Pour une fois que les Arabes se soient entendus sur quelque chose, je n’ai pas pu résister à la tentation dévorante de graver ça dans le marbre de l’Histoire. Ça vaut le coup d’une pause admirative face à cet auguste «injaz» collectif en ces temps d’éclatements galactiques dans cette sphère géopolitique. C’est un événement qui fera date. Un haut fait «d’armes» dont le monde entier se souviendra et pour longtemps. C’est une glorieuse épopée. Une séquence épique à verser dans le roman idyllique de la «Ouma al arabia» qui collectionne, jusque-là les mille et une nuits… d’horreur. Des milliards de Terriens ont été témoins de l’exploit magique des Arabes au pays des ours blancs. Eh oui, ils n’ont pas vendu cher leurs peaux, nos chers Arabes ! Ils ne voulaient absolument pas rater le rendez-vous de l’Histoire pour signifier au monde qu’ils sont unis contre le meilleur et pour le pire… C’est du quatre sur quatre. La totale quoi ! Pas facile de faire mieux (pire plutôt). Sans se donner le mot, le message est pourtant reçu cinq sur cinq ! Comme les doigts de la main, les sélections arabes (Arabie saoudite, Egypte) ou assimilées (Maroc et Tunisie) vont quitter la Russie de Poutine presque le même jour. Après y avoir fait cause commune. Et créé le front du refus… de la qualification. Les acteurs et les actants de cette «honorable» représentation vont se croiser à l’aéroport pour une photo de famille enfin réunie. Et comment ! L’exploit est assez rare pour ne pas l’immortaliser tel qu’il est. Ils savent qu’aussitôt rentrées chez elles, les divisions arabes reprendront de plus belle, balle au pied ou balle au canon. Faut donc profiter au maximum de cet éphémère moment de communion et de fraternité- même dans la douleur- que leur a offert l’échec intégral en Coupe du Monde de football. Les Arabes savent que leur Ligue a définitivement lâché et que cet ensemble hétéroclite, qui sert de joujou diplomatique, ne tient plus. A bien y réfléchir, la chute, à la queue leu leu et au premier tour, des sélections arabes paraît bien logique. Le football, qui est devenu presque une science exacte, ne s’encombre pas de prières, d’invocations et encore moins du bricolage. Pourquoi, diantre, ce sont souvent les pays les plus développés qui réalisent les meilleurs résultats dans le foot et dans le sport en général ? La question coule de source… du Nil, du Tigre ou de l’Euphrate. Il y a certes quelques exceptions, mais c’est juste pour confirmer la règle. Il faut croire que la performance est inversement proportionnelle au niveau d’arriération démocratique des nations. Les pays arabes, et plus généralement l’espace arabo-musulman, ne sont pas, en l’occurrence, des modèles de ce point de vue là. Il est difficile de produire du sens, du positif et du succès dans un milieu hostile à la créativité, à l’imagination et à la liberté. Il n’est pas aisé, en effet, de canaliser son esprit quand l’environnement sonore qui vous entoure est à ce point agressif. Ce ne sont donc point les joueurs sélectionnés qui doivent être blâmés. A leur corps défendant, ils sont les sous-produits d’un (ou des) système(s) qui les enferment dans des camisoles, de force ou de gré. Il serait mal à propos de qualifier cela de «culture» dès lors qu’il est question d’échec recommencé et que la culture, par définition, ne s’accouple pas avec l’échec au risque d’une malformation congénitale. La situation n’est pas pour autant désespérée. Il suffira aux Arabes et apparentés d’avoir le courage de remettre la balle au centre de leurs intérêts, pour comprendre les enjeux d’un match et mettre la stratégie de jeu idoine pour le gagner. Prions pour qu’ils s’entendent sur ça d’ici le Mondial du Qatar et qu’ils ne subissent pas un Sykes-Picot revu et corrigé. Amen.
H. M.
