Le secteur du transport public des voyageurs au niveau de la commune d'Ahnif accuse beaucoup d’insuffisances et demeure l’un des secteurs les moins bien lotis en matière de développement.
Cet état de fait est dû au peu d’intérêt qu’accordent les pouvoirs publics à ce secteur et surtout l’absence d’un plan de développement portant une vision globale et d’avenir pour le développement de la commune. Cela n’est pas sans conséquences sur la vie de la population locale, notamment celle habitant les villages de montagne et les localités éloignés. Ces populations en pâtissent de la situation peu reluisante du secteur, car devant effectuer de long déplacement au quotidien. Evaluant la situation, la population estime que beaucoup de retards reste à rattraper et que les responsables concernés, à différents niveaux, sont appelés à se pencher sur ce segment économique assez important pour apporter des solutions idoines, corriger les carences constatées et surtout les améliorer. Selon certains habitants des localités du sud de la commune, à savoir Ighil Nath Ameur, Tiksrai, Ighzer Oumeziev, Tamezievth, Ighrem et Akssim, le transport de voyageurs devrait être amélioré, en augmentant le nombre de desserte de et vers ces localités. Selon eux, cette revendication ne peut être satisfaite que par l’ouverture de nouvelles lignes de transport par la direction de la wilaya des transports. Le cas d’Ighzer Oumeziev est édifiant. Dans les années 1990, il n’y avait que deux bus de transport publics appartenant à des particuliers, rapportent certains habitants de ce village. Le premier départ était, à cette époque, prévu à 6 heures, ce qui arrangeait les travailleurs de la région. Le bus partait du village pour rallier le chef-lieu de la wilaya en passant par le chef-lieu communal. L’autre bus partait deux heures après le départ du premier. Mais les transporteurs ont, depuis, cessé d’exercer, laissant la population livrée à elle-même.
Les véhicules de desserte insuffisants
Actuellement, deux ou trois fourgons assurent la desserte entre ce village et le chef-lieu communal. Il y a aussi quelques taxis dont les propriétaires exercent illégalement, auxquels les villageois font appel pour les déplacements vers le chef-lieu communal, moyennant des prix excessifs que peu de gens peuvent se permettre. Il faut signaler que le chef-lieu se trouve à 25 km du village d’Ighzer Oumeziav. Le chemin y menant est long, sinueux et de facto dangereux. Situation qui complique la tâche des transporteurs qui se plaignent souvent de l’état de la route. Ces transporteurs évoquent aussi le manque à gagner sur le plan financier et le peu de rentabilité de la ligne. Car, selon eux, pour rallier le chef-lieu communal, il faut transiter par plusieurs villages et les arrêts sont nombreux. Donc, le nombre de rotations à effectuer dans la journée est très réduit. Situation qui oblige les transporteurs à raccourcir leurs navettes pour assurer le transport jusqu’à Ighil Nath Ameur, en zappant les autres localités. Sur cette ligne, une dizaine de fourgons y exercent. Mais les usagers se disent ne pas être satisfaits des prestations de service qui leur sont proposées. Selon les dires des citoyens, outre la vétusté des moyens de transport dont l’âge moyen avoisine la vingtaine d’années, l’absence d’une carte d’horaires accentue leur désarroi. La méthode appliquée par les transporteurs consiste à quitter leur arrêt qu’une fois les sièges du fourgon entièrement occupés. Ce procédé est légion, et on y recourt à travers tous les villages ruraux de la Kabylie. Pour se déplacer, l’usager doit donc prendre son mal en patience et prier à ce qu’il y ait du monde au niveau des arrêts pour que les fourgons partent rapidement. Mais l’attente des usagers est souvent longue. En été, les voyageurs vivent un véritable calvaire car, obligés qu’ils sont à patienter dans des fourgons qui se transforment en véritables chaudières en l’absence de la climatisation. La même souffrance est vécue lors du trajet du retour et plus particulièrement durant les après-midi ou tard le soir. L’attente est plus que harassante. Il y a même le risque de ne point trouver de transport. Des personnes venues de loin rendre visite à leurs familles sont repartis bredouilles faute de moyens de transports. Un algérois originaire du village a raconté une anecdote qu’il a vécu lors d’une visite familiale pendant une fête de l’Aïd. «J’ai attendu toute l’après-midi sans succès. À 17 heures, le train de Béjaïa est arrivé à la gare d’Ahnif, je l’ai pris et rentré sur Alger», a-t-il raconté. De leur côté, les transporteurs signalent l’état vétuste des arrêts et l’absence d’abris-bus. Les transporteurs évoquent aussi l’état dégradé du CW11 reliant Ahnif aux différents villages du sud de la commune. Une route qui nécessite des travaux de réhabilitation et la pose d’un nouveau revêtement. La route connait une forte affluence et s’est transformée en une bretelle pour rejoindre ou quitter l’autoroute Est-Ouest. Ce qui a accentué sa dégradation. Les mêmes transporteurs souhaitent que cette route soit dotée de signalisation routière pour éviter les dangers de circulation, car les accidents sont fréquents sur ce tronçon. Pour leur part, les habitants demandent l’ouverture de nouvelles lignes de transport. Les jeunes chômeurs pourraient ainsi solliciter les aides de l’Etat dans le cadre des diapositifs de soutien tels que l’Ansej, Cnac et Angem et acquérir des fourgons, bus et autres taxis. La création de nouvelles lignes va sans doute faciliter les déplacements des populations.
F. K.