Voyage jusqu’à l’insurrection de 1871…

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à l’occasion de la célébration du 56e anniversaire de l’indépendance, l’association du village Les Tellache, sur les hauteurs de la ville de Draâ El-Mizan, a pris une initiative louable. Ce fut l’occasion d’inaugurer la stèle réalisée par les villageois pour rendre hommage aux insurgés de l’insurrection de 1871 et à tous les martyrs de la guerre de libération nationale. Ce monument ô combien symbolique car, faudra-t-il le souligner, rares sont les hommages qui sont rendus à ces premiers rebelles contre le colonisateur, a été érigé à quelques pas du foyer de jeunes «Chahid Achour Tellache». La cérémonie a commencé par le dépôt d’une gerbe de fleurs au pied de cette stèle avant de dévoiler les noms gravés sur la plaque, suivi d’une minute de silence et de l’entonnement de l’hymne national dans une atmosphère pleine d’émotion. Puis, le président de l’association «Les Tellache», M. Rabah Tellache, également temps vice-président de l’association des «Oubliés de l’Histoire», prendra la parole pour revenir longuement sur cette épopée dont firent partie le Caïd Ali Ben Tellache, son adjoint Ahmed Ben Tellache et leur frère cadet Amar. L’orateur reviendra longuement sur l’engagement de ces insurgés aux côtés de Cheikh Aheddad et El Mokrani. «Ces trois frères ont été arrêtés après la bataille de Sidi Rahmoune où furent tués plus de 200 combattants (insurgés). Puis, la répression s’abattit sur tout le village, dont les habitants ont été dépossédés de leurs terres, alors que les trois insurgés furent traduits devant la cour de justice de Constantine le 20 mai 1873 et condamnés à la déportation en Nouvelle –Calédonie», dira-t-il, avant de revenir sur ces trois héros : «Caïd Ali Ben Tellache, né en 1836 à Draâ El-Mizan, fut condamné à la déportation le 20 mai 1873 et décéda le 22 janvier 1875 à Ducos ; Ahmed Ben Tellache, adjoint du Caïd, fut condamné à la déportation et mourut le 15 juin 1874 à Oran; et Amar Ben Tellache, le jeune frère des deux autres cités, ont marqué une page glorieuse d’histoire de leur temps», précise-t-il. Sur ce, il a évoqué l’engagement des autres Tellache dans la lutte armée, tout comme leurs aînés. Neuf martyrs de cette même famille figurent sur la plaque commémorative. De son côté, le maire de Draâ El-Mizan reconnaîtra que cette famille a payé un lourd tribut aussi bien durant cette insurrection que durant la guerre de libération nationale. Il félicitera tous ceux qui ont contribué à cette initiative afin de perpétuer la mémoire collective. M. Ali Yabadène, président de l’ONM locale, et M. Saïd Nehad, président de la section de la Fédération nationale des enfants de chahids, loueront eux aussi cette initiative, tout en revenant sur le combat des martyrs de la révolution ainsi que, bien sûr, les insurgés, qui, de leur temps, n’avaient pas abdiqué devant le colonisateur. M. Ahcène Mansouri, en sa qualité de député, reviendra longuement sur l’engagement de cette famille ainsi que celui de tous les autres martyrs de la région, pour arracher l’indépendance du pays et aspirer à une Algérie plurielle avec toutes ses constantes (amazighité, arabité et islamité) dans les fondements de la plate-forme de la Soummam et de la Déclaration du Premier novembre 1954, à savoir une Algérie démocratique et sociale. «Certes, des acquis sont là mais nous devons tous militer pour une deuxième république où chaque algérien trouvera sa place dans notre cher pays sur les plans social, démocratique, identitaire et culturel. Par ailleurs, j’appellerai tous les citoyens à œuvrer dans les associations, les comités, les institutions pour un consensus national», soulignera-t-il dans son intervention. M. Salah Ouzrourou, un ancien officier de l’ALN et rescapé de l’Opération jumelles, s’attellera à raconter des faits d’armes dont celui auquel il prit part à Draâ El-Mizan, à la fin des années 60. «Il est temps de passer le flambeau à la jeune génération. Je suis vraiment très content quand je vois des postes de responsabilité et des mandats électifs pris par des jeunes», se félicite-t-il. En dernier lieu, c’est El Hadj Ahcène Belarbi, le président de l’association des Oubliés de l’histoire, qui s’étalera justement sur l’épopée de ces héros qui donnèrent du fil à retordre à des militaires, pourtant beaucoup mieux équipés qu’eux, lors de l’insurrection de 1871. De fil en aiguille, il reviendra sur cette insurrection en donnant des éléments précis et concis sur le soulèvement populaire guidé par les cheikhs des zaouïas. Il reviendra sur l’engament indéfectible du centre de Draâ El-Mizan allant des Ath Ouacifs jusqu’aux Issers (Boumerdès). M. El Hadj Belarbi retracera cette insurrection jusqu’à la condamnation de centaines d’insurgés, dont la plupart étaient justement du centre de Draâ El-Mizan, parmi eux les frères Tellache. Le président de l’association, qui s’est déjà rendu en Nouvelle-Calédonie, donnera plus d’informations à l’assistance au sujet des descendants et de ses recherches dans ces îles lointaines, sur les bagnes… En tout cas, ce fut une rétrospective de l’épopée des insurgés de 1871. M. Belarbi racontera, donc, avec force détails cette page d’histoire. Pour lui, «il est temps que les autorités du pays se penchent sur l’histoire de ces oubliés depuis les premières insurrections en passant par les événements du 8 mais 1945».

Amar Ouramdane

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