Ce n’est pas comme à Boudjima où des jeunes ont supplanté la commission culturelle communale somnolente.
Les villages de Makouda, eux, vivent un Ramadhan marqué plutôt par les discussions sur les prix. L’animation n’est pas encore au rendez-vous du côté d’Attouche, Makouda, Stita et Tala Bouzrou. Ces principales agglomérations de cette commune n’abritent pas de soirées artistiques et autres culturelles. Alors, les villageois se rabattent sur les méthodes anciennes pour passer le temps jusqu’à tard dans la nuit. A Tala Bouzrou, la place du village où se trouvent aussi la maison de jeunes et le stade, la rupture du jeûne est vite suivie d’une animation autour du seul café du coin. En fait, à l’occasion de ces soirées, faute d’animation qui est logiquement une tâche de la commission culturelle de l’APC, les jeunes s’inventent des activités spontanément. Les soirées sportives à la maison de jeunes, mais les plus prisées sont les parties de dominos dans les terrasses des cafés. Pour ceux qui n’aiment pas ce jeu, les discussions en groupes sont les plus indiquées et sont surtout les plus nombreuses. A Makouda, chef-lieu, l’animation paraît plus grande mais sans dépasser le cadre rencontré à Tala Bouzrou. On annonce quelques activités dans les prochains jours, comme d es galas artistiques mais sans convaincre les jeunes habitués à se trouver des jeux et animations de groupes. A Stita et Attouche, c’est le même climat morose. Quelques animations et puis rien. En fait, cette situation n’est pas spéciale à la commune de Makouda. Les autorités en charge du volet culturel dans la wilaya de Tizi-Ouzou ne pensent pas encore à animer les villages. Les quelques animations sont concentrées dans les chefs-lieux. Ces dernières années, malgré la volonté de la Direction de la culture de décentraliser l’animation pendant le mois de Ramadhan, il reste que sur place, au niveau des communes, les commissions culturelles ne répondent pas toujours présentes. Pourtant, durant les années 90, avec l’émergence du mouvement associatif, les soirées ramadhanesques étaient très animées dans les villages. Mais en ce temps, le travail était accompli par des jeunes animateurs des associations. Avec peu de moyens, ces derniers avaient fait régner la joie durant ces soirées, dans les villages les plus lointains. Ces années ne sont plus qu’un souvenir. Ces anciens animateurs sont aujourd’hui chacun dans son coin et la plupart ont émigré.
… À Ouaguenoun, les manèges ont disparu
A Ouaguenoun, les populations s’interrogent sur les causes de la «disparition» des manèges, qui ont égayé les soirées ramadanesques des années précédentes. Cette année, les familles n’ont plus où aller après la rupture du jeûne. Selon des jeunes de ce grand centre urbain, chef-lieu de la daïra d’Ouaguenoun, c’est la morosité la plus totale qui règne. Et pourtant, l’année passée, les familles ont passé un Ramadhan très animé. Après la rupture du jeûne, les habitants, qui par son propre véhicule qui par le transport de voyageurs, se ruaient vers le manège. Sur les lieux, les chérubins étaient dans l’extase. Divers jeux sont proposés à des prix abordables, ce qui attirait justement les familles. Sur place, ces dernières pouvaient aussi s’attabler pour prendre des boissons et des gâteaux «spécial-Ramadhan», comme la zalabia et le kalb-elouz. L’ambiance durait jusqu’à des heures tardives de la nuit. La sécurité était très bien assurée, ce qui faisait de ce lieu de loisirs l’espace idéal pour les familles et leurs enfants. Hélas, cette année, les soirées Ramadhan sont mornes. Les populations locales sont unanimes : ces manèges, qui avaient donné du bonheur aux enfants, avaient également égayé les familles. Cela dit, toutes les personnes interrogées ne semblaient pas découragées pour autant. Elles espèrent que leur réinstallation interviendra dans les prochains jours. A noter, par ailleurs, que l’absence de cet espace de loisirs n’a pas impacté seulement les familles. Avant-hier, beaucoup de transporteurs exprimaient leur dépit, car ils s’estiment aussi pénalisés. «Lorsque les manèges étaient ouverts, on travaillait la nuit jusqu’à 3 heures du matin. En plus du travail de la journée, le soir, on doublait notre chiffre d’affaires. Personnellement, je faisais plus d’une dizaine de navettes chaque nuit», déclare un transporteur qui regrette ces mois animés. Sans cette animation, les transporteurs rentrent chez eux à partir de 18 heures. A Ouaguenoun toujours, plusieurs autres localités vivent des soirées ramadanesques tout aussi moroses, au regret des habitants. A Djebla, Ihdikaouen, Amalou et Taouinine, l’ambiance est «nulle». Les jeunes n’ont que les cafés comme recours après la rupture du jeûne.
Akli. N

