Les yeux de la planète foot seront braqués ce soir sur la finale de la Ligue des champions d’Europe qui opposera à Kiev (Ukraine) deux clubs mythiques du Vieux continent: le Real Madrid et le FC Liverpool.
Et comme un peu partout à travers le monde, les amoureux de la balle ronde en Algérie seront à coup sûr partagés entre les deux clubs en compétition : d’un côté les fans des Merengues du Real Madrid et de l’autre ceux des Diables rouges de Liverpool. Bien entendu, les supporters du Real seront certainement plus nombreux que ceux de Liverpool, notamment du côté de la Kabylie, ou l’écrasante majorité des amoureux de la balle ronde vont se ranger, le temps de cette finale derrière les Espagnols et pour cause ! Celui qui a propulsé le Real Madrid pour sa troisième finale de suite dans la grande compétition européenne avec à la clé deux victoires, n’est autre que Zinedine Zidane, l’enfant prodige de la Kabylie. En effet celui que l’on prénomme affectueusement Zizou n’a jamais perdu de l’estime des enfants du pays de ses parents, lui a toujours mis en avant ses origines algériennes et surtout sa culture kabyle, malgré l’aura qu’il s’est forgé dans son pays d’accueil la France et partout dans le monde. C’est pour dire que la finale de ce soir qui sera donnée à quelques minutes de la rupture du jeûne va constituer l’événement majeur aux quatre coins de la Kabylie et nombreux seront ceux qui vont certainement sacrifier leurs habitudes des soirées ramadanesques pour braquer les yeux sur le petit écran et suivre les prouesses des vingt-deux acteurs dans un match où l’enjeu n’est plus à présenter. Pour le Real Madrid, une victoire face aux Reds ferait oublier une saison pour le moins compliquée, et sans aucun titre pour le moment. A la peine en championnat, les Merengue sont sortis très tôt en Coupe du Roi, et la Ligue des Champions représente leur dernier et non moins grand challenge. Si les Madrilènes ont l’occasion de redorer leur blason en gagnant pour la troisième fois d’affilée la coupe aux grandes oreilles, Zinedine Zidane pourrait lui être le premier entraîneur à réaliser cette performance, pour sa troisième année de coaching. Côté Liverpool, Jürgen Klopp entend cette fois transformer l’essai. Vaincu en finale de Ligue des Champions avec le Borussia Dortmund, il s’est également incliné en finale de la Ligue Europa avec les Reds, qui reviennent donc à la charge cette année, mais en C1. La saison monumentale de Mohamed Salah aidant, les hommes de la Mersey se sont assurés de joueur encore cette Champions l’an prochain en accrochant une quatrième place au classement de Premier League. Treize ans après leur dernier sacre européen face à Milan, ils ont l’occasion de parachever un parcours incroyable.
Le Real pour la 13e couronne
Le Real Madrid, double tenant du titre avec Zinedine Zidane aux commandes, n’a plus perdu en finale de Ligue des champions depuis six matches et 37 ans: voilà qui suffit à poser le défi qui attend le Liverpool de Mohamed Salah, ce soir à Kiev. La dernière fois que le Real Madrid a perdu en finale de son épreuve fétiche, Jürgen Klopp était adolescent, Zinédine Zidane n’avait pas 9 ans, la Ligue des champions s’appelait Coupe des Clubs champions et Kiev était en Union soviétique. Depuis 1981, et la victoire de… Liverpool au Parc des Princes, les Madrilènes restent sur six victoires pour autant de finales. Ils n’ont perdu que trois fois en quinze finales de l’épreuve reine de clubs, et sont de très loin recordmen du nombre de victoires (12 soit autant que ses deux premiers poursuivants, le Milan AC et Barcelone). Le Real Madrid de Cristiano Ronaldo et Zinedine Zidane est en effet en lice pour un rarissime troisième titre de suite, performance qui n’a plus été réussie en Europe depuis 1976 et le Bayern Munich. Surtout, il s’agirait du cinquième sacre continental pour ‘CR7’, et du troisième en trois saisons comme entraîneur pour ‘Zizou’. Ce qui serait une première pour un coach. « S’il y avait un marché de l’expérience, ils devraient vendre maintenant et seraient encore plus riches qu’ils ne le sont déjà », a salué Klopp lundi. Mais le charismatique allemand, apôtre du football « hard metal » fait de pressing à la gorge et de contres foudroyants, a posé les termes du débat: au Real le vécu, à Liverpool la passion. « C’est un avantage d’être plus expérimenté, mais on peut rivaliser avec le désir, la disponibilité, l’attitude, le travail », a-t-il clamé lundi. Après tout, Liverpool aussi dispose d’une petite expérience: 5 Ligues des champions au compteur, dont la dernière en 2005, acquise au terme d’une finale folle et après avoir remonté trois buts en une mi-temps contre le grand Milan AC (3-3, 3 t.a.b. à 2). Sa défense est parfois laborieuse? Celle du Real est aussi très poreuse. Le Real peut s’appuyer sur Ronaldo, qui pèse déjà 15 buts dans cette édition de Ligue des champions ? Liverpool dispose d’un trio offensif de feu, emmené par l’Egyptien Mohamed Salah transformé au fil d’une magnifique saison en candidat potentiel au Ballon d’Or. Dans son ombre, le Brésilien Roberto Firmino et le Sénégalais Sadio Mané réalisent eux aussi la plus belle saison de leur carrière respective. L’entraîneur du Real, Zinédine Zidane, est adulé en Espagne malgré la saison ratée en Liga? Klopp est déjà une idole à Liverpool, où sa science des bons mots, son aura et ses résultats font l’unanimité.
Liverpool veut refaire le coup de 2005
Les Reds auront peut-être même un avantage: la présence souvent massive de fans de l’équipe lors des finales. Samedi, plus de 16.000 fans des Reds sont attendus au stade olympique de Kiev, même si l’avant-match a été parasité par les plaintes quant aux prix des hébergements dans la capitale ukrainienne. « Pour ceux qui vont à Kiev, j’espère que ça vaut chaque penny et tous les efforts que ça vous a coûté », a écrit sur Twitter le responsable des relations avec les supporters à Liverpool, Tony Barrett. « Pour ceux qui ne peuvent pas — et c’est le cas de beaucoup trop d’entre vous — je suis désolé de ne pas pouvoir vous aider ». Klopp et son équipe espèrent sans doute offrir à ces supporters restés sur le carreau le réconfort d’une victoire finale. Il faudra pour cela surmonter l’attente énorme et la pression autour de l’un des matches de l’année, à moins d’un mois du coup d’envoi de la Coupe du Monde à laquelle de nombreux joueurs sur la pelouse samedi entendent bien participer. « Le battage autour de ce match est incroyable mais c’est extrêmement frustrant », a averti mardi auprès de l’AFP Terry McDermott, vainqueur du Real avec les Reds en 1981. « Les joueurs vont le découvrir, c’est la semaine la plus longue de votre vie! » A l’époque, cela n’avait pas empêché Liverpool de battre les Madrilènes. Mais ces derniers « n’étaient pas ce qu’ils sont devenus aujourd’hui », avertit quand même l’ancien avant-centre anglais. « On avait déjà joué quelques finales et on avait confiance, c’est eux qui étaient inexpérimentés ». Depuis, le Real a bien rattrapé son retard en la matière et il faudra que Liverpool fasse le meilleur match de sa saison pour espérer enrayer la machine Merengue.
A. C. et Agences