Le dodo, mon crédo

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Par S. Ait Hamouda

C’est nouveau, le cercle des fainéants invétérés vient d’être créé par les «Zaïms» de la tire-aux-flancs, du travail débonnaire et dilettante qui se servent du sommeil en ce mois comme d’un peuplier ombragé dans une forêt où il fait bon piquer un somme. Ils vont et viennent sans effort, sans forcer le talent, sans précipitation pour arriver au bon moment. Leur crédo : «Nul n’est fait pour le labeur éreintant, nul n’a le droit de s’esquinter à s’user les omoplates, les rouages du corps et les amortisseurs». C’est leur mot d’ordre et tout le monde l’entend, sans tergiverser, sans filouterie, avec ça, on ne peut trahir le dodo. Certes il y a des moments où l’on ne sait plus où l’on va, tellement l’on se fatigue à ne rien faire. Et d’autres où l’on est fourbu par le sommeil au point de le confondre d’une part avec la somnolence et d’autre part au cirage dont on a du mal à s’en sortir. Finalement, la chose la plus utile, la plus vitale, la plus nécessaire n’est rien d’autre que dormir. Dormir en marchant, dormir debout, dormir allongé, mais dormir quand même dans toutes les positions. N’est-ce pas qu’ils vous veulent du mal ceux qui vous conseillent d’aller travailler, de quitter votre dodo pour quelque chose qui peut attendre, de vous réveiller soudainement sans raisons qui vous l’imposeraient. Dormez, dormez et n’écoutez plus rien, même pas la musique, elle dérange votre repos. Soyez sans ménagement envers celui ou celle qui vous empêche de roupiller tout votre saoul. Faite du sommeil votre havre de vie, votre jouvence, votre alphabet lorsque toutes les lettres deviennent sourdes et muettes. Ronflez à votre aise jusqu’à l’heure de la rupture du jeûne. Et levez-vous délicatement, sans brusquer votre sommeil, pour que l’appétit s’ouvre et se montre disposé à engloutir tout ce qu’il y a sur la table. Et puis, lorsque vous aurez tout avalé, pris une bonne cigarette, un bon café, retournez vous coucher jusqu’au lendemain. C’est ça le Ramadhan pour certains Algériens, c’est dodo, puis dodo indéfiniment.

S. A. H.

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