Un plan par stratégie ou par défaut ?

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Après une longue période d’agitation et de tiraillement ouverts qui a précédé le congrès extraordinaire du FFS, la nouvelle direction fraîchement intronisée tente de «reconstruire» le parti à travers un plan d’action adopté, vendredi dernier, par le secrétariat national.

Reconduit dans l’instance présidentielle lors des travaux du congrès extraordinaire du 20 Avril dernier, le duo Laskri et Cherifi, en compagnie des trois nouveaux débarqués dans le présidium du parti, Tayati Hayet, Brahim Meziani et Nabil Chouikh, ont tranché par la reconduction de Mohamed Hadj Djilani à son poste de 1er secrétaire national, le 1er mai dernier. Ce dernier, lors du dernier conseil national extraordinaire du parti, qui s’est tenu en début de semaine dernière, a présenté son plan d’action. Le document soumis à l’appréciation des cadres a été également au centre des débats lors de la réunion du secrétariat national tenue vendredi dernier au siège du parti, pour donc son adoption. Le plan en question (dont la Dépêche de Kabylie s’est procuré une copie) repose sur plusieurs axes, politiques pour certains et organiques pour d’autres. Sur le plan politique, le FFS semble toujours tenir à son projet de «consensus national», bien que l’expérience ait essuyé un échec désormais consommé. Mieux encore, le parti lui-même a eu à vérifier, à ses dépens, que le consensus, y compris au sein de ses rangs, relève de l’utopique. En témoignent les échanges peu «fraternels» que s’échangent encore certains cadres du parti sur la toile. Mais cela ne semble pas dissuader la nouvelle direction du parti qui, visiblement, par stratégie ou par défaut, décide d’en faire encore (du consensus) son cheval de bataille, sous une nouvelle formule toutefois. En effet, si précédemment la démarche du FFS pour faire valoir son «consensus national» était de présenter le projet aux acteurs politiques, dans le nouveau plan d’action, c’est désormais la base et les acteurs sociaux que le vieux front de l’opposition tentera de convaincre. Un peu comme cette rhétorique de Ben M’Hidi qui plaidait pour jeter la révolution dans la rue, le FFS a-t-il donc décidé de jeter son projet du consensus dans la société ? Pour mettre en pratique son projet, le premier secrétaire plaide pour la reprise de l’animation politique. Il a ainsi mis en exergue la nécessité de mener le débat avec les acteurs politiques et sociaux du pays autour de ce projet du consensus national qui, selon le FFS, «reste la seule issue à la crise multidimensionnelle que vit notre pays». «Nous tâcherons de rassembler et d’impliquer toutes les énergies pour véhiculer le discours du parti et animer la scène politique», lit-t-on sur le document. Le FFS prévoit par ailleurs, dans la même optique, d’améliorer son ancrage populaire et peser davantage sur la scène politique à travers la relance des collectifs, notamment, d’avocats militants et proches du FFS, de femmes, de jeunes et surtout l’identification de tous ses militants membres d’associations et/ou de syndicats. Toujours sur le plan politique, l’ont apprend que l’approche de «l’analyse et la prospective politique» sera adoptée comme nouvelle stratégie. Le FFS compte en effet s’ouvrir et recourir aux experts, aux acteurs sociaux et politiques autonomes, aux sessions politiques du conseil national. Au volet organique du plan d’action de Mohamed Hadj Djilani, l’on parle encore de «restitution du parti aux mains des militants», comme pour narguer à nouveau et confirmer les distances prises par la nouvelle direction vis-à-vis de certains cadres, notamment les pro-Balloul, aujourd’hui mis à l’écart. Toutefois, Ali Lskri, Hadj Djillani et la nouvelle direction ne semblent pas fermer les portes d’un «large rassemblement des militants, des élus et des cadres, sans exclusion». A entendre par là une main tendue aux cadres, élus et parlementaires jusque-là acquis à l’autre clan. Toujours au plan organique, le projet évoque la mise en place prochaine de «délégations régionales». Pour concrétiser ces aspirations, le plan prévoit une démarche consistant en : «l’évaluation objective et globale de la situation organique ; A cerner les difficultés et les entraves ; Présenter les solutions et les propositions pratiques pour dépasser les difficultés; Procéder au renforcement des structures et consolider la relation de confiance et de travail entre les différentes instances du parti, en solutionnant les problèmes, en libérant les initiatives et en impliquant les militants». Notons que, dans le cadre de ce plan, l’école de formation politique «Ali Mecili» a été également relancée. Un beau plan de relance en somme, en théorie. Sauf que le premier secrétaire et son équipe auront sans doute la «lourde tâche» de «faire le consensus» au sein du parti lui-même pour parvenir à «recoller» les morceaux. Pour les observateurs avisés, y compris au sein des militants avertis du parti, «les bonnes ou les mauvaises intentions des uns et des autres vont certainement se révéler lors de l’opération renouvellement des Fédérations et des Sections, mais surtout lors de l’installation des CAF (commission administrative fédérale). Car l’enjeu politique à venir pour le parti, et bien avant la présidentielle qui se profile à l’horizon, c’est bien le congrès national ordinaire prévu également en 2019, un rendez-vous où justement ces structures locales seront appelées à trancher sur l’avenir du parti.

Kamela Haddoum

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