari est malade, il suit un régime, je dois lui acheter de l’haricot vert et un peu de salade quel que soit le prix ! La viande est à 1 240 da le kilo, la viande hachée à1 800 da, ou encore le steak 1 700 da. Comment dire que c’est le mois de clémence ?» Des propos qui font mal au cœur, quand on les entend d’une personne ayant un malade ou un bébé à nourrir obligatoirement avec des moyens peu appréciables. Voulant savoir un peu plus sur les vraies raisons de ces hausses, nous avons accosté un grossiste en fruits et légumes. Il nous dira tout de go : «cette hausse ne profite pas aux détaillants ou aux agriculteurs, encore moins aux consommateurs. La situation est bien plus compliquée. Le marché ne dépend pas de l’offre et de la demande, comme ça se passe partout à ailleurs ! Chez nous les choses sont différentes, plus les prix s’envolent plus les gens achètent. C’est cette frénésie d’acheter, héritée des situations de manque et de périodes sombres de notre pays qui fait qu’à tout moment, n’importe quel produit peu «manquer» ! En réalité, les produits sont disponibles et en quantités suffisantes», dira-t-il. Il s’explique en donnant l’exemple de la pomme de terre «les barons peuvent vendre la pomme de terre, bien qu’elle soit disponible sur le marché et en période de récolte, à des prix exorbitants alors qu’ils l’achètent à bas prix chez le producteur. Parce que les citoyens achètent encore plus dès qu’ils voient les prix monter. Et dans ces cas de figure, bien que les pouvoirs publics interviennent pour stabiliser les prix et rassurer la population, il est impossible de freiner la machine déjà lancée. Voilà pourquoi les choses sont différentes chez nous. Et ce n’est ni la faute aux petits détaillants ni aux agriculteurs. Ce sont ces barons qui savent gérer à leur avantage les périodes sensibles : fêtes, mois de carême, pour faire monter le mercure et dicter leur loi.» Et de terminer : « Toute tentative de stabiliser le marché est vouée à l’échec tant que le consommateur ne boude pas ces marchandises en prenant ses dispositions bien avant les premiers jours de carême pour obliger ces escrocs à garder les mêmes prix s’il n y a pas d’acheteurs aux prix qu’ils voudraient imposer», conclut-il.
Youcef Ziad

