Ramadhan, le mois de tous les excès !

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La période du mois sacré n’est souvent pas propice qu’à la piété et la solidarité, car dans un autre registre, c’est, par excellence, le mois de tous les délits, notamment pour les pratiques commerciales.

Les marchés et autres aires commerciales sont loin de se plier aux conditions d’hygiène et de respect des normes de sécurité. C’est le même scénario qui se répète à chaque Ramadhan. En plus de la flambée injustifiée des prix de certains produits à la consommation, les rues des villes de la wilaya de Béjaïa sont envahies par des étalages de denrées alimentaires de toutes sortes. Produits frais, produits transformés, plats cuisinés… Une très grande variété d’aliments est proposée à la vente. Certains consommateurs n’hésitent pas à se fournir chez ces marchands saisonniers, qui, souvent, font fi des règles les plus élémentaires d’hygiène et de sécurité alimentaire. Motivés par la consommation effrénée des jeûneurs, et échappant à tout contrôle, ils ne ménagent aucun effort pour booster leurs offres. L’insouciance des responsables du commerce et l’avidité de la plupart des commerçants, hypothèquent sérieusement la santé des consommateurs. Chassez le naturel, il revient au galop, selon un proverbe français. Ce sont carrément des comptoirs qui sont installés en dehors de l’enceinte des échoppes où toutes sortes de produits sont étalés prêts à être servis aux clients sans tenir compte de l’effet du soleil ni de la poussière. Comme à l’accoutumée, les mêmes irrégularités qui caractérisent le marché des denrées alimentaires et des fruits et légumes durant le mois de Ramadhan ont réapparu cette année. Première anomalie, qui semble avoir la peau dure, est incontestablement le changement d’activité de certains commerçants pendant le mois sacré. Des dizaines, voire des centaines, de restaurants et autres gargotiers ouvrent pendant le mois du jeûne non pas dans le but d’offrir des plats aux jeûneurs, mais plutôt pour exercer une autre spécialité autre que la restauration, telle que la vente de gâteaux traditionnels, de la pâtisserie, du jus et limonades… Si certains parmi eux ont obtenu l’autorisation des responsables concernés, d’autres, en revanche, décident de ne pas se conformer à la réglementation. L’étalage des denrées à l’air libre ne semble guère inquiéter et les commerçants et les consommateurs qui semblent peu soucieux du réel danger qui les guette en consommant des produits exposés à longueur de journée à la poussière et aux mouches et moustiques. Zlabia, kelb-ellouz, pain-brioché, poulet, viande&hellip,; autant de produits entreposés ou accrochés à des esses, loin d’être salubres au vu de la chaleur et de la poussière qui régnent.

Des étals de produits d’alimentation exposés à la poussière sur les trottoirs

Voilà ce qui caractérise chaque Ramadhan concernant les denrées alimentaires. Certains épiciers ou bouchers sont vraiment indécrottables, les services compétents se tuent à les prévenir qu’il n’est pas autorisé d’exposer ces produits susceptibles de s’avarier en très peu de temps, ils n’ont d’oreilles que pour leurs propensions vénales, ignorant les règles d’hygiène et de préservation de leur produit, dont les conséquences d’une avarie peuvent être préjudiciables pour la santé des consommateurs. Les responsables du commerce se doivent de réagir fermement et mettre un tant soit peu d’ordre dans ces espaces en matière de salubrité publique et de lutte contre le mépris du consommateur. La discipline doit être de rigueur en matière de pratique commerciale. L’anarchie, la fraude et la non-conformité des produits proposés au consommateur sont des pratiques à combattre impitoyablement et qu’il est un devoir d’éliminer. Les nombreuses pseudo promesses et la panoplie de fanfaronnades qu’on a coutume de nous étaler avant le début de chaque Ramadhan, sur le contrôle des produits non-conformes à la vente et autres actions censées protéger le consommateur, sont les mêmes belles paroles vaines dont on nous a habitués et qui n’ont jamais été que de simples vœux pieux.

Que font les services de contrôle ?

Que font les acteurs impliqués dans la surveillance méthodique des produits comestibles commercialisés sur le territoire ? Que font les services d’hygiène communaux ? En somme, le mois de carême ouvre des brèches pour toutes les personnes sans scrupules qui s’improvisent revendeurs de toutes sortes de produits alimentaires à tous les coins de rue, au mépris du cadre légal. On semble s’engouffrer dans une relative tolérance ambiante pour permettre de vendre tout et n’importe quoi, des sucreries aux gâteaux, exposés à même la chaussée. Les dindons de la farce, sont les clients affamés, esclaves de leur tube digestif, peu ou pas du tout soucieux des conditions de vente. Ces consommateurs sont loin de constituer des «victimes», ou alors ce serait des victimes bien consentantes, voire complices dans leur propre arnaque, puisque personne n’ignore que ces marchandises peuvent s’avérer très dangereuses pour la santé. Cette situation n’est pas l’apanage d’une seule localité ou région, aux quatre coins de la wilaya de Bgayet, le respect des règles d’hygiène semble être jeté aux calendes grecques. De Tazmalt à Kherrata, de Béni Maouche à Adekar, le verdict est sans appel. Les infractions ne se limitent pas à l’absence des normes d’hygiène, car parmi les principales entorses enregistrées, figurent aussi, absence de facturation, non-affichage des prix, dépassement des prix fixés par l’État, absence de registre du commerce, pratique d’une activité autre que celle déclarée sur le registre du commerce… «Face à toute cette fraude, au su et au vu de tout le monde, les pouvoirs publics se doivent d’approfondir leur réflexion pour trouver des solutions efficientes. Une stratégie persuasive se doit d’être mise en place à dessein de convaincre ces commerçants malveillants d’abandonner leurs actes illicites et travailler dans la légalité et la transparence, il y va non seulement de la santé du citoyen, mais aussi de l’autorité de l’État que les individus des plus condamnables foulent aux pieds», prône un cadre à l’administration.

Bachir Djaider

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