«On a reçu beaucoup de plaintes contre la clinique Sbihi»

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Dans cet entretien, le vice-président de la commission hygiène santé et environnement de l’APW dresse un tableau peu reluisant de la clinique Sbihi Tassadit de Tzi-Ouzou. Il avise que l’APW envisagerait de déclencher une enquête pour situer les dysfonctionnements répétés enregistrés.

La Dépêche de Kabylie : On croit savoir que plusieurs plaintes vous sont parvenues de parents de parturientes hospitalisées à la clinique Sbihi Tassadit. Vous le confirmez ?

Hachemi Radjef : En effet, en quelques jours seulement, nous avons reçu plusieurs parents de parturientes qui nous ont exprimé leurs inquiétudes et se sont plaints de la « médiocrité» de la prise en charge des patientes au niveau de cet établissement de santé publique.

Des cas précis ?

Il y en a eu plusieurs, mais je vais en citer deux en particulier que j’ai eu à suivre personnellement. Une parturiente a été hospitalisée et pendant 15 jours elle n’a pas été prise en charge pour une toxémie gravidique, alors qu’elle était à 40 semaines de gestation. Elle était complètement délaissée d’après ses parents. Il a fallu mon intervention personnelle auprès de la DSP pour qu’elle soit prise en charge. Deux jours après ce cas, le mari d’une autre parturiente s’est présenté à l’APW. Sa femme était à 40 semaines de gestation, donc une grossesse à terme, et en se présentant à la clinique, on leur avait jeté à la figure une formule très spéciale, qu’ils utilisent apparemment à Sbihi : «garde fermée». Le gynécologue était de garde, il était programmé, mais il avait tout bonnement fermé la garde. On ignore les raisons, peut-être était-il saturé, mais quand il y a urgence, il se devait d’agir. La parturiente a reçu un traitement pour le déclenchement de la grossesse, elle s’est retrouvé finalement dans une clinique privée où elle a accouché en urgence. C’est aberrant !

Avez-vous pris des mesures en tant que commission ?

En tant que commission et en ma qualité de vice-président, nous allons effectuer dans un premier temps une sortie sur les lieux, motivée par des écrits et des documents en notre possession. Des mesures seront prises suivant le rapport qu’on aura établi, en collaboration avec la DSP. Et si les services de celle-ci ne coopèrent pas, nous ferons appel à monsieur le wali. En tous les cas, en tant qu’élus du peuple, nous avons l’obligation de protéger nos concitoyens, notamment ces futures mamans qui ont besoin de prise en charge sérieuse pour elles et pour leurs bébés. Notre mission est de les accompagner jusqu’au bout. Il faut savoir aussi que j’ai essayé, plusieurs fois, de joindre les responsables de cette clinique par téléphone, sans résultat. Une fois, il était à peine 16h, on m’a juste rétorqué que le directeur de garde était absent. J’ai encore la trace de ces appels. Le lendemain, j’ai contacté la directrice pour lui parler de la situation qui prévaut dans son établissement, elle m’a répondu froidement : «Vous êtes une commission, vous êtes bien placés pour faire une enquête, alors faites-en une. Pour moi, ce que vous racontez ce sont des bobards». Une réponse désolante de la part d’une responsable à un élu du peuple qui la sollicité pour un intérêt général.

Et que comptez-vous faire ?

Il faut savoir que comme je le disais précédemment une sortie d’inspection sur les lieux est déjà prévue (ndlr : pour hier mardi) et on verra de plus près ce qui se passe au sein de cette clinique. Le problème à Sbihi est un problème de fond sur lequel nous devons nous pencher très sérieusement.

Propos recueillis par Kamela Haddoum.

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